Avec une majorité réformiste, François Hollande va être obligé de se mettre au travail. Quelle galère !<!-- --> | Atlantico.fr
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Le congrès du PS a montré que la majorité au parti est clairement social-démocrate, dans la tendance Valls-Macron
Le congrès du PS a montré que  la majorité au parti est clairement social-démocrate, dans la tendance Valls-Macron
©Reuters

Plus d'excuse

Le congrès du parti socialiste a fait la part belle à la motion sponsorisée par François Hollande, ce qui marginalise du même coup les frondeurs. Dans ces conditions, les milieux d’affaires considèrent que le Président a les mains libres pour réformer… Mais restent sceptiques quant à sa détermination.

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre a été en charge de l'information économique sur TF1 et LCI jusqu'en 2010 puis sur i>TÉLÉ.

Aujourd'hui éditorialiste sur Atlantico.fr, il présente également une émission sur la chaîne BFM Business.

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Tout arrive, ou presque. Les milieux d’affaires appréhendaient un peu les conséquences d’un congrès socialiste qui aurait marqué le poids des frondeurs de l’extrême gauche au sein du parti. Dans ces conditions, François Hollande aurait dû développer un discours démagogique de gauche pour essayer de sauver sa position. Pour la même raison, il se serait figé, dans l’immobilisme, le plus absolu jusqu’aux présidentielles en promettant monts et merveilles à ce peuple de gauche qu’il a tant déçu.

Pour les chefs d’entreprises et les investisseurs la France allait encore perdre deux ans dans le processus de redressement bien engagé en Europe. Plus grave, l’économie n’aurait pas pu profiter des vents de reprise venus de l’extérieur.

Théoriquement, ce risque-là est écarté. La majorité au PS est clairement social-démocrate, dans la tendance Valls-Macron. Théoriquement elle est clairement partisante d’une économie de marché, d’une zone euro concurrentielle et clairement convaincue qu'il faudra redresser la compétitivité du système France.

Cette compétitivité passe par moins de dépenses publiques, donc moins d’impôts ; par plus d’investissements donc plus d’innovation. Mais pour que ces investissements s’accompagnent de créations d’emplois, il faut aussi que le marché de l’emploi soit plus fluide, d’où les projets de réformes fiscales et sociales.

C’est le seul moyen de redresser la maison France et de profiter du soutien hyper-généreux de la banque centrale européenne. C’est le seul moyen parce que la BCE, -contrairement à ce que quelques esprits spécieux ont fait croire-, ne peux pas faire des miracles toute seule. Les 1000 milliards d’euros qui seront distribués ne peuvent fertiliser l’économie européenne que si le système européen est en position pour produire plus et mieux. Si le système ne s’est pas réformé, les milliards de la BCE vont aller sur les marchés financiers engraisser les actifs et enrichir ceux qui sont déjà riches. C’est ce qui se passe actuellement.

Or la France est le pays le plus mal placé en Europe (avec la Grèce) pour capitaliser sur le soutien monétaire. La France (comme la Grèce) n’a fait que très peu de réformes de compétitivité.

Tout cela est donc très ambitieux. L’enjeu est donc considérable. Tout cela c’est la théorie. C’est la logique qui découle de ce choix politique enregistré lors de ce congrès. 

Les frondeurs, la gauche de la gauche, la gauche radicale, et les écologistes extrémistes sont fous furieux parce qu'ils ont pour le moment perdu la partie. Leur idée qui consistait à reprocher à François Hollande de ne pas avoir fait une politique sociale comme il s’y était engagé, a été infirmée par les militants qui ont voté.

En clair, la ligne Valls-Macron , dont on disait qu' elle ne plaisait qu'aux milieux d’affaires,  aux européens, à l’opposition de droite, cette ligne droitière ou centriste sur le terrain économique est désormais acceptée et approuvée par la majorité du partis socialiste. F Hollande a dû en être surpris lui-même.

Ce qui est intéressant c’est qu'en Allemagne et en Grande Bretagne, les peuples ont eux aussi voté pour des politiques économiques libérales, c’est à dire des politiques d’offre (La grande Bretagne a réussi a restaurer son industrie) et des politiques de compétitivité, coût et hors coût. D’où le plein emploi.

Conséquences évidentes : François Hollande n’a plus aucune excuse pour abandonner les réformes libérales, sociales et fiscales. Il n’a plus aucunes excuses politiques pour ne rien faire. Il ne dérangera personne s’il se met à travailler. Mais il faut qu’il se mette à travailler.

Le Medef va donc demander que le gouvernement accélère la réforme du droit du travail, Emmanuel Macron peut ressortir la loi Macron 2 qu'on lui avait demandé d’oublier … etc. etc.

Mais tout cela c’est de la théorie que se repassent en boucle les plus optimistes des patrons.

Les plus pessimistes ou réalistes eux, développent un autre scenario. Pour eux François Hollande peut très bien dormir sur ce succès et travailler à savonner la planche de Cécile Duflot qui est déjà très glissante et à surveiller Jean Luc Mélenchon. Son problème est d’éviter une primaire. Dans ce cas-là, l’élection au premier tour se jouera sur un programme très radical pour attirer les gauchistes. Il en restera forcément des traces au deuxième tour si François Hollande se qualifiait pour le second tour.

Dans les deux cas de figure, pour les acteurs du monde des affaires l’évolution au parti socialiste ne fait pas les affaires de la droite.

La majorité sortante est en train de conforter ses bases politiques. Ce que  François Hollande va exploiter.  A côté de lui, Manuel Valls va lui fabriquer un programme de gauche assez libéral pour draguer au centre et à droite.

Pendant ce temps-là, la droite n'a toujours pas de leader même si Nicolas Sarkozy s’affirme jour après jours comme le plus probable, mais surtout la droite n’a pas de programme cohérent.

Pour les spécialistes en science politique, la question du programme n’est pas prioritaire. Sauf que ça, c’était avant, quand les concepts keynésiens réglaient tous les disfonctionnements et les promesses les plus folles. 

Aujourd’hui, les démocraties ont besoin de savoir où elles vont et comment elles y vont. L’univers mondialisé est pavé de mauvaises intentions, il n’accepte pas les dérapages. Les Anglais n’ont pas voté pour la démagogie, ils ont voté pour la rigueur. Aucun sondage ne l’avait prévu.

Ce qui se passe au parti socialiste doit réjouir à juste titre François hollande mais qu’il en profite pour reformer la France ! A défaut de garder son fauteuil, il laisserait au moins une trace dans l’évolution de ce pays, il en a désormais les moyens politiques. Parce que pour l’instant, le bilan des trois premières années du quinquennat est assez nul.

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