Vladimir Poutine au Vatican : échange de bons procédés avec François<!-- --> | Atlantico.fr
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Vladimir Poutine a rencontré mercredi 10 juin le pape François au Vatican.
Vladimir Poutine a rencontré mercredi 10 juin le pape François au Vatican.
©Reuters

Visite diplomatique

Vladimir Poutine a rencontré mercredi 10 juin le pape François au Vatican. Cette visite, singulière sur le fond et sur la forme, intervient dans un contexte de fortes tensions en Europe, le problème ukrainien étant au centre de toutes les attentions.

Bernard Lecomte

Bernard Lecomte

Ancien grand reporter à La Croix et à L'Express, ancien rédacteur en chef du Figaro Magazine, Bernard Lecomte est un des meilleurs spécialistes du Vatican. Ses livres sur le sujet font autorité, notamment sa biographie de Jean-Paul II qui fut un succès mondial. Il a publié Tous les secrets du Vatican chez Perrin. 

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Atlantico : Vladirmir Poutine a rendu visite au pape au Vatican. Quelles en sont les raison ? 

Bernard Lecomte : Vladimir Poutine a toujours été conscient que le pape était un interlocuteur privilégié en Europe. Plus il se sent isolé par les Etats occidentaux plus il est tenté d'aller chercher auprès du pape une caution d'honorabilité. La position du pape, comme tous les autres papes est de recevoir qui veut le voir. Rappelez-vous des problèmes que cette attitude avait valu à Jean Paul 2 quand il a avait reçu Arafat en Autriche.

 Le Pape reçoit tous les dirigeants qui le souhaitent. C'est la règle presque protocolaire ou de politesse, la règle de principe. Maintenant, le pape et Poutine ont deux sujets sur lesquels ils ont tout intérêt à se voir et à garder  un contact étroit. C'est bien entendu l'Ukraine et les chrétiens d'Orient. Les chrétiens d'Orient est un sujet relativement balisé depuis l'affaire syrienne où Poutine était venu voir la première fois le pape François pour s'assurer un allié dans son refus absolu d'attaquer la Syrie à l'époque. La Russie a toujours eu une sorte de tutelle religieuse sur les chrétiens d'Orient dont on sait qu'il sont mi orthodoxes mi catholiques. Poutine s'est toujours tenu à ce principe. De l'autre côté, on sait bien que le pape est un des dirigeants les plus attentifs sur le sort des chrétiens d'Orient. C'est un sujet sur lequel les deux hommes ont réellement quelque chose à se dire. Quant à l'Ukraine, il faut être conscient que Poutine et le pape François sont les deux personnages les plus influents sur l'affaire ukrainienne. Poutine est certainement le principal recours pour les russophones de l'Est de l'Ukraine, mais le Pape est le principal recours pour tous les "uniates" de l'Ouest. Dans les 5 districts de l'Ouest de l'Ukraine, là où le sentiment est le plus européen, la majorité des gens sont catholiques. 

Peut-on s'attendre à une déclaration commune ? Ces deux dirigeants peuvent-ils se mettre d'accord sur une situation aussi brûlante que l'Ukraine ? 

Ne rêvons pas, un échange entre ces deux dirigeants là ne tiens ni de la magie ni du miracle. C'est évidemment un échange qui en entraînera d'autres si possible. On imagine pas Poutine et le pape François signer un cessez-le feu, ce n'est pas une rencontre de cet ordre là.  L'ordre d'action de la diplomatie vaticane, c'est l'ordre de l' l'influence, c'est le dialogue, la rencontre et les grands principes. Mais cela n'est évidemment pas de la politique au sens de l'accord de Minsk par exemple sur l'Ukraine. Quand le Pape fait de la politique c'est toujours enrobé de valeur universelle et spirituelle.

Poutine est donc allé chercher une cure d'honorabilité.De même pour le pape, gardez le contact avec la Russie c'est garder l'espoir de venir un jour en visite en Russie, car aucun pape n'est jamais venu en visite à Moscou, c'est une exception dans le monde, avec Pékin et Téhéran. Les relations entre la Russie culturellement et religieusement orthodoxe et le Pape ont toujours été conflictuelles. De temps en temps nous avons pu assister à des rapprochements, mais c'est le plus grand regret de Jean-Paul 2 après 26 ans de pontificat de n'être jamais allé à Moscou. Les relations avaient parus se détendre un peu sous Benoît 16 en réalité elles sont toujours difficiles. C'est pourquoi la victoire aujourd'hui chez le pape est très importante.

Cela serait donc  une victoire que le Pape vienne à Moscou? 

Je crois qu'il ne faut parler ni de victoire ni de défaite, il faut parler d'influence et de dialogue. Le simple dialogue entre Poutine et le pape François est une bonne nouvelle. Cela va dans le bon sens,  le sens de la paix dans le monde. Maintenant ce n'est pas un G7 ou un G20 ou une réunion de Minsk, ce sont deux personnages qui se rencontrent et dont l'influence est énorme.

Il y a forcément des grands enjeux et des arrières pensées. Bien sur l'arrière pensée de Poutine c'est sa propre image en Occident, bien sûr l'arrière pensée du Pape c'est de se rapprocher l'élite catholique de cette Russie où elle a autant de mal à pénétrer. Le pape y gagnerait de meilleures relations avec les Russes et notamment les orthodoxes, et l'espoir un jour d'aller pour la première fois dans l'histoire d'aller Russie.   

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