Inversion de la courbe ou pas, il est désormais impossible que François Hollande parvienne à faire revenir le taux de chômage au niveau de 2012<!-- --> | Atlantico.fr
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Pour le mois d’avril 2015, le nombre de chômeurs a augmenté de 26 200 personnes.
Pour le mois d’avril 2015, le nombre de chômeurs a augmenté de 26 200 personnes.
©Reuters

Encore raté en avril

Pour le mois d’avril 2015, le nombre de chômeurs a augmenté de 26 200 personnes pour atteindre un total de 3 536 millions. Un record absolu dans le pays.

Nicolas Goetzmann

Nicolas Goetzmann

 

Nicolas Goetzmann est journaliste économique senior chez Atlantico.

Il est l'auteur chez Atlantico Editions de l'ouvrage :

 

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Ce lundi 1er juin 2015, la Direction de l'animation, de la recherche, des études et de la statistique (Dares) publiait les derniers chiffres du chômage français, mettant ainsi un point final au bilan des 36 premiers mois du mandat de François Hollande sur le front de l’emploi. Avec un total de 641 200 chômeurs supplémentaires en 3 ans (en catégorie A), le président peut d’ores et déjà faire une croix sur son quinquennat tout entier. A moins d’un miracle économique, François Hollande (et la France avec lui) a déjà perdu. Parce que le nombre de chômeurs de 2017 sera supérieur à celui de 2012.

Progression du nombre de  chômeurs depuis avril 2012. Catégorie A. Source Dares. En milliers.

En effet, la condition nécessaire à une baisse effective du chômage est un retour fort de la croissance. Ainsi, et à titre de comparaison, les années 2006 et 2007 avaient été spectaculairement bonnes en ce qui concerne la baisse du chômage. En conséquence d’une croissance de 2.4% pour chacune de ces deux années, le nombre de chômeurs baissa de 550 000 personnes. 300 000 en 2006 puis 250 000 en 2007. Or, les prévisions de croissance de la Commission européenne pour les années 2015 et 2016 s’affichent à un rythme inférieur : soit 1.1% pour 2015, puis 1.7% pour 2016. Ce qui permet d’anticiper une stabilisation, puis, une lente décrue du chômage, sans plus. Mais pas de quoi permettre une réelle amélioration de la situation dans un pays qui réclame une croissance de 1.5% pour que les entreprises puissent créer des emplois. Ainsi, selon les anticipations de la Commission européenne, le chômage baissera en 2016, mais de façon marginale ; passant de 10.3% à 10% de la population active. 

Les promesses à répétition n’auront servi qu’à détourner l’attention de la population, déplaçant le débat légitime d’une baisse réelle du nombre de chômeurs sur la durée du quinquennat, à une curieuse notion d’"inversion de la courbe du chômage". Dès le mois d’avril 2012, cette thématique de l’inversion de la courbe était installée au sein du débat public français. François Hollande, encore simple candidat, déclarait : "J'inverserai la courbe du chômage". Et pourquivait : "J'accepterai d'être jugé sur cette promesse". Au-delà de fixer lui-même les critères sur lesquels il "acceptera" d’être jugé, celui qui sera élu président admet déjà sa future défaillance. Car par cette formule, François Hollande n’a pas promis de faire baisser le chômage au cours de son quinquennat, mais simplement d’en inverser la courbe, soit une version minimaliste de toute forme d’ambition politique. Un renoncement a priori. En se basant sur cette confusion statistique, le thème du chômage s’est totalement vidé de son sens. La répétition de la promesse, tout au long des années 2012 et 2013, aura permis de faire accepter la notion même d’inversion de courbe, aussi absurde soit elle.

Puis, le 18 avril 2014, François Hollande clama : "Si le chômage ne baisse pas d'ici à 2017, je n'ai aucune raison d'être candidat, ou aucune chance d'être réélu". En pensant une nouvelle fois avoir atteint un record de chômage en ce début d’année 2014, le président pensait se donner une nouvelle chance. Mais depuis cette date, le pôle emploi recense 171 000 chômeurs de plus ; un échec supplémentaire. En continuant de répéter cette même promesse jusqu’à la fin du quinquennat, François Hollande parviendra à avoir raison. Au moins une fois. Il ne fait d’ailleurs aucun doute que "cette fois" sera la base de la communication élyséenne pour justifier la candidature de 2017.

En 2007, Nicolas Sarkozy s’était avancé sur le même terrain : "Si on s’engage sur 5% de chômeurs et qu’à l’arrivée il y en a 10, c’est qu’il y a un problème". Le problème se concrétisa. De cet échec commun découle un seul et même enseignement : l’incapacité des exécutifs à imprimer une dynamique réelle sur le niveau d’activité économique du pays.

Parce que cette incapacité est structurelle. Puisque les dynamiques de croissance et d’emploi dépendent en priorité de la stratégie macro-économique européenne. Et donc du poids de la France au sein du conseil européen, et surtout de sa volonté d’imprimer une politique de plein-emploi au mandat de la Banque centrale européenne. En l’absence de toute réforme sur ce point, les exécutifs successifs seront contraints de subir la situation, et de continuer à promettre des résultats qu’ils ne sont pas capables de tenir. 

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