79% des Français approuvent les démantèlements de camps de migrants

Atlantico : Comment se positionnent majoritairement les Français face aux démantèlements des camps de migrants?

Jérôme Fourquet : L'enseignement fort, c'est qu'en dépit des polémiques et des mobilisations en soutien aux migrants avec des critiques virulentes de la part de la gauche envers les opérations de police, une écrasante majorité de la population approuve ces démantèlements (près de 80%). Le sujet a créé un trouble, mais on s'aperçoit qu'en réalité une très forte proportion de Français approuvent le gouvernement et les opérations de police (dont près d'un sur deux qui approuvent tout à fait). 

Deuxième point, ce soutien est très largement majoritaire dans l'électorat de gauche, il n'y a pas un schéma inversé gauche-droite :73% des sympathisants PS soutiennent le gouvernement, 60% chez les écologistes, et 53% au front de gauche. Si l'on compare cette adhésion au démantèlement des camps de Roms (ressortissants européens), à l'époque aussi le sujet avait suscité un certain nombre de débats. Et déjà à l'époque une forte proportion de personnes soutenait ces actions. 

Comment a évolué l'opinion publique sur ces questions depuis le démantèlement des camps de Roms par Sarkozy en 2006 qui avait beaucoup fait réagir ?

La comparaison est intéressante sur une plus grande période : en 2006, sur la question de l'évacuation du squat de Cachan où un très grand nombre d'Africains s'étaient installés, les Français étaient beaucoup plus partagés : 52% de Français soutenaient l’action du gouvernement. Cette différence de 30 points s'explique par deux choses : la maîtrise des flux migratoires se pose beaucoup plus aujourd'hui qu'à l'époque d'une part, et aussi parce que les événements du printemps arabe ont déstabilisé l'Afrique du nord et provoqué un afflux plus important de migrants. D’autre part, on a assisté à un changement de majorité présidentielle, ce qui a fait basculer aussi les électeurs socialistes dans l’adhésion des politiques menées par son gouvernement par réflexe partisan.

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Qu'en est-il de manière plus générale sur l'immigration clandestine ?

La question posée sur la lutte contre l’immigration clandestine connait également une forte évolution : 60% des Français pensent que la politique de Valls n’est pas assez ferme, contre 11% qui la trouvent trop ferme. C’est pourquoi Manuel Valls  réagit fortement en organisant et revendiquant le démantèlement de ces camps, afin de satisfaire l’électorat. La réaction pragmatique du gouvernement face à ces problèmes est maintenant en accord avec l’électorat socialiste. Un tiers même des électeurs du Front de gauche et des Ecologiste estiment que la politique de Valls n’est pas assez ferme, ce qui témoigne d'une réelle évolution dans la perception des problèmes liés à l'immigration qui dépasse le clivage droite/gauche traditionnel. Le regard n’est plus le même sur l’immigration qu’il y a 10 ans, et nous voyons aussi une adhésion partisane aux responsables politiques de son propre camps: alors qu'il y a 10 ans, les partisans socialistes s'opposaient à la politique menée par la droite, ils sont aujourd'hui liés aux positions soialistes, quand l'opinion des électeurs de droite n'a pas tellement bougé sur le sujet. Les voix qui s’élèvent à gauche pour dire que Valls est trop dur ne sont pas en cohérence avec l’opinion publique et ne reflète pas la majorité des Français.