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Le G20 devrait 
entendre les peuples gronder
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Chaos grec

Georges Papandréou s'est dit prêt à retirer son référendum sur le plan européen de sauvetage de la Grèce, et serait sur le point de démissionner. Une évolution révélatrice de l'instabilité politique grandissante provoquée par l'insuffisance de partage des efforts face à la crise.

Sophie de Menthon

Sophie de Menthon

Sophie de Menthon est présidente du Mouvement ETHIC (Entreprises de taille Humaine Indépendantes et de Croissance) et chef d’entreprise (SDME).

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L'annonce d'un référendum grec pour valider ou non l'adoption du plan de sauvetage européen reflète, à un niveau hélas caricatural, le fossé croissant entre les décideurs et les opinions publiques. Alors évidemment Georges Papandréou aurait dû « au moins prévenir » qu’il comptait faire un référendum (même si la presse l’avait évoqué depuis deux mois), mais que peut-il faire d’autre lorsque son pays s’est arrêté et que la rue… est dans la rue ? Qu’il est incapable d’obtenir ce à quoi il s’est engagé au dernier sommet sur l’Euro ?

C’est en réalité, un vrai signal de désespoir que lance le Premier ministre grec. Il est aussi incapable de donner des signaux encourageants à son peuple, ne serait-ce qu’en faisant preuve lui-même de rigueur dans le management économique du pays… Il pourrait par exemple demander à Interpol de récupérer les impôts non payés par quelques-uns des 1 000 milliardaires Grecs répertoriés (certains sont bien arrêtés aux frontières lorsqu’ils n’ont pas payé leurs PV !). Et s’il revoyait le coût et les fonctions de l’armée ? Et les avoirs improductifs de l’Église ? Et le travail au noir ? Avec des « si » on sauverait la Grèce et ce serait le moment d’avoir de l’imagination. Comment, sans ces actes fortement symboliques, exiger quoi que ce soit du peuple ? Comment empêcher le commerçant grec de vous faire une réduction de 20% si vous achetez le bracelet en liquide ?

Réformer un peuple et une culture laxiste c’est une montagne à soulever, mais nos chefs d’État européens ne l’ont pas pris en compte ; cela ne relève pas de leur compétence, à chacun son métier. Aussi, le souffle d’optimisme à l’annonce des résultats de « la nuit des longs… euros » a été de courte durée. Comment aurait-il pu en être autrement ? Par quel miracle ? Comme Marie-Antoinette qui disait : « s’ils n’ont pas de pain, qu’ils mangent de la brioche ! », on dit aux Grecs : « si vous n’avez plus de pain, mettez-vous au régime », mais au régime de quoi et pourquoi faire ?

Tout le monde est dans son rôle : le malheureux Premier ministre grec qui est au bout de ses capacités, les banquiers qui essaient de ne pas y laisser trop de plumes, les chefs d’État qui tentent de sauver l’Europe, les peuples démunis, etc. Tous, au dernier moment et avec la vue courte, essaient de brandir des solutions miracles qui n’empêchent pas les foules de gronder de plus en plus et partout...

La crise économique finalement n’aurait aucune importance si les opinions publiques suivaient, galvanisées par le bout du tunnel en vue, convaincues par un vrai désir de réformes qui donneraient un sens à leur avenir… Rien ne se fera s'il est impossible à l’échelon international de donner des signes de partage, sinon des richesses, du moins des efforts… Quel espoir avoir lorsque le nouveau patron de la BCE est celui-là même qui, au sein de Goldman Sachs, a semble-t-il été complice d’une complaisance à l’égard des comptes de la Grèce... On prend les mêmes et on recommence !

D’aucuns estiment « démagogique » de supprimer des avantages ou de diminuer des rémunérations, de modifier des comportements, de taxer quelques opérations financières, d’interdire les ventes à découvert… Les montages financiers et les solutions sont infinis, mais comment ne pas comprendre que les vrais signes forts seraient une forme de régulation commune de la finance internationale ? Peu importe que les économies inhérentes à ces symboles soient de peu de poids dans les déferlantes de dettes, mais c’est vouloir ignorer la force du symbole. La crédibilité des leaders qui deviennent aujourd’hui de véritables « chefs de guerre économiques » en dépend. Ils doivent monter au front, et en première ligne… et aujourd’hui, l’héroïsme c’est la sobriété. Une certaine forme de dépouillement, et le désintéressement visible des gouvernants qui se préoccupent du sauvetage de leur pays, et non de leur avenir politique ou de leurs promesses électorales intenables. Les clivages politiques n’ont plus beaucoup de sens, ce qui en a c’est la capacité à transcender.

Et si les Grecs préféraient le chaos voté par eux-mêmes, plutôt que le sauvetage organisé sans que rien ne change ? S’indigner de ce sursaut moribond de Georges Papandréou, c’est refuser de comprendre le tournant social dont sont victimes malgré eux ceux qui nous dirigent. Les bourses s’affolent mais pour une fois, elles ont raison ! Car le problème aujourd’hui dépasse largement la réalité économique des entreprises, et il serait temps que le G20 en prenne conscience.

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