James Harrison, l'homme qui a sauvé plus de 2 millions de bébés grâce à son sang miraculeux<!-- --> | Atlantico.fr
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James Harrison et son sang miraculeux.
James Harrison et son sang miraculeux.
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Sang royal

Depuis 60 ans, cet Australien de 78 ans développe naturellement des anticorps indispensables pour lutter contre une grave maladie qui touche les nouveau-nés.

Il est surnommé "l'Homme au bras d'or." James Harrison a effectivement un bras miraculeux. Ou plutôt, c'est le sang qui coule dans ses veines qui relève du miracle. A lui tout seul, ce vieil homme de 78 ans a ainsi sauvé pas loin de 2,5 millions de personnes en Australie, son pays natal. Car ce qui fait sa particularité biologique, ce sont les anticorps puissants dont il est doté. Son plasma, ce liquide dans lequel les cellules sanguines sont en suspension, sert à soigner la maladie hémolytique du nouveau-né, une grave anémie qui entraine généralement la mort des bébés.

Son histoire commence en 1936 en Australie mais va prendre un véritable tournant à l'âge de 14 ans. Il doit alors subir une importante intervention médicale, une ablation d'un poumon, qui nécessite pas moins de 13 litres de sang pour le maintenir en vie. Il reste trois mois à l'hôpital et réalise que ce sont les dons de sang qui ont permis son rétablissement. "J'ai alors fait la promesse de donner mon sang, dès mes 18 ans" raconte-t-il au Daily Mail. Chose promise, chose due. Quatre ans plus tard, il offre son bras à l'aiguille.


James Harrison sur CNN

"En Australie, au moins jusqu'en 1967, il y avait littéralement des milliers de bébés morts-nés, chaque année", raconte à CNN Jemma Falkenmire, de la Croix Rouge australienne. "Les femmes faisaient beaucoup de fausses couches et les enfants naissaient avec des lésions au cerveau." L'ennemi, c'est cette fameuse maladie hémolytique du nouveau-né dont on ignorait absolument tout à l'époque mais qui prend sa source au niveau des globules rouges.

Les types de sang se différencient par plusieurs systèmes : le plus connu est le ABO (groupe, A, groupe, B, groupe O et groupe AB). Mais il existe aussi le système RH qui utilise une autre méthode pour différencier les types. Soit le globule rouge possède à sa surface un antigène "D", (il est alors Rh+), soit il ne l'a pas (il est donc RH-). Chez un individu Rh-, l'antigène D est inconnu et est donc vu comme un corps étranger à détruire s'il apparaît. C'est pour cette raison que, lors d'une transfusion sanguine, le donneur et le receveur doivent être compatibles. Dans le cas contraire, le receveur produit des anticorps pour détruire l'antigène et les globules rouges qui l'accompagnent. Mais lorsque cet antigène est présent chez le foetus, (en provenance du père) mais pas chez la mère (qui est Rh-), alors le système immunitaire de cette dernière va lui aussi s'attaquer au sang de son enfant, y voyant un intrus.

Pour parer à cette attaque destructrice pour le bébé, des médecins américains vont, au milieu des années 1960, injecter dans le sang des femmes ciblées, un médicament produit à partir d'un Rh particulier, le Rh d-. En l'injectant dans le sang, les chercheurs réalisent qu'il permet de rendre compatible la mère et son enfant et n'entraîne donc pas l'attaque du foetus. Et lorsque James Harrison fait sa première donation, les médecins s'apperçoivent qu'il est lui-même porteur de ce rhésus très rare (il existe 35 types) et qu'ils peuvent ainsi produire ce fameux vaccin "anti-D" pour sauver les bébés en détresse, à partir de son sang.



En apprenant cette nouvelle, l'homme décide de consacrer son temps et son sang à la médecine. "Ils m'ont assuré pour un million de dollars, donc je savais que ma femme serait à l'abri" raconte le donneur qui donne son plasma toutes les 3 semaines depuis 1960.  Avec plus de 1000 donations, il fait partie des recordmen du monde de la pratique. "Cela fait du bien de savoir que l'on a sauvé une vie ici et que l'on en sauvera beaucoup d'autres" affirme, modeste, Harrison à CNN. Après avoir sauvé près de 2,5 millions de bébés, dont son propre petit-fils, l'homme va bientôt devoir prendre sa retraite. L'âge limite pour donner son sang en Australie est limité à 81 ans et il ne reste que trois petites années au donneur pour apporter son aide précieuse à la science.

Heureusement, James Harrison n'est pas le seul à posséder un sang royal. Certains possèdent même un groupe d'une rareté impressionnante : le Rhnull. En cinquante ans, les chercheurs n'ont répertorié que cinquante personnes avec ce "sang en or." L'avantage, c'est qu'il ne dispose d'aucun antigène, ce marqueur qui provoque les incompatibilités au sein même d'un groupe sanguin. Le possesseur peut donc donner à tous ceux du groupe Rh sans risquer la destruction par les anticorps. Revers de la médaille, ces personnes ne peuvent recevoir que du Rhnull.

The Atlantic racontait ainsi la vie d'un Suisse de 40 ans, dénommé Thomas, prêt à payer de sa personne et de son portefeuille ses dons de sang, tout en acceptant l'angoisse qu'une perte de sang pourrait bien lui être fatale. Un sang précieux est avant tout un sacrifice mais, dispersées dans le monde, les hommes comme James Harrison et Thomas sont bien les héros discrets de la médecine.

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