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Ce n'est pas la baisse du nombre 
de stewards qui menace Air France, 
ce sont les compagnies low cost !
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Ciel !

L'entreprise française d'aéronautique doit intensifier ses efforts pour s'adapter à la mondialisation.

Pascal Perri

Pascal Perri

Pascal Perri est économiste. Il dirige le cabinet PNC Economic, cabinet européen spécialisé dans les politiques de prix et les stratégies low cost. Il est l’auteur de  l’ouvrage "Les impôts pour les nuls" chez First Editions et de "Google, un ami qui ne vous veut pas que du bien" chez Anne Carrière.

En 2014, Pascal Perri a rendu un rapport sur l’impact social du numérique en France au ministre de l’économie.

Il est membre du talk "les grandes gueules de RMC" et consultant économique de l’agence RMC sport. Il commente régulièrement l’actualité économique dans les décodeurs de l’éco sur BFM Business.

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« Il y a maintenant le temps d’une génération, ceux qui étaient assis dans les avions gagnaient plus que ceux qui étaient debout. Aujourd’hui, c’est souvent l’inverse ». Cette petite formule symbolise assez bien le glissement progressif du modèle du transport aérien, d’une activité élitiste vers une activité de masse.

Je me suis désolé tout le weekend à écouter en boucle des syndicalistes navigants commerciaux raconter sur tous les tons que la réduction de 4 à 3 des PNC (personnels navigants commerciaux, hôtesses et stewards) remettait en question la sécurité des passagers sur les vols concernés, tous opérés en Airbus A 319. Rien n’est plus faux.

La sécurité des passagers est d’abord assurée par la qualité des machines, par le travail de sûreté en amont dans les aéroports, par les personnels navigants techniques et pour partie seulement par les PNC eux-mêmes. A écouter les voix qui se sont faites entendre, Air France serait sous le coup d’une menace grave pour les passagers. Non, ce qui menace Air France, sur son marché domestique et en Europe, c'est la montée en puissance des compagnies low cost sur le point à point (par exemple Orly-Nice, Orly-Genève ou Paris-Londres) et la concurrence du TGV.

Le transport aérien affronte en France des vents contraires. Le train à grande vitesse, qui bénéficie de subventions directes ou indirectes, domine toutes les routes sur lesquelles il s’est déployé. Marseille, Bordeaux, Strasbourg, Londres, Bruxelles, Frankfurt. Pour chasser l’avion du marché, le TGV a d’abord proposé des prix cassés, puis une fois installé et en situation de domination du marché, il les a relevés. Le train a mis en œuvre la vieille politique du prix prédateur (en profitant des subventions publiques), puis celle du prix de la rente !

Sur un autre front, face à Air France, les low cost proposent un produit simplifié et segmenté. Grâce à leur modèle économique, ces compagnies sont parvenues à capter une clientèle convaincue des vertus de la démocratisation du transport aérien. La grève des PNC d’Air France est à cet égard un véritable déni de réalité. Le transport aérien n’est, Dieu merci, plus un marché de luxe, mais un mass market accessible. On peut regretter l’écart grandissant des charges de personnels entre la France et ses voisins, Irlande, Angleterre et même Allemagne, mais faut-il accabler la direction d’Air France ? Le modèle économique dominant, partout dans le monde, pour le transport aérien est celui de la simplicité, de la segmentation du service et des petits prix.

Pour résister au TGV et aux low cost, Air France n'a d'autres ressources que d'aménager son modèle court courrier pour le rendre moins statutaire et plus utilitariste. La logique économique ultime voudrait même que la compagnie sépare ses activités pour filialiser le court courrier en France et en Europe pour baisser ses couts de production et reprendre des parts de marché. Air France est une compagnie « monde ». Son ancien Président, Jean-Cyril Spinetta, avait le projet d’en faire un jour un grand transporteur chinois, indien etc. Il voyait juste. La croissance est aussi dans ces nouveaux territoires de la mondialisation. Mais pour être une compagnie à l'échelon du monde, il faut pouvoir protéger son marché domestique. C’est lui qui vient alimenter le hub de Roissy et qui remplit les vols longs courriers. Pour y parvenir, la compagnie doit ajuster son économie sur les vols de deux heures et moins. C’est une question stratégique que les syndicalistes devront eux aussi trancher, pour sauver Air France de la menace concurrentielle !

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