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Les ravages des amours passionnels : quand jouissance sexuelle et souffrance psychologique vont de pair
©Reuters

Bonnes feuilles

Adeline Fleury, consacre ce « Petit éloge » à la jouissance des femmes – ce grand mystère. Au travers de ses lectures, de son expérience personnelle, avec des mots poétiques et parfois crus, l’auteur nous fait ressentir, à chaque page, que jouissance et renaissance sont unies et que plaisir et liberté sont indissociables. Extrait de "Petit éloge de la jouissance féminine", de Adeline Fleury, publié chez François Bourin éditeur(1/2).

Adeline  Fleury

Adeline Fleury

Journaliste. Elle réalise pour Le Journal du Dimanche des portraits de personnalités, des sujets de société et analyse l'actualité parisienne.

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Comment sortir indemne de tant de jouissance ?

Après plusieurs semaines de plaisir intense, de retrouvailles enflammées, d’état d’émerveillement suivi d’apaisement, la souffrance s’inscrit au tableau de mon bonheur.

>>>>>> A lire également : Petit éloge de la jouissance féminine : ce que vivent les nymphomanes

Mon désir est de plus en plus douloureux. Dès que mon désir est satisfait, je me sens de plus en plus frustrée. Après chaque étreinte, la même crainte. Celle de devoir vivre le manque. Ce manque, latent, insidieux, ce monstre tapi pendant la célébration des sens qui surgit après chaque orgasme. Je jouis puis je prends peur. Déjà la séparation qui s’annonce. Je voudrais vivre tout le temps en osmose avec mon amant. Je souffre de ne pas être serrée dans ses bras tous les jours. Il m’a tellement retournée, dès qu’il s’éloigne de moi, je panique, mon corps se met à trembler, une nausée aigre emplit ma gorge, l’angoisse me noue le ventre. Après le plaisir, je traverse une zone de turbulences. Désormais, j’ai l’impression qu’à chaque fois que nous avons fini de faire l’amour, je perds un peu plus de mon être, je me vide un peu plus de mon sang. Exsangue.

Je lui en veux de me laisser là, seule avec mon trop plein d’émotions. Le désir est irraisonné, révèle ma véritable nature : je suis une passionnée. Une passionnée vouée à souffrir. Une passionnée qui s’épuise dans l’attente, qui « éprouve » son plaisir plutôt que de le savourer comme au début de l’histoire. Jouissance et souffrance me semblent désormais aller de pair. Dans notre couple, il est le jouisseur, je suis la souffrante. Chaque fois que la porte se referme, je le sens qui s’éloigne. Je suis prisonnière de mon désir, de ce désir obsessionnel qui maintenant me ronge, me consume de l’intérieur. Je perds du poids, je perds de moi, j’ai basculé dans l’aliénation. J’ai honte, j’aimerais retrouver la légèreté de nos débuts. Nous sommes peut-être allés trop loin et trop vite dans l’exploration de notre plaisir. Il ne comprend pas, il s’éloigne…

Dès qu’il s’en va, mon coeur se serre, mon corps et mon âme le réclament. Je le veux encore contre moi, dans moi, je veux ses mains sur mes hanches, ses lèvres dans ma bouche, sur mon ventre et plus.

Un tel désir n’est que pure folie, il faut que cela cesse. Mon désir fait de moi une possessive, une incorrigible capricieuse, je ne pense pas à son bien ni même au mien. Je me méprends dans la jouissance. Je suis détestable.

À chaque fois qu’il s’en va, je me sens comme Vénus dans Vie érotique de Delphine de Malherbe : « Elle voudrait être lui. Elle ne lui voulait pas du bien : elle voulait le garder, le dévorer, le mâcher, le digérer, puis accoucher de lui pour que de nouveau il grandisse et revienne la baiser. La baiser comme un monstre. Elle voulait le tuer, le conquérir par les armes et le feu, le ligoter, et c’était lui qui partait. »

Mon amant sent le danger de mon désir de plus en plus lourd, pesant, exigeant. Mon désir le tourmente. Mais il revient toujours, comme un aimant. Puis, il se fait distant. De plus en plus méfiant. J’ai l’impression qu’il n’a plus autant faim de moi. Ma volupté le bouffe. J’ai de violents orgasmes, dans ses bras je crois devenir folle de plaisir, puis j’ai mal. Tellement mal.

Extrait de "Petit éloge de la jouissance féminine", de Adeline Fleury, publié chez François Bourin éditeur, 2015. Pour acheter ce livre, cliquez ici.

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