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Gollum, le personnage mythique du Seigneur des anneaux complètement perverti par le pouvoir des forces du mal.
Gollum, le personnage mythique du Seigneur des anneaux complètement perverti par le pouvoir des forces du mal.
©http://www.collectiblesdirect.co.uk

Lucy (bis)

Selon une étude, l'acquisition de nouveaux pouvoirs libère de l'endorphine, provoquant un sentiment d'euphorie qui peut couper de la réalité.

Le sentiment de pouvoir conduit-il forcément à l'optimisme ? Change-t-il la personne que nous sommes, notre rapport avec les gens, notre façon de voir le monde, notre réussite, notre état d'esprit ? Selon Heidi Grant Halvorson, professeur à l'Université de Colombia, "être dans une position de pouvoir par rapport à ceux qui nous entourent ne nous fait pas nécessairement changer, mais modifie nettement notre façon de percevoir les choses". Ainsi, l'acquisition de pouvoirs aurait des vertus sur le psychisme de l'être humain et stimulerait "des hormones comme l’endorphine, nous faisant baigner dans un sentiment d’euphorie et de satisfaction", semblables à une drogue.

Pascal Neveu, psychanalyste et directeur de l'Institut de Psychanalyse Active (IPA) nous explique que le fait d'être reconnu par une personne de pouvoir donne à un individu "une autorisation à exercer son savoir-faire" et une légitimité largement enviée. "Un changement d'environnement professionnel, un nouveau bureau, de nouvelles responsabilités, de nouveaux droits ou avantages, participent à une meilleure estime de soi et contribue à densifier la confiance en soi", de même que les encouragements et le fait d'être félicité peut stimuler un individu, qui se sentira valorisé et désireux de conserver ce sentiment d'autosatisfaction. "Les ingrédients sont à la fois psychiques et physiologiques : l’optimisme, le combat, la rage de vaincre, la foi en soi et ses idées, la peur de l’échec… activent des neuromédiateurs qui stimulent nos circuits cérébraux et réseaux neuronaux, de manière positive ou négative" explique-t-il, spécifiant qu'au contraire, une personne portant en elle "trop de pessimisme part avec un handicap cérébral réduisant ses chances de réussite de 30-40%, car ayant sollicité trop de neuromédiateurs inhibiteurs".

Le pouvoir augmente-t-il la capacité de concentration ?

 "La concentration implique une attention particulière, une mobilisation de facultés psychiques, mentales et physiques afin de mener à bien et à son terme une action et/ou accoucher d’une pensée" affirme le médecin. Selon lui, libérer son psychisme de ses doutes et ses appréhensions pourrait nous amener à s'autoriser "des fonctionnements et capacités cérébrales plus importantes" favorisant "l’utilisation plus vaste de nos capacités cérébrales via des processus cognitifs complexes". Et ce phénomène psychologique et psychique, s'explique de la manière suivante : "Ce sont à la fois les parties préfrontales du cerveau, impliquées dans le raisonnement (la déduction, la prise de décision…) et la région amygdalienne qui fait appel aux émotions (souvenirs et intuitions) qui sont sollicitées […] Celui qui a le sentiment de pouvoir n’a pas droit à l’erreur. Il doit penser et réfléchir ses actes et prises de décisions", explique Pascal Neveu.

De la prise de pouvoir à la prise de risques

Mais l'euphorie du pouvoir peut conduire à une prise de risques parfois dangereuse. En effet, la jouissance émanant d'un sentiment d'autosatisfaction et d'une prise de pourvoir "peut couper de la réalité". "Tout comme l’enfant ou l’adolescent qui pouvait s’identifier à des super-héros invincibles, la femme ou l’homme, vivant dans son corps et dans son mental le sentiment de pouvoir, est susceptible de penser contrôler et maîtriser la nature et le monde sur lequel il agit. Une forme de régression infantile nous envahit" explique le psychanalyste, précisant que le bon sens peut mettre en avant les dangers, car le sentiment de menace ou de peur est inconsciemment endormi.

Le rapport avec le pouvoir varie selon plusieurs facteurs

Le pouvoir s'exerce de différentes façons et peut se ressentir "aussi bien de manière positive que délétère". Il n'est pas rare que des personnes fortunées s'impliquent pour la bonne cause et fassent don de leur argent. Ces individus ont une forte capacité à entretenir "le contact avec la réalité et conserver un lien émotionnel et empathique avec autrui". En témoigne l'histoire insolite du PDG Dan Price qui a fait chuter son propre salaire pour augmenter celui de ses salariés. Dans ce cas, le chef d'entreprise obtient un retour positif de sa personne, de sa prise de décision et de ses valeurs. Un sentiment bienveillant, vecteur d'énergie positive et moteur pour l'avenir.

Car si le pouvoir procure un sentiment d'optimisme, c'est ce même sentiment positif qui fait perdurer une réussite. En revanche, si une personne de pouvoir "est égoïste et enclin à exercer sa supériorité, elle pourra se montrer écrasante, au-dessus des lois et prête à tout". Il s'agit alors de personnes frustrées "souffrant d’un complexe d’infériorité, castrées psychiquement, jouissant d’une forme de sadisme pervers dans sa relation à autrui". Seul son ego s'exprime. Le besoin de domination d'une personne de pouvoir s'explique aussi par le "complexe de l’imposteur. Il se verra en proie à de telles angoisses et craintes d’être démystifié, perdre son poste et son pouvoir rassurant, qu’il deviendra tyrannique".

En outre, le rapport qu'a un individu avec le pouvoir dépend aussi de sa nature profonde, de ses valeurs, de son vécu et de ses expériences. S'il change de manière considérable notre façon de percevoir les faits et dessine plus distinctement nos objectifs et les moyens de les atteindre, le pouvoir ne modifie pas l'être en lui-même. Selon Pascal Neveu, "le sentiment de pouvoir est tant objectif que subjectif. A partir de ce sentiment, chacun crée et s'autorise ce qu'il veut".

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