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De l'Outre-mer au digital, ces ressources économiques que la France n'exploite pas
©Reuters

Les entrepreneurs parlent aux Français

Délaissés par les politiques, nos territoires d’outre-mer concentrent pourtant dans leur sous-sol littoral l’essentiel des ressources en terre et métaux rares du monde, dont l'exploitation permettrait de relancer l'économie française.

Denis Jacquet

Denis Jacquet

Denis Jacquet est fondateur du Day One Movement. Il a publié Covid: le début de la peur, la fin d'une démocratie aux éditions Eyrolles.  

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Ce week-end, j’avais le plaisir d’être l’un des conférenciers du Sommet des dirigeants, organisé par l’Express, et que mon association, Parrainer la Croissance, avait le bonheur de parrainer. D’où la justification de nom que nous avons choisi il y a 4 ans. Un week-end express à la Baule pendant lequel une dizaine de tables rondes devisaient sur les réformes à réaliser, les maux français dit avec les mots de la raison, par un panel éclectique, qui rassemblait entrepreneurs, politiques, syndicalistes et think tank. Sans langue de bois, ce qui évite la gueule du même nom.

Ce qui m’a le plus troublé était l’exposé d’un professeur d’université, qui commença très tôt à surfer sur la vague du maritime, et qui nous donna un vague malaise devant l’opportunité semble-t-il totalement ignorée aujourd’hui par nos politiques, que recèle la mer, nos littoraux et tous ses coquillages et crustacés. Cet énorme plateau de fruit de mer, sont autant de fruits de la croissance à portée de pelle et de sceau, que nous n’avons manifestement pas pris en compte, ce qui pourrait nous coûter cher.

Pour vous dresser un tableau simple (et forcément simpliste), voilà ce qu’il disait. Une décision internationale a dévolu à chaque Etat un droit de propriété absolu sur le sous-sol, au plus profond, des eaux territoriales, en proportion de sa côte littorale. Au premier abord, et malgré le fait que les 2/3 de notre bordure soit littorale, on pourrait se dire que c’est bien, mais que la taille de notre pays nous relègue bien loin derrière l’Australie ou le Brésil. Mais nous avons des départements et territoires d’outre-mer. Souvent cités pour le boulet économique qu’ils semblent constituer, avec un chômage endémique, des grèves permanentes et un sens de l’hospitalité proche de celui d’Alcatraz au temps de sa splendeur, ces territoires seraient en fait l’avenir de notre vieille Gaule, qui dès lors, devrait rabattre un peu son caquet. Et les caresser dans le sens de la croissance.

Car ces terres pour une énorme majorité concentrent en sous-sol littoral, l’essentiel des ressources en terre et métaux rares du monde. Et oui. La France championne du monde de la rareté. On pensait que c’était pour son nombre de jours fériés, de jours de grèves ou de tentatives ratées de remporter Roland Garros, mais non. On parle là de gisements que la terre entière va nous envier et notamment les Chinois, qui totalement débridés, font une chasse sans merci à tout ce qui porte le terme de rare dans son nom, sur la terre entière, pour alimenter sa croissance et ses besoins gigantesques. Nous savons depuis 8 mois que nous avons non seulement cela mais aussi du nickel à ciel ouvert (Nouvelle Calédonie), du pétrole (Martinique), qui permettrait de transformer des havres d’assistanat en nouvel Abu Dhabi et verrait la naissance, d’une multitude de "Cheikh Doudou", pour paraphraser les Inconnus. La limousine remplacerait la clio vintage 85 diesel en panne dans le centre de fort de France et les accras de morue seraient désormais sertis de diamants.

Avec une croissance d’escargot hémiplégique et des perspectives propres à doper la croissance de la consommation de prozac, on pourrait penser que la terre politique et technocratique française serait toute remuée par ce tremblement de terre, les hauts fonctionnaires demandant déjà leur mutation à Saint-Pierre-et-Miquelon ou Wallis et Futuna, pour remplacer la citadelle de Bercy et en pleine étude de la façon de doter notre pays de cette manne propre à assurer notre place dans le top 5 mondial pour les 30 prochaines années. Et bien non ! Rien. Nada. Niente. Quechi. Pas un mot. Et qui ne dit mot renonce. Nous allons donc porter haut et fort cet universitaire, Mr Le Roux, qui n’est pas un doux réveur et que les institutions connaissent bien, puisqu’il milite et pilote une partie des grands programmes maritimes français depuis 30 ans.

Je n’irai pas plus loin dans la description du modèle à mettre en place, mais prochainement, dans ces colonnes, je lui donnerai la parole, car il le fera mieux que moi. Il aura le pied plus marin.

Autre enseignement de ce week-end, c’est ce que Robin Rivaton, Gilles Babinet et Gaël Duval nous ont donné à rêver. Un monde en mouvement, qui est en train de subir une mutation majeure, que les politiques ne savent pas suivre, ni même comprendre pour la plupart, que le droit ne peut pas suivre et que les économistes, pourtant prompt à avoir un avis sur tout, ne semblent pas évoquer plus que cela. Ils sont en effet plus à l’aise, devant la complexité croissante des interactions liées à une société de l’information, à prédire le passe que l’avenir. Ils sont aussi nombreux à nous prédire le cataclysme pour l’emploi que recèle le numérique, qui par une automatisation plus forte chaque jour, risque de nous priver des emplois de basse et moyenne qualification, qui enracineront des millions de personnes dans un chômage éternel, plombant les sociétés en faisant de ces désespérés de la société moderne autant de bombes à retardement pour nos sociétés digitalisés. Des bombes qui n’auront rien de virtuelles et ne permettent aucune nouvelle partie.

Nos amis ont insisté sur le côté positif de cette révolution. Elle va permettre de développer des modèles à moindre coût capitalistique, réduire les circuits de distribution et permettre une communautarisation capable de faire vivre solidairement tout type de population. Une économie dans laquelle il faudra produire ces outils digitaux et préserver une multitude d’emplois pour lesquels les hommes continueront à préférer une interaction humaine et lui attribuer une plus forte valeur encore.

Elle va en revanche nécessiter que les politiques, nos gouvernants, puissent laisser ces acteurs prospérer, leur donner ou contribuer à leur donner les moyens de s’épanouir très vite, afin que les leaders mondiaux ne soient pas seulement made in USA. Cela va nécessiter une fluidité de l’investissement, une massification des montants investis, une réduction du pouvoir de nuisance des corporatismes capables de condamner à mort ces initiatives par le retard qu’ils leur infligeront.

La conclusion de ce week-end c’est qu’il faut se jeter à l’eau, ne pas tenir compte des courants inverses, considérer la profondeur non comme un danger mais comme une opportunité et que si le capitaine du port est incapable de détecter et saisir l’opportunité, c’est aux marins, aux entrepreneurs de prendre le large, les laissant à quai en attendant leur éventuelle réaction. L’espoir est là, uniquement si nous le saisissons.

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