Le PS vu par les Français : 23% pensent qu’il a des dirigeants de qualité contre 40% pour les Républicains <!-- --> | Atlantico.fr
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Le congrès de Poitiers du Parti socialiste.
Le congrès de Poitiers du Parti socialiste.
©Reuters

Sondage exclusif Ifop pour Atlantico

A l’occasion du Congrès de Poitiers du Parti socialiste qui s'est déroulé ce week-end, l’Ifop revient sur l’image du mouvement et son positionnement perçu trois années après l’accession à la présidence de la République de François Hollande. Les données présentées dans ce nouvel Ifop focus sont extraites d’une enquête menée pour Dimanche Ouest France et d’un autre sondage effectué pour l’Obs.

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L'Ifop est un institut de sondages d'opinion et d'études marketing.

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1.    Bien que s’étant un peu redressée, l’image du Parti Socialiste demeure mauvaise dans l’opinion.

Après s'être continuellement dégradée durant les trois années d'exercice du pouvoir par François Hollande, l'image du Parti Socialiste a finalement connu une petite embellie ces derniers mois, aussi bien aux yeux des Français que de ses propres sympathisants. Néanmoins, sur toutes les dimensions testées, les jugements demeurent très sévères.

Les Français ont une image globalement négative du Parti Socialiste. De fait, seulement quatre Français sur dix considèrent qu'il soutient suffisamment le Gouvernement (41%). Moins d'un Français sur quatre juge que le Parti Socialiste est proche de leurs préoccupations (25%), qu'il a un projet pour la France (24%) ou bien qu'il a des dirigeants de qualité (23%). Ces piètres résultats contribuent à expliquer l’ampleur de la défaite enregistrée lors des dernières élections départementales. A titre de comparaison, on notera que d’après un autre sondage de l’Ifop pour Atlantico.fr (1), l’UMP obtient sur des items similaires des résultats bien meilleurs : 40% sur l’item "a des dirigeants de qualité" (écart de 17 points par rapport au Parti Socialiste) et 38% sur l’item "a un projet pour la France" (écart de 14 points).

Cliquez sur les graphiques pour les agrandir

Comme le montre le graphique ci-dessus, il n’y a que sur la proximité aux préoccupations des Français que l’image du PS est à peu près au niveau de celle de l’UMP, les deux grands partis souffrant d’un fort déficit en la matière.

A rebours de l’ensemble de la population, les sympathisants du Parti Socialiste gardent une image plutôt positive de celui-ci. Environ un sympathisant sur deux considère que leur parti soutient suffisamment le Gouvernement (49%), et presque deux tiers d’entre eux pensent que celui-ci est proche des préoccupations des Français (66%), qu'il a un projet pour la France (64%) ou encore qu'il a des dirigeants de qualité (62%). Sur ces quatre dimensions, que ce soit auprès des Français en général ou des sympathisants du Parti Socialiste en particulier, les chiffres observés sont légèrement supérieurs à ceux d'août 2014 où ils atteignaient leur étiage, clôturant une longue chute entamée depuis le début du quinquennat.

(1) Sondage Ifop pour Atlantico.fr réalisé par questionnaire auto-administré en ligne du 28 au 29 mai 2015 auprès d’un échantillon de 984 personnes, représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus. 

Cette légère remontée de l’image du parti s’inscrit en cohérence avec le mouvement d’amélioration partielle de la cote du Président de la République enregistrée après les attentats de janvier 2015. Néanmoins, comme on peut le voir sur les graphiques, le reflux par rapport à l’état de grâce post-présidentielle demeure très marqué et les niveaux enregistrés sur tous les items sont, et de loin, très en deçà de toutes les mesures antérieures effectuées depuis 10 ans (vague d’août 2014 exceptée).

2.    Pour près d’un Français sur deux, le positionnement du PS est "insuffisamment à gauche"

La bataille des motions pour le Congrès s’est principalement jouée sur la question de l’orientation donnée au PS ces dernières années, les frondeurs contestant le tournant social-libéral initié par François Hollande. Quelle est la perception des Français ? Pour 46% des personnes interrogées, le Parti Socialiste ne se situe pas assez à gauche. Assez logiquement, cet avis est nettement plus partagé par les Français qui se disent proches d’Europe-Ecologie/Les-Verts (67%) et, plus encore, par les sympathisants du Front de Gauche (81%).

Dans le même temps, pour près de la moitié des sympathisants du Parti Socialiste (49%), celui-ci n’est ni "trop" ni "insuffisamment" à gauche, mais "à gauche comme il faut" et 7% jugent même qu’il est "trop à gauche". Au regard du tableau ci-dessus, on constate en fait une véritable coupure en deux de la base électorale socialiste. 56% approuvent ainsi son positionnement actuel voire le trouvent trop à gauche quand en face, la quasi-moitié (44%) demande un coup de barre à gauche.  Au regard de ce rapport de forces, on comprend que le débat sur la ligne du parti n’est pas près de s’éteindre en dépit de la nette victoire des "hollandais" au Congrès. Si l’aggiornamento social-libéral, engagé par le Président de la République en début d’année 2013, puis réaffirmé avec l’arrivée de Manuel Valls à Matignon et celle d’Emmanuel Macron à Bercy, semble en phase avec ce que pense une majorité de sympathisants socialistes, quasiment la moitié de ces électeurs auxquels il faut ajouter deux tiers de ceux d’EELV et 81% de ceux du Front de Gauche sont en désaccord, ce qui constitue une vraie difficulté dans la perspective d’une stratégie de rassemblement de la gauche pour la présidentielle.

