Pourquoi les sportifs français sont toujours adeptes des exploits en demi-finale (ou en quart de finale) mais quasiment jamais le jour J<!-- --> | Atlantico.fr
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Le joueur de tennis Jo-Wilfried Tsonga a réussi l'exploit de se qualifier en demie-finale de Roland-Garros.
Le joueur de tennis Jo-Wilfried Tsonga a réussi l'exploit de se qualifier en demie-finale de Roland-Garros.
©Reuters

The Losers

Le joueur de tennis Jo-Wilfried Tsonga a réussi l'exploit de se qualifier en demie-finale de Roland-Garros, battant successivement le numéro 4 et le numéro 5 mondial. Les sportifs français brillent souvent dans les compétitions internationales, mais ont du mal à concrétiser leurs performances pour les remporter.

Jean-Claude Perrin

Jean-Claude Perrin

Jean-Claude Perrin a été entraîneur d'athlétisme français.

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Atlantico : Tsonga est passé en demie finale en réalisant 2 exploits coup sur coup. Malgré de souvent beaux résultats, arrivés le jour de la finale, les sportifs français semblent avoir des difficultés à remporter des titres. Comment l'expliquer ? Quelle place accorder au mental ?

Jean-Claude Perrin : Il est certain que lorsque vous arrivez en finale d'une épreuve quelconque, à la perche, ou au rugby, la technique est bonne. Le physique est bon lui aussi puisque vous êtes en finale. Quand quelque chose se dégrade à ce moment là, c'est une combinaison de facteurs très complexes qui entrent en jeu et que l'on appelle le mental. Le mental,  c'est d'ailleurs un gros fourre-tout. De mon point de vue, que vous soyez en finale olympique ou bien en finale de Rolland-Garros, la part du mental dépasse les 50%. Le physique quant à lui est un facteur déclenchant pour le mental.

La génération actuelle française serait-elle complexée par rapport aux exploits des anciens ?

En tennis oui, dans les autres sports, je ne pense pas. Ils ne sont pas réellement complexés par la victoire de Yannick Noah, mais je ne sais si du fond du cœur ils entrevoient la victoire. Quand on voit leur attitude, quand certains se font éliminer ou bien viennent simplement de gagner 2 ou 3 tours, ils ne sont pas dans la posture du vainqueur du tournoi. Sur de nombreux points, ils sont quand même répétitifs, tous les ans les mêmes questions sont posées. Et il n'y a pas de solutions qui ont l'air d'être apportées à ce problème.

Est-ce un mal typiquement français ? 

Non, non ce n'est pas un mal typiquement français, grand dieu! Nous on a tellement peu d'élites et de champions c'est simplement révélateur. Quand il y en a un qui a un problème, c'est tout simplement plus visible et plus médiatisé que dans certains pays où ils ont bien plus de champions, c'est tout. Mais les autres pays ont aussi leur déception. Le miracle du sport français c'est justement d'avoir des résultats. Le miracle du sport français ce n'est pas d'échouer en finale, c'est tout d'abord d'avoir des gens en finale.

Les grands vainqueurs de la coupe du monde ou des championnats de rugby, ce sont les éducateurs. Ce sont eux, qui fabriquent tout ce qui va se produire après. Nous n'avons plus d'idéal pour notre jeunesse, c'est un vrai problème, la culture de la gagne n'est d'ailleurs pas assez étendue en dehors des clubs de sport. Les politiques n'ont pas fait le pari d'une jeunesse qui gagne. Nous n'avons pas assez bien ancrée une culture de la réussite, nous sommes et nous restons avant tout un pays de bien-être. En ce moment, si vous ouvrez les journaux, vous voyez que l'on traite des vacances, du bien-être, des régimes. Nous sommes donc un pays de bien-vivre. C'est dur, mais j'aimerais bien un jour de voir nos politiques qui déclenchent des opérations pour engendrer le combat, la victoire, l'aventure. La jeunesse, il lui faut des rêves, de l'aventure pour gagner. Aujourd'hui elle n'a pas tout ça, et c'est pour ça qu'elle ne veut pas se battre.

Comment le sport français peut-il surmonter ces difficultés ?

Le sport français, c'est un véritable défi, c'est un défi d'avoir des résultats en France. Tout repose sur les éducateurs et les clubs. Il n'y a plus assez de sport enseigné à l'école ou alors très peu. Les moyens de l'éducation par le sport sont très limités. Les politiques ne croient plus au sport comme facteur d'intégration, c'est regrettable. Alors oui, tout cela a forcément un impact. Je suis moi-même enseignant, et je peux vous dire que l'on a pas pris cette option où le sport est mis en avant, aujourd'hui le sport est malheureusement délaissé.

Y a-t-il une différence entre sportifs évoluant en équipe et ceux ayant des sports individuels concernant la manière de gérer la pression par exemple ? 

Non pas vraiment. Bien que dans un sport individuel, vous soyez obligé d'aborder seul avec votre athlète ce problème. S'il est en finale du 100 mètres ou en finale olympique du saut à la perche, vous ne commencez pas le travail de préparation mental la veille de la finale, forcément. Dans les cas des sports collectifs, tout est un peu plus complexe, car le collectif entre en jeu, tout comme d'autres impératifs technique du fait que justement vous ayez à faire à un sport collectif. De mon point de vue, les sportifs français sont les plus méritants du monde. Ils sont bien plus méritants que les autres sportifs.  La force du sport français, ce sont véritablement les éducateurs, qui font un travail remarquable.

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