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Il n'y a pas que les objets connectés : petite histoire de la triche aux examens
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T'as mis quoi toi?

Les objets connectés posent de plus en plus de problème aux examinateurs et aux surveillants d'examen, qui doivent innover pour faire face à ce problème. Pourtant, la triche n'en a jamais été à son premier coup d'essai, et les méthodes les plus simples sont parfois les meilleures.

François Guénard

François Guénard

Maître de conférences à l'univeristé de Paris-Sud 11, auteur de "La fabrique des tricheurs" JC Gaswetich

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Atlantico. Récemment, un élève a été surpris en train d’utiliser une smartwatch pour tricher en Suisse. Les nouvelles technologies offrent-t-elles aux tricheurs plus de possibilités ?

François Guénard. Oui malheureusement, aucun doute là-dessus. Actuellement, le gros problème c’est la triche électronique avec tous les instruments de communication, téléphone, montre, etc. Il faut que les salles d’examen soient isolées du réseau. La technique des brouilleurs peut être intéressante : on brouille certaines fréquences. Mais maintenant qu’il y a de plus en plus de fréquence, le résultat n’est plus garanti. Les brouilleurs sont assez chers, et les étudiants peuvent changer de fréquence assez facilement, il faudrait donc changer de brouilleur à chaque fois. Le seul moyen de résoudre définitivement le problème c’est que les salles d’examen soient isolées du réseau. Cela suppose de mettre les salles d’examen dans tous les lieux où le réseau passe le moins, et ensuite d’utiliser des murs isolants ou de la peinture isolantes. Ensuite vous êtes tranquilles jusqu’au moment où vous refaites la salle. Vu que dans les facs et les lycées ce n’est pas refait couramment, 50 ans me paraissent être une bonne durée de vie.

Tant qu’on ne fera pas ça on ne pourra pas résoudre le problème. Je ne crois pas aux appels moraux qui se contentent de dire qu’il ne faut pas tricher. Le seul moyen c’est d’organiser l’épreuve pour que la triche ne soit pas possible. Le mieux c’est de prévenir et d’empêcher la triche avant.

Pour autant, assistons-nous à une recrudescence du phénomène de le triche aux examens ? Quels sont les secteurs les plus touchés par la triche ?

De toute façon, la triche la plus importante qui existe n’est que pas ou peu médiatisée. Ce n’est pas la triche après, c’est l’usurpation de diplôme. L’usurpation de diplôme, c’est la chose la plus simple. Il faut adapter les sujets de manière à faire en sorte que le triche soit inopérante. En mathématiques par exemple, si vous ne connaissez pas un théorème, ce n’est pas en trichant pour l’obtenir le jour de l’épreuve que vous serez en mesure de l’utiliser. Si vous devez l’analyser le jour de l’examen, l’épreuve sera finie et vous serez encore en train de regarder comme le théorème fonctionne. Maintenant on adapte surtout les sujets de manière à ce que la triche soit rendue peu opérationnelle. En revanche, si quelqu’un d’autre vient passer l’examen à la place du candidat, il existe un vrai problème. De la même manière, si le candidat est en communication avec quelqu’un de l’extérieur qui fait son corrigé. Si on a simplement affaire à une antisèche locale, ou bien le fait d’aller chercher une information sur internet, alors on peut arriver à limiter la casse par un choix de sujet bien pensé. Il faut également faire très attention au contrôle d’identité, mais c’est difficile, le système de photos sont durs à vérifier. C’est pour nous un gros risque.

La triche a toujours existé, les nouvelles méthodes valent-elles les vieilles?

Pour certaines matières oui, celles où la mémoire rentre en jeu par exemple. Dans le cas de certaines épreuves de droit, c’est inutile, car ce n’est pas la règle ou la référence exacte qui est demandée par les professeurs, mais bien l’analyse qui en est faite et l’intelligence qui est dessous. Après je ne suis pas spécialisé dans ce domaine. Le plus gros développement de la triche auquel on a assisté ces dernières années, c’est le plagiat. Le plagiat a littéralement explosé cette année, en tout cas c’est ce qu’affirme le ministère. Mais ce n’est pas exact de dire ça, il y a simplement eu des instructions pour mieux repérer le plagiat. Donc une hausse des détections des cas de plagiat a eu lieu. Le plagiat existe dans le cas des TPE par exemple, bon nombre d’élèves de 1ère ne se rendent même pas compte qu’ils ont fait du plagiat. L’idée de travail académique comme étant un vrai travail personnel ne s’est pas complètement encore ancré. Aujourd’hui le réel problème est celui de l’accès à l’information qui est beaucoup plus grand. Vous pouvez faire un devoir sur n’importe quoi sans rien connaître.

Il n’existe certainement pas de méthode infaillible, existe-t-il une méthode particulièrement efficace ? Quelles sont les méthodes les plus couramment employées ?

Le plus efficace c’est la triche en amont. Si vous avez le sujet avant l’épreuve, alors c’est impeccable. C’est d’ailleurs rarement sanctionné. Dans les facs, on fait désormais attention : quand on fait un sujet, on va l’imprimer, faire un jeu d’épreuve et le corriger. Si les gens récupèrent des choses dans la poubelle, ils peuvent affirmer avoir simplement pris du brouillon. La tricherie avant les examens est donc moins risquée. Si la personne ne se fait pas prendre, c’est tout bon pour elle. Si elle se fait prendre elle pourra simplement se cacher derrière l’excuse du brouillon. A moins qu’il n’ait été revendre le sujet, il n’y a aucun moyen de prouver qu’il y a eu une faute. Si on ne dit rien, si on ne parle pas, tout va bien. Les gens qui se font prendre sont ceux qui ont parlé sur les réseaux sociaux. Le vrai tricheur qui va la boucler sera très difficile à attraper. La triche est surtout peu sanctionnée par les facs. Prenez une fac au hasard, Assas, par exemple. Si vous usurpez un diplôme d’Assas, tout ce que peut faire la fac, c’est vous interdire d’examen. Mais bon, dix ans après vos études, vous n’en avez rien à faire de vous faire interdire d’examen à l’université. De plus ces facs ont généralement peu de sous et ne vont pas poursuivre des gens qu’ils ne connaissent même pas au tribunal. De plus les facs délivre des diplômes, donc si un employeur embauche une personne nulle ayant usurpée son diplôme, cela va nuire à sa réputation. Il faut surtout des moyens de contrôler simplement les diplômes que prétendent avoir les gens.

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