Fifa : pendant que l’Europe et les Etats-Unis se réjouissent du départ de Sepp Blatter, le reste du monde voit ce qu’il y perd<!-- --> | Atlantico.fr
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Sepp Blatter était surnommé "l'ami de l'Afrique".
Sepp Blatter était surnommé "l'ami de l'Afrique".
©Reuters

Ami de l'Afrique

La démission surprise de Joseph Blatter du poste de président de la Fifa a ravi les Etats-Unis et l'Europe, mais pas les pays d'Afrique et d'Asie, qui perdent l'un des artisans de la démocratisation du football à travers le monde.

Touché par les nombreuses affaires de corruption qui secouent actuellement la Fifa, Sepp Blatter, a annoncé mardi qu’il démissionnait de son poste, après quarante années passées au sein de la Fifa, dont dix-sept en tant que président.

L’homme avait pourtant été élu vendredi pour un cinquième mandat. Il était arrivé en tête du premier tour de l'élection pour la présidence de l’institution, en récoltant 133 votes, contre 73 pour le Prince Ali, son seul opposant. Mais ce dernier, qui bénéficiait notamment du soutien de l'Union des associations européennes de football (UEFA), a annoncé dans la foulée qu'il se retirait.

L’Uefa et la Concacaf (Amérique du Nord, centrale et Caraïbes) s’étaient à quelques exceptions près (comme la Russie) opposées à Sepp Blatter lors de cette élection. Mais l’homme avait pu bénéficier du soutien de la Caf (Afrique), qui le considère comme l'artisan de la première Coupe du monde organisée sur le continent en 2010 et de l’AFC (Asie).

A l’annonce de sa démission, les réactions ont donc été divisées.

D’un côté, la jubilation : "La démission de Blatter est une décision difficile et courageuse. C’est la bonne décision" (Michel Platini, président de l’UEFA) ; "Il est parti. Réjouissons-nous… Il n’y a rien d’honorable dans ce qu’a fait Monsieur Blatter. Il n’y a rien eu d’honorable chez lui depuis des années" (Greg Dyke, président de la Fédération anglaise) ; "C'est un bon jour pour la Fifa et le football. Le changement arrive enfin" (Luis Figo, ancien Ballon d’or portugais).

Mais plus au sud, les réactions ont été plus mesurées, et peuvent être résumées par les paroles de Joseph Owona, président du comité de normalisation de la Fécafoot (Fédération camerounaise de football) : "C’est son droit de démissionner s’il veut. Mais je dois dire (…) que le groupe africain dans sa majorité a soutenu la candidature de monsieur Blatter. Il a soutenu la candidature de Blatter pour deux motifs qui sont simples: ce qu’il a fait du développement du football en Afrique et en Asie (…) Qu’on le veuille ou pas, monsieur Blatter a permis à la Coupe du monde de se dérouler en Afrique".

Surnommé l’ "Ami de l’Afrique", Sepp Blatter a en effet fait beaucoup pour le continent, au point qu’un internaute a immédiatement réagit après sa démission en tweetant ironiquement : "Peut-on garder l’argent ? Cordialement, l’Afrique".


L’ascension de Blatter s’est en effet faite à un moment clef de l’histoire de la Fifa… et du monde. En 1974, le Brésilien João Havelange est devenu président de la Fifa en s’ancrant sur la frustration ressentie par l’Asie et l’Afrique à cause du manque de représentativité dans les instances du foot mondial. Blatter était alors son directeur technique. Il est devenu son secrétaire général, avant de lui succéder en 1998.

Pendant cette période, le nombre de votants africains, asiatiques et américains pour désigner les pays hôtes de la coupe du monde est passé de 3 sur 16 (en 1974) à 13 sur 32 (2014). Par ailleurs, Blatter a été l’un des plus fervents défenseurs de l’organisation d’une coupe du monde en Afrique (en 2010, en Afrique du sud) et sous ses 17 ans à la tête de l’organisation, l’aide au développement en direction des pays les plus pauvres a bondi de 70%.

Malgré la corruption, Blatter a plus œuvré au développement du football dans ces pays que ses prédécesseurs… Et rares sont aujourd’hui les contrées n’ayant pas leur stade national, souvent financé en partie par la Fifa.

Alors que la justice américaine a été une actrice prépondérante dans le déclenchement du scandale qui touche actuellement la Fifa, beaucoup de commentateurs estiment que les Etats-Unis souhaiteraient se venger parce qu’ils n’avaient pas été choisis pour organiser la Coupe du monde 2022, attribuée au Qatar. La justice américaine a ainsi assuré que les attributions des Coupes du monde 1998 en France et 2010 en Afrique du Sud avaient été entachées par des faits de corruption.

Pour le président de la Fédération ghanéenne de football, Kwesi Nyantakyi, les Etats-Unis ont "œuvré clandestinement pour détruire l’image de la Fifa. (…) Ils ont voulu créer un certain effet, montrer la Fifa comme une institution corrompue et les officiels de la Fifa, ce qui nous inclue tous, comme des gens corrompus", a-t-il déclaré suite à la démission de Sepp Blatter.

Le ministre qatari des Affaires étrangères, Khaled al Attiyah a, lui, parlé de "racisme" pour dénoncer la "campagne de dénigrement contre le Qatar".

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