Sept à la maison (à Manhattan) : avoir beaucoup d'enfants, le signe extérieur de richesse à la mode à New York <!-- --> | Atlantico.fr
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Dans le quartier de Manhattan, considéré comme le plus riche des Etats-Unis, l'éducation d'un enfant serait estimée en moyenne à un demi-million de dollars.
Dans le quartier de Manhattan, considéré comme le plus riche des Etats-Unis, l'éducation d'un enfant serait estimée en moyenne à un demi-million de dollars.
©Reuters

Riches ou pauvres ?

Une chercheuse en sciences sociales s’est immergée dans l'Upper East Side et a révélé la nouvelle tendance démographique des familles fortunées.

New York : le rêve américain. New York et sa singularité reconnue à l'international comme étant l'élégance même de la diversité des genres, incarne pour beaucoup l'élitisme de la première puissance mondiale. De ses avenues interminables où la société de consommation n'est qu'un euphémisme, à ses quartiers populaires d'où sont originaires de nombreux artistes internationaux, en passant par son quartier d'affaires qui dirige le monde en jonglant avec les devises, New York offre une appartenance et une légitimité à tous les symboles de la société actuelle. En outre, New York est simplement la ville du possible. Alors New York a un coût.

Manhattan, le quartier le plus riche des Etats-Unis

Le gouvernement américain publiait récemment un rapport estimant le coût de l'éducation d'un enfant, avec tout ce que cela implique, à 245 340 dollars. Une somme plus que doublée cependant, si vous habitez Manhattan, l'un des 5 arrondissements de New York. Dans ce quartier, considéré comme le plus riche des Etats-Unis, l'éducation d'un enfant serait estimée en moyenne à un demi-million de dollars. Fonder une famille aux abords de la 5e Avenue est donc devenu un luxe et un symbole de puissance. Wednesday Martin, auteur de Primates of ParkAvenue (un mémoire anthropologique de la maternité) et chercheuse en sciences sociales, raconte dans cet ouvrage comment le nombre d'enfants d'une famille résidant dans l'Upper East Side symbolise aujourd'hui sa puissance, son rang et son statut.

"Je suis rapidement devenue insensible au concept des familles nombreuses, mais elles étaient partout" raconte-t-elle après avoir quitté l'Upper East Side, à la suite d'une overdose de démonstrations et d'artifices. "Trois était devenu le nouveau deux, quatre était le nouveau trois, cinq c'était plus fou ou dû à des croyances religieuses. Cela signifiait simplement que vous étiez riche". Dans l'Upper East Side, avoir plusieurs enfants reflète l'excellence d'un compte bancaire, mais attribue également à une mère, une grandeur et un statut important dans une culture très "concurrentielle".  

Quand admettre ne plus vouloir d'enfants signifie en fait, ne plus avoir d'argent

En 2011 déjà, le New York Post évoquait la tendance des grandes familles à Manhattan, citant une étude réalisée par le Conseil des familles contemporaines, qui distinguait dans 2% des ménages, une légère hausse du nombre d'enfants. La même année, Tina Fey expliquait dans les colonnes du New Yorker qu'il était impoli, dans l'Upper East Side, de demander à une femme si elle voulait d'autres enfants, tant le rapport à l'argent était devenu révélateur.

Admettre ne plus vouloir d'enfants revenait à admettre pour des parents, qu'ils n'en avaient plus les moyens. "Je pensais que l'augmentation d'un seul enfant serait la norme à New York, mais je suis sûre que ma fille est le seul enfant de sa classe à ne pas avoir de frères et sœurs. Partout dans Manhattan, de grandes familles sont devenues un symbole de statut. Quatre beaux enfants nommés d'après des rois et des morceaux de fruits sont une façon de dire : 'je peux me permettre un appartement de quatre chambres  (le prix du m2 dans l'Upper East Side est de 21 673 dollars) et cent cinquante mille dollars de frais de scolarité chaque année'" avait-elle déploré.

Dans Primates of Park Avenue, Wednesday Martin révèle les extravagances de la consommation  ostentatoire de ces familles  qui assoient leur notoriété sur le nombre d'enfants qu'ils élèvent avec le dévouement inévitable de nourrices hors de prix. "Ce monde si compliqué, lourd, où les relations sont déformées et où les mères jonglent avec les nounous pour élever leurs enfants".  L'auteure y décrit la vie mondaine de ces femmes qu'elle appelle les "Geishas de Manhattan", les courbettes et les exigences, les fêtes d'anniversaires démesurées et démonstratrices de pouvoir de leurs enfants.

Le Manhattan des inégalités économiques et sociales

Pourtant, Manhattan n'a pas toujours connu un tel essor financier comme aiment à le montrer ces riches familles. Dans les années 70, une crise financière et démographique conséquente avait provoqué la fermeture de plusieurs usines et ateliers du quartier, obligeant la population à migrer vers les banlieues. La renaissance de Wall Street dans les années 80 fît resurgir l'économie du quartier et le Financial District (quartier d'affaires où sont implantées les grandes entreprises et institutions financières de New York)  effectua son retour en tant que centre mondial de l'économie et des finances. Aujourd'hui encore, l'arrondissement abrite de fortes inégalités économiques et sociales.

Car si l'Upper East Side se caractérise par un mouvement de mode basé sur le nombre de naissances par famille, Nickolay Lamn a répertorié les quartiers de Manhattan selon la richesse des habitants pour le site Mydeals et s'est aperçu que les inégalités économiques étaient flagrantes. Ainsi, il est apparu que les habitants de l'Upper East Side vivaient en moyenne avec un budget annuel de 500 000 dollars, tandis que la valeur moyenne d'un ménage vivant à Harlem est estimée  entre 10 000 et 15 000 dollars (7500 et 11 300 euros).

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