"Que le féminisme quitte les bancs des facultés pour rejoindre le Conseil des ministres"<!-- --> | Atlantico.fr
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Le monde de l’entreprise se doit d’être une vitrine en matière d’égalité homme‐femme, tout comme le monde politique.
Le monde de l’entreprise se doit d’être une vitrine en matière d’égalité homme‐femme, tout comme le monde politique.
©Flickr/Gryphus31

Nouveau féminisme (5/5)

Faire évoluer le féminisme pour l'extirper de sa caricature. C'est notre feuilleton de la semaine. Cinquième et dernier épisode : la nécessité de changer le monde de l'entreprise et la conclusion du feuilleton.

Lydia Guirous

Lydia Guirous

Lydia Guirous est essayite, auteure de « Assimilation en finir avec ce tabou français » aux éditions de l’Observatoire et de « Ca n’a rien à voir avec l’Islam ? Face à l’islamisme réveillons-nous » aux éditions Plon, réédition en version augmentée et inédite.

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Le monde de l’entreprise se doit d’être une vitrine en matière d’égalité homme‐femme, tout comme le monde politique. Lorsque des difficultés subsistent ou que des inégalités fortes perdurent, il est du devoir de l’État de les réguler, par la voie législative ou règlementaire.

Nous proposons :

Pour réduire les inégalités salariales

  • La mise en place et l’affichage public d’une grille comme dans la fonction publique dans toutes les entreprises pour la part fixe des salaires. Si cela est possible pour 5 Millions de fonctionnaires, cela doit être possible pour tous les actifs.
  • Un affichage obligatoire des primes par la Direction aux salariés après attribution à ces derniers (loi).

Pour améliorer les conditions de travail

  • Développer la possibilité du télétravail pour les femmes et les hommes, notamment dans le cas des demandes d’arrêt garde d’enfant malade.
  • La création d’un numéro vert rattaché à l’inspection du travail, par département, pour aider les salariés en situation de harcèlement : « SOS harcèlement »
  • « Opération maternité solidaire »La création d’un référent à la charge des entreprises pour générer du lien entre les femmes en congés maternité et l’entreprise afin qu’elles aient accès à toutes les informations utiles en terme de formation et d’offres de postes en interne.

Pour la gestion de la petite enfance

Les résultats professionnels et l’investissement des salariés sont étroitement corrélés à leur épanouissement personnel. Une des premières sources d’épanouissement, pour les femmes comme pour les hommes, est naturellement la réalisation d’une vie de famille équilibrée. La gestion de la petite enfance est donc un pilier incontournable d’une politique publique ayant pour objectif d’améliorer la condition des femmes. Mais au‐delà de cela, le renforcement de la politique de la petite enfance est un vecteur de productivité des salariés, dont la France ne peut faire l’économie, aujourd’hui.

Nous proposons :

  • La prise en charge par les mairies des frais de garde liés aux instances, dans lesquelles bien souvent les femmes sont exclues de fait, à cause de leurs contraintes familiales.
  • « Opération solidarité petite enfance » : attribuer une part de la taxe prélevé par l’État sur les sodas à la construction de crèches et de nouvelles places de crèche.
  • Renforcer et rendre obligatoire les partenariats entre les crèches municipales, associatives et hospitalières avec un contrôle du nombre et de l’attribution des places  par l’État.

Pour les familles mono-parentales et la place des pères : le féminisme n’est pas un combat contre les hommes...

25% des enfants qui vivent avec leur mère et dont le père est vivant, ne le voient plus jamais. 20 % le voient tous les 15 jours et 20 % chaque semaine (source INED). Le féminisme moderne ne peut que condamner les pratiques inégalitaires et contraires à son objectif de parité.

Nous préconisons :

  • L’organisation des  « assises de la mono‐parentalité » : pour poser le débat en France.
  • Une suppression des asymétries financières entre les hommes et les femmes en matière de prestation compensatoire et d’avantages fiscaux (attribution de parts fiscales quasiment uniquement aux femmes, de même pour le supplément familial de traitement et les allocations familiales).

Conclusion

Etre féministe aujourd’hui c’est œuvrer au cœur de la société pour «un mieux vivre ensemble».

Le Féminisme Républicain est un féminisme d’ouverture. Nous voulons à travers cet article et les précédents faire émerger une voie nouvelle, pragmatique et réaliste du féminisme. Ce féminisme est un féminisme qui a pour ambition de sortir des débats philosophiques et sociologiques relatifs à la place des femmes dans la société, pour faire du féminisme une véritable politique publique ayant pour objectif de corriger les inégalités homme‐femme.

Le glissement que nous avons opéré du concept philosophique à la politique publique n’est pas uniquement sémantique. Ce n’est pas non plus un effet de style. Il traduit une réalité : la persistance des inégalités homme‐femme est inacceptable dans notre espace républicain.

Il est du devoir de l’État de réguler cette égalité fondamentale de notre pacte social. Pour cela, il dispose des puissants leviers que sont la législation et l’administration. Il est temps que le combat féministe quitte les bancs des facultés et des meetings associatifs pour se retrouver à l’ordre du jour des Conseils des Ministres. On comprend bien, au vu de l’enjeu et de l’objectif, que le féminisme de demain se fera avec les femmes et les hommes.

Porter les valeurs du féminisme, c’est adhérer aux valeurs originelles de la République et du contrat social. Or cela, toutes les femmes et tous les hommes peuvent le faire et doivent le faire. Nous espérons que les prochains candidats à l’élection présidentielle s’attarderont dans le détail technique qu’il mérite sur le sujet de la réduction des inégalités homme- femme. Nos attentes sont importantes et nous émettons le vœu d’une formation politique et d’un candidat ou une candidate qui sera capable de sortir des déclarations d’intention et d’aller enfin transformer l’essai.

NB : Cet article a été co-écrit avec Jacques Touzard, Secrétaire général de l'association Future au féminin.

Épisodes précédents de notre feuilleton sur un nouveau féminisme :
1er épisode : "Le féminisme doit être considéré comme une politique publique comme les autres"
2ème épisode: "Pour moderniser le féminisme, cessons de le diluer dans d'autres messages politiques"
3ème épisode : "Victimiser les femmes, stigmatiser les hommes : l'impasse"
4ème épisode : "Pour un ministère de la promotion des Femmes

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