Ce sont bien les choix opérés en matière de politique économique qui nourrissent le sentiment d’un recentrage voire d’une droitisation du PS.  Les Français considèrent en effet pour une majorité d’entre eux (53%) que la formation dirigée par Jean-Christophe Cambadélis est insuffisamment à gauche sur la politique de lutte contre le chômage, puis, pour 50% d’entre eux, sur la fiscalité, et pour 47%, sur la politique envers les entreprises. La perception d’un PS pas assez à gauche devient beaucoup moins répandue quand on aborde les questions d’immigration (31% le jugent "insuffisamment à gauche"), de sécurité et de justice (36%) ou d’éducation (39%).

Le jugement des sympathisants socialistes se révèle, à certains égards, plus sévère que celui de l’ensemble des Français, puisqu’une nette majorité d’entre eux estime qu’il est insuffisamment à gauche sur la fiscalité (60%), sur la politique envers les entreprises (58%) et sur la politique de lutte contre le chômage (54%). Cette critique d’une ligne pas assez à gauche en matière économique s’accompagne d’un satisfecit concernant le positionnement du Parti de la rue de Solférino s’agissant de l’éducation (53% des sympathisants le trouvent "à gauche comme il faut") et des questions de sécurité et de justice (54%). Sur l’immigration enfin, l’électorat socialiste apparaît très divisé car, si 46% approuvent la ligne choisie, 30% souhaiteraient qu’elle soit plus à gauche mais quasiment la même proportion, 24%, la trouvent aujourd’hui trop à gauche alors que la question des migrants en Méditerranée s’est durablement installée dans l’actualité.

 S’agissant non plus des thématiques mais des personnalités socialistes, les jugements divergent très clairement et la critique d’une politique économique insuffisamment à gauche réapparaît ici également. En effet, comme le montre le tableau ci-dessous, une majorité de sympathisants socialistes (55%) déclare que l’actuel Ministre de l’Economie, Emmanuel Macron, est "insuffisamment à gauche".

Cette critique est un peu moins vive mais elle est quand portée par 44% des sympathisants socialistes concernant Manuel Valls. Le locataire de Matignon pourra néanmoins se rassurer en constatant qu’en dépit des attaques des frondeurs, 53% des électeurs socialistes estiment qu’il est "à gauche comme il faut". Le jugement est quasiment identique sur le positionnement de François Hollande, 41% ne le percevant pas assez à gauche et 54% "à gauche comme il faut".

Au regard de nos chiffres, Ségolène Royal apparaît comme la personnalité qui se situe la plus au centre de gravité idéologique actuel de l’électorat socialiste puisque 67% la considèrent "à gauche comme il faut". Ce n’est d’ailleurs sans doute pas un hasard si le Président de la République lui confère une place toujours plus importante dans le dispositif de la gouvernementale. Elle est suivie de près par Najat Vallaud-Belkacem (61% de réponses "à gauche comme il faut") puis par Martine Aubry (59%) et Christiane Taubira (58%). Mais pour ces  deux dernières personnalités, respectivement 21 et 19% des sympathisants les considèrent comme "trop à gauche".

3.    Un PS d’abord attendu comme force de propositions sur le chômage.

Malgré une perte de six points par rapport à l'année dernière, la lutte contre le chômage demeure, de loin, le sujet sur lequel le Parti Socialiste devrait en priorité faire des propositions aux yeux des Français (65% des citations). Bien derrière, la lutte contre la dette et les déficits publics, mise en avant par un peu plus de trois Français sur dix, se maintient en deuxième position (32%). Cependant, la baisse de 8 points enregistrée sur cet aspect – qui confirme la moindre sensibilité de l’opinion à cette thématique par rapport à il y a un ou deux ans – le rapproche fortement de la lutte contre la délinquance ainsi que de la lutte contre la pauvreté et l'exclusion ; deux causes pour lesquelles les préoccupations augmentent progressivement (respectivement de 4 et 3 points) et qui sont maintenant considérées comme tout à fait prioritaires par plus d'un Français sur 4 (27% et 25%). A l’instar des années précédentes, la défense des services publics (13%, +3), la protection de l'environnement (12%, +5) et l'intégration des immigrés (8%, +3) apparaissent comme des thèmes moins prioritaires, en dépit de leur récente progression.

Les priorités des sympathisants du Parti Socialiste présentent des disparités notables par rapport à celles des Français, sans pour autant être radicalement dissemblables. Ainsi, on note la plus forte importance accordée à la lutte contre le chômage (72%, -7 points par rapport à l’année dernière) et à la lutte contre la pauvreté et l'exclusion (35% +7). A l'inverse, et ce de manière récente, les sympathisants du mouvement accordent moins de poids à la lutte contre les déficits publics (25%, en recul de 18 points, cette baisse expliquant sans doute en partie l’accent mis désormais sur la redistribution par François Hollande et la moindre focalisation sur la dette et les déficits publics) ainsi que, mais de manière plus ancienne, à la lutte contre la délinquance (20%, +9). Enfin, faisant écho à ce qui est observé auprès de l’ensemble des Français, la défense des services publics (16%, +3), la protection de l’environnement (10%, +5) et l’intégration des immigrés (8%) apparaissent comme des sujets moins préoccupants.

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