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Les actionnaires individuels vont-ils sauver les grandes entreprises ?
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Crise

Moins dépendants des fluctuations à court-terme des marchés et attachés à l'entreprise, les actionnaires privés ont leur carte à jouer pour sortir le pays de la crise.

Frédéric Lemaître

Frédéric Lemaître

Frédéric Lemaître est Président de Fair Disclosure Management SAS, société de gestion de base de données sensibles. 

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Face au comportement incohérent des marchés et de leurs principaux intervenants, les investisseurs institutionnels, il est grand temps pour les actionnaires individuels de reprendre le destin de leur épargne en mai

Actionnaires individuels réveillez-vous !

Actionnaires individuels, vous avez tous les atouts en main pour gérer directement vos investissements en actions. Voici pourquoi…

Depuis plus de 3 ans, les marchés connaissent une volatilité incontrôlée dont les fondements sont incompréhensibles par la plupart d’entre nous, et dont l’incohérence est patente. Comme près de 90% des transactions sur le CAC 40 et les autres indices mondiaux sont le fait des investisseurs institutionnels, c’est là où il faut aller chercher les explications.

Que l’on ne dise pas que la faute échoit aux « Hedge Funds », dont la vocation première est la recherche de gains à travers des comportements spéculatifs. Car pour spéculer à la baisse, par exemple, il faut bien pouvoir emprunter des titres que l’on va vendre à découvert, les racheter à un cours plus faible afin de les restituer à ceux à qui on les a empruntés, et réaliser la plus-value tant recherchée. Auprès de qui ces « Hedge Funds » vont-ils emprunter de telles quantités de titres ? Chez les institutionnels qui les ont en portefeuille.

Voilà une belle façon de se tirer une balle dans le pied, dans un langage imagé, en participant à la baisse de titres qu’ils gèrent pour le compte d’autrui, en l’occurrence nous, les épargnants. Peut-on continuer à confier la gestion de nos portefeuilles d’actions à des professionnels qui ont un tel comportement ? La réponse est forcément non.

Le court-termisme, obsession et cancer de la finance

Les analystes financiers, conseillers des investisseurs institutionnels, ont aussi leur part de responsabilité. Ils ont instauré, insidieusement, la dictature du court terme. Inlassablement, depuis de nombreuses années, ils orientent la communication financière des entreprises vers toujours plus de fréquence de publication de leurs résultats. Aujourd’hui, nous en sommes aux résultats trimestriels. Et demain ?

Quoi de plus dérisoire que de juger une entreprise, parfois centenaire, engagée dans une stratégie de développement à long terme, le plus souvent en phase de restructuration et d’investissements lourds pour résister à la concurrence, sur ses résultats trimestriels… ?
Que doit-on penser du cours de bourse d’une entreprise, qui va s’effondrer de 20 à 30% parce que ses résultats trimestriels sont inférieurs de 5 à 10% aux attentes des analystes ? C’est tout simplement absurde…

Les moutons de Panurge

La troisième explication provient du comportement incroyablement «  moutonnier » des professionnels des marchés.
Vous aurez remarqué que tous les professionnels attendent impatiemment et avec anxiété, chaque jour, semaine et mois, la publication de statistiques pour agir ou réagir. Ainsi, le fait qu’il y ait tant de chômeurs de plus sur un mois alors qu’il y en aura tant de moins le mois suivant, qu’un indice de confiance des consommateurs baisse alors qu’il va remonter le mois suivant, et voilà les Bourses qui plongent ou se ressaisissent sans crier gare ! Personne ne peut comprendre, raisonnablement, les raisons de ces mouvements perpétuels de va-et-vient. Pas même les professionnels, prompts à réagir au moindre indice, si fluctuant d’un jour ou d’un trimestre sur l’autre qu’il n’a déjà plus d’importance dès sa publication…

En simplifiant, la volatilité des cours de bourse est due au fait que les professionnels raisonnent tous de la même manière, et agissent tous au même moment, dans le même sens. Est-ce un comportement responsable et surtout efficace en termes de performance de gestion ?

L’actionnaire individuel, pilier humain de l’entreprise

Les actionnaires individuels ont-ils le même comportement ? Les faits démontrent que non, quel que soit le pays concerné. Surtout lorsqu’ils gèrent directement leurs propres économies et leur portefeuille d’actions.

En effet, tout d’abord,  ils sont très nombreux : autant d’actionnaires, autant de comportements (du spéculateur à l’investisseur « éthique ») et autant de motivations (du rendement à la plus-value). Une telle diversité d’agissements et d’objectifs est, incontestablement, un gage de moindre volatilité des cours de Bourse.

De plus, leur relation avec les entreprises est  plus « charnelle » ; c’est ce que l’on appelle « l’affectio societatis ». Ils ne vendront pas immédiatement et sans retenue l’action d’une entreprise qui les a peut-être déçus, sur un résultat trimestriel, annuel. Les récentes études vont toutes dans ce sens. Ils sont donc prêts à « tenir une position » dans la tourmente lorsqu’ils font confiance à un chef d’entreprise, une équipe de direction, une stratégie, un secteur économique ou d’autres paramètres qu’ils jugent importants. Bien sûr, cette confiance peut être trompée par des dirigeants malhonnêtes, cupides, incompétents… Mais croyez-vous que les professionnels les auraient « débusqués » plus facilement ? Pas si l’on se réfère aux nombreux scandales anciens et récents qui ont défrayé la chronique (ENRON, WORLDCOM, TYCO, MADOFF,…).

Ainsi, chacun d’entre nous a la capacité d’être un actionnaire individuel actif et performant. Nous avons tous accès aussi facilement à l’information financière des entreprises que les professionnels, grâce à une presse abondante et de qualité, et à la diffusion des nouvelles technologies de l’information.

Plus nous serons nombreux, plus la raison l’emportera sur l’incohérence. Le long terme prendra le dessus sur le dérisoire, le résultat trimestriel.

L’investissement en actions est un acte trop sérieux pour être laissé seulement aux mains des professionnels. Les chefs d’entreprises cotées et les hommes politiques doivent réfléchir à cette question et trouver de bonnes réponses pour favoriser le développement de l’actionnariat individuel, et redonner à la Bourse son rôle principal de financement de la croissance des entreprises. Déjà, un certain nombre de chefs d’entreprises ont engagé une réflexion dans ce sens : c’est un premier pas porteur d’espoir pour un renouveau des marchés boursiers. De grandes entreprises françaises se sont donné comme objectif de « recruter » de nouveaux actionnaires individuels : quel beau défi !

La politique ne se fait peut-être pas à « la Corbeille » mais « la Corbeille » est le cœur du financement des entreprises, on ne doit pas l’oublier…

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