Un bus pour tous : Israël entre mauvaises pulsions et culture démocratique solide<!-- --> | Atlantico.fr
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Des travailleurs palestiniens rentrent chez eux.
Des travailleurs palestiniens rentrent chez eux.
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Marche arrière

Face à la pression intérieure et au tollé international, le Premier ministre Benyamin Nétanyahou a du revenir mercredi 20 mai sur l'interdiction faite aux Palestiniens de Cisjordanie d'utiliser les mêmes autobus que les Israéliens pour rentrer chez eux après leur journée de travail.

Gil  Mihaely

Gil Mihaely

Gil Mihaely est historien et journaliste. Il est actuellement éditeur et directeur de Causeur.

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Atlantico : Israël reste une démocratie, avec une grande liberté de presse, de parole, des élections libres, etc. Mais la politique interne frôle régulièrement l'ultra nationalisme et l'appel aux rejets des Palestiniens. Comment expliquer ce phénomène ? 

Gil Mihaely : Deux phénomènes majeurs sont à l’œuvre : l’architecture identitaire de la société israélienne et le conflit, centenaire et sans issu, avec les Palestiniens. En ce qui concerne la dimension identitaire, la tension entre le "pôle" universel et le "pôle" particulier est presque inscrit dans le projet car l’Etat d’Israël se veut et se définit comme "juif et démocratique". Autrement dit, Israël n’est pas une République à la française car citoyenneté n’implique pas nécessairement et automatiquement appartenance à la Nation. Cette caractéristique a à la fois des inconvénients et des avantages, tous exacerbés par le contexte d’un conflit, plus ou moins violent, mais presque perpétuel avec les Palestiniens. Dans le cadre du conflit, c’est la légitimité même du projet israélien sioniste qui est mis en cause ainsi que ses contours géographiques. Ces dernières années, un consensus assez large se dessine au sein de la société israélienne : un accord fondé sur un échange des territoires contre une paix n'est pas possible. Dans ces conditions, le camp de l’intransigeance a le vent en poupe et plus globalement, une crispation idéologique, politique et sécuritaire est palpable mais, pour le moment, les garde- fous tiennent.      

Quel était ce projet d'interdiction des bus des colons aux Palestiniens, et pourquoi a-t-il été annulé ? Est-ce sous la pression nationale ou internationale ? 

Cette décision a été annulée suite à une indignation presque générale à l’international comme à l’intérieur du pays. Cette mesure a été conçue selon une logique pragmatique : séparer les populations pour minimiser la friction et la violence. C’est d’ailleurs la même logique qui guide la doctrine sécuritaire israélienne en général : dans les aéroports, on cible les populations à risque tout en essayant d’épargner celles qui ne posent pas de problèmes. Un citoyen israélien juif sera donc moins contrôlé qu'un citoyen israélien arabe par exemple. Jusqu’au jour où un israélien juif fera sauter un avion. D’ici là c’est l’efficacité – et donc le profilage - qui prime sur l’égalité. Sauf que parfois cette logique mène trop loin et les mesures adoptées sont symboliquement intenable. C’est le cas des transports séparés.        

Dans la plupart des pays du monde, les bus représentent un simple moyen de transport. En Israël, ils ont déjà été utilisés pour des attentats. Ces bus cristallisent-ils une peur dans le pays ? 

Pas vraiment. Il y avait, certes, des inquiétudes pendant les vagues importantes d’attentats de 1994-1996 et 2000-2004 mais cela ne dure pas.

Les israéliens ont voté, lors des dernières élections israéliennes, pour une ligne nationaliste, sécuritaire et identitaire. Sur ce sujet précis, il est difficile de connaître leur avis, mais en règle général, soutiennent-ils ce type d'initiatives ? Que sait-on de la réaction de l'opinion publique sur cette affaire ? 

La seule chose qu’on peut souligner, c'est que la mesure a été vite retirée – le jour même ou le lendemain -, que l’opposition a été vive, et qu'en revanche pratiquement personne ne l’a pas soutenu.

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