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Biennale de Venise 2015 : le verdict des professionnels du marché de l’art
©REUTERS/Toby Melville

Bilan des lagunes

La Biennale de Venise 2015, dirigée et commissionnée par Okwui Enwezor, a seulement commencé mais elle est déjà finie pour tous les professionnels du monde de l’art. Les conclusions sont tirées, les avis sont tranchés, et les commandes pour les artistes ayant eu l’honneur de participer à la biennale sont passées… Artsper et Atlantico vous dresse le bilan de cette 56ème Biennale de Venise.

François-Xavier  Trancart avec Artsper

François-Xavier Trancart avec Artsper

François-Xavier Trancart est le co-fondateur d'Artsper.com, site web spécialisée dans la vente et l'actualité de l'art contemporain .

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Thème

Okwui Enwezor a choisi All the World’s future comme thème pour cette 56ème édition de la Biennale de Venise. Cet intitulé se veut global et universel. Il est subdivisé en trois sous-chapitres: "Le vivant: une durée héroïque" ; "Jardin du Désordre" et "Capital: Lecture en Temps réel".

L’accent est mis sur l’imbrication entre le passé et le futur dans le monde contemporain ; et la sélection opérée par Enwezor cherche dans les arts une réponse aux défis de notre époque.

Points forts

  • L’importance de l’évènement: 136 artistes, dont 89 qui exposent pour la première fois, et venus de 53 pays qui exposent dans l’un des 30 pavillons nationaux ou dans les quelques 50.000m2 d’exposition à l’Arsenal. La Biennale de Venise est la plus importante et la plus ambitieuse manifestation d’art contemporain du monde et a contribué à la découverte de nombreux artistes.

  • La frénésie artistique qui s’empare de la Sérénissime ville de Venise: 44 évènements parallèles approuvés en marge de la Biennale et une orgie d’expositions et d’installations artistiques.

  • Des pavillons très inspirants et poétiques, notamment le pavillon français, américain, suisse, roumain, belge et anglais (Voir l’articleLes 10 Meilleurs Pavillons de la Biennale de Venise 2015)

  • Un directeur-curator d’envergure mondiale: Okwui Enwezor a plus d’une biennale dans sa poche, et plus d’une exposition dans son sac! Il a notamment été le directeur de la Documenta en 2002, de la Biennale de Séville en 2007 et de la Triennale de Paris en 2012. Quoiqu’on en dise, son thème focalisant sur les enjeux et les défis de notre société mérite d’être exploré…

  • Des visites pédagogiques: les organisateurs ont souhaité faciliter la visite en proposant des visites guidées pédagogiques, individuelles ou collectives, tant pour les professionnels que pour les amateurs et les profanes. Les visites varient selon votre degré d’initiation à l’artcontemporain.

Points faibles

  • Un thème trop large et flou: avec Okwui Enwezor, des phrases comme « L’art explore nos ‘résidus’, reliques de notre narration historique » se multiplient dans un blabla qui se veut universel mais qui manque de clarté.

  • Une sélection trop intellectualisée: face à un thème qui a l’ambition d’explorer les défis de la mondialisation et les conflits dans le monde, le visiteur reste quelque peu sur sa faim lorsqu’il se retrouve asséné de théories artistiques et de réflexions politiques. La sélection peut être jugée parfois comme n’étant pas suffisamment divertissante et stimulante, sans réelle surprise.

  • Une vision parfois déprimante du monde:All the World’s Futures tombe parfois dans un catalogue de la misère mondiale: Ebola, guerre civile, traffic humain, catastrophe naturelle, destruction environnementale… Alors que le thème se veut moralisateur et universel, on assiste surtout à un assemblage d’oeuvres individuelles sans déceler de message commun.

  • Un anti-capitalisme hypocrite? L’une des oeuvres phares de cette biennale de Venise est Ici Das Kapital: une lecture quotidienne duCapital de Karl Marx par l’acteur Isaac Julien. Mais lorsqu’on sait que la dernière oeuvre de Isaac Julien à Venise était commandée par Rolls-Royce, on s’interroge sur sa sincérité lorsqu’il lit d’un air inspiré les théories anti-capitalistes de Karl Marx. Cet ouvrage - que tout le monde a lu selon Okwui Enwezor! - semble porté comme un accessoire de coquetterie: il flatte le prétendu non-conformisme des organisateurs et des visiteurs de la Biennale de Venise.

En deux mots

Si vous étiez geek et amateur d’art, vous iriez sur twitter et écrieriez "J’ai le FOMO de Venise!". Le FOMO, c’est l’acronyme de "Fear Of Missing Out" et cela résume l’envie de ne pas rater un évènement majeur et intéressant. Car c’est bien ce dont il s’agit: un évènement majeur et extrêmement intéressant, qui concentre dans un lieu incroyable un éventail très large de la production artistique contemporaine.

S’il est vrai que l’ambition d’explorer toutes les crises du monde contemporain est un peu déçue, la Biennale de Venise reste l’une des seules occasions pour donner une voix à des artistes issus des périphéries du monde. A moins que ce ne soit un mythe pour déculpabiliser les commissaires d’exposition et les artistes qui se sentiraient coupable d’avoir adhéré à une diaspora intellectuelle fonctionnant en circuit fermé…

Quoi qu’on dise de la qualité de cette 56ème édition par rapport à une autre, l’atmosphère de Venise lors de la Biennale est électrisante et constitue une excuse parfaite pour déambuler dans l’une des plus belle ville du monde.

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