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Afrique du Sud : pas simple du tout le vivre-ensemble
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Atlanti-Culture

Le film d'Alain Choquart, "Ladygrey", montre combien, dix ans après, l'Afrique du Sud est encore prisonnière de sa mémoire.

Philippe Moisand pour Culture-Tops

Philippe Moisand pour Culture-Tops

Philippe Moisand est chroniqueur pour Culture-Tops.

Culture-Tops est un site de chroniques couvrant l'ensemble de l'activité culturelle (théâtre, One Man Shows, opéras, ballets, spectacles divers, cinéma, expos, livres, etc.).

 

 

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Ladygrey, un film d''Alain Choquart
Avec Peter Sansgaard (Samuel), Jérémie Renier (Mattis), Emily Mortimer (Olive), Liam Cunningham (Angus)
Sortie en salles le 6 mai

LE REALISATEUR

Alain Choquart est dans le cinéma depuis une vingtaine d'années. Il a surtout travaillé comme chef opérateur, notamment avec Bertrand Tavernier, mais il a aussi signé la mise en scène de certains épisodes de Julie Lescaut et Sous le Soleil. Ladygrey est son premier film long métrage en tant que réalisateur. C'est le nom d'une variante du fameux thé Earl Grey, mais c'est ici celui du lieu dans lequel se situe l'action.

THEME

Inspiré de deux romans d'Hubert Mingarelli ("La Dernière Neige" et "Une Rivière verte et silencieuse"), le scénario mêle les personnages et les histoires des deux ouvrages en les transplantant en Afrique du Sud. Dix ans après la fin de l'apartheid, Noirs et Blancs tentent de vivre ensemble, mais se heurtent au souvenir d'une vieille histoire qui a visiblement marqué les esprits. On découvrira progressivement la vérité qui tourne autour des onze de Ladygrey, cette fresque qui rappelle le souvenir d'un évènement sanglant et qui illustre la difficulté pour les deux communautés noire et blanche de s'imaginer un destin commun.

POINTS FORTS

Le choix audacieux d'aborder un sujet très sensible et particulièrement complexe, celui de la vie en commun après un traumatisme collectif, qui n'est pas sans nous rappeler des souvenirs déjà anciens datant de la Libération. On pense aussi à l'Allemagne de l'Est d'après la chute du mur.
L'équipe solide et homogène d'acteurs dont chacun porte avec talent et conviction son personnage, et à laquelle Claude Rich apporte son concours malicieux.

La Nature (les montagnes du Drakensberg), toile de fond de l'histoire, comme si elle était un véritable personnage du film.

POINTS FAIBLES

Le scénario qui tourne autour de deux thèmes, celui de la culpabilité et celui du comment vivre ensemble après un traumatisme collectif, sans véritablement traiter le second.

La sensation de dispersion, renforcée par la multiplication des personnages dont on peine parfois à suivre le parcours. Le puzzle est bien difficile à reconstituer.

EN DEUX MOTS...

Il y a plus de Blancs que de Noirs dans ce film, ce qui peut paraître surprenant quand on s'interroge sur le point de savoir si les deux communautés, autrefois antagonistes, sont capables d'imaginer un destin commun. On comprend certes bien les Blancs  mal à l'aise dans leur peau d'anciens maîtres du pays et honteux des exactions qu'ils ont pu commettre en toute impunité. La parole rentrée, le non dit, la fuite dans le délire sont aujourd'hui leurs seuls refuges. N'échappent à la règle que Mattis, toujours à la poursuite de ses rêves d'enfance (l'aigle pêcheur), et Olive, jeune infirmière fraichement débarquée et qui n'a donc pas vécu les faits. Mais on reste là sur le terrain, déjà maintes fois exploré, de la culpabilité des Blancs. Pour toucher véritablement le thème du "vivre ensemble", il eut fallu donner une véritable épaisseur à la communauté noire, alors qu'elle n'est ici représentée que par des personnages secondaires, quelque peu stéréotypés.

UNE PHRASE

Tirée du livre de Mingarelli et révélatrice, selon Choquart, de ce qui guide chacun des personnages: "L'enfant se précipite pour recueillir, dans les herbes, les perles de rosée, mais il se retrouve les mains vides et les doigts mouillés".

RECOMANDATION

BON

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