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Faire chanter l’Europe : 
une tradition politique grecque ?
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Lutte gréco-européenne

L’annonce de la tenue en Grèce d’un référendum sur le plan de sauvetage décidé lors du récent sommet de Bruxelles a été plutôt mal reçue par ses partenaires européens. Cette décision grecque s'inscrit pourtant dans une certaine continuité des rapports qu'elle entretient avec l'UE...

Georges Prévélakis

Georges Prévélakis

Georges Prévélakis est professeur de géopolitique à l'Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne. 
Il est spécialiste franco-grec de géopolitique. Il a signé Géopolitique de la Grèce (Complexe, 2005)

 

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Atlantico : Le référendum annoncé par le Premier ministre grec Georges Papandréou a surpris l'Union européenne. Cette décision a été interprétée comme un "geste unilatéral" par François Fillon. Cette forme de chantage est-elle un mode de négociation récurrent de la part de la Grèce avec l’Union Européenne ?

Georges Prévélakis : Le gouvernement grec a perdu le soutien de sa population et il essaie tant bien que mal de se sauver en manipulant la relation entre l’Union européenne et la Grèce. Nous sommes là en présence d’une situation grave et dangereuse.

Pour le gouvernement grec, le seul moyen de survivre et de semer la discorde entre l’Union Européenne et la population grecque. Les autorités rejettent la responsabilité de ce qui se passe en ce moment sur l’Union européenne et détériorent ainsi l’image de la Grèce auprès des Européens. Elles se présentent comme les défenseurs du peuple grec face à une Europe qui impose la rigueur. Cette stratégie est néfaste. Mais ne confondons pas la Grèce avec ce gouvernement qui a totalement perdu sa crédibilité auprès de l’Union Européenne et sa légitimité auprès de son peuple.

Le double chantage que mène le gouvernement grec envers son peuple et envers l’Europe correspond à une stratégie opportuniste et populiste, déjà utilisée par Andréas Papandréou, le père de l’actuel Premier ministre, qui fut lui-même à la tête du gouvernement grec à deux reprises. Au moment d’obtenir des subventions de l’Union européenne, il avait dans un premier temps joué la carte anti-occidentale et anti-européenne afin de gagner en influence auprès de la population grecque. Puis, il avait ensuite employé la menace d’une sortie de l’Union européenne pour obtenir des subventions supplémentaires, utilisées ensuite pour alimenter le clientélisme et renforcer son emprise. Il a obtenu cet argent par du chantage. Il existe donc bien une certaine continuité familiale dans la façon de traiter avec l’Europe.


Les Grecs tiennent-ils pour responsables leur gouvernement ou l’Union européenne ?

La population en veut à son gouvernement et à l’Union européenne, parce qu’il y a eu une forme de négligence de la part des responsables européens, qui n’ont pas fourni beaucoup d’efforts pour comprendre ce qui se passait en Grèce ces 30 dernières années. Ils ont sous-estimé la capacité de nuisance des problèmes économiques grecs. Certains ont naïvement cru que la position périphérique de la Grèce écartait tout risque de propagation de ses difficultés économiques.  

D’un autre côté, il y a aussi une forte responsabilité des décideurs politiques grecs. Les acteurs politiques sérieux ont malheureusement été marginalisés. L’influence européenne a induit un filtrage négatif au sein de la classe politique grecque.

Je  ne pense pas pour autant que l’adhésion de la Grèce à l’Union européenne en 1981 ait été prématurée, son économie et ses institutions étaient à l'époque solides. La dérive vient pour moi de la personnalité d’Andréas Papandréou et de la compromission du pouvoir européen qui n'a su gérer la situation grecque uniquement sur le court-terme. Les problèmes grecs existent depuis 30 ans, et éclatent désormais. Cette explosion dont la crise économique a été le catalyseur, était prévisible. 

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