Quand VGE et Valls font le même constat : la France perd du terrain en Europe<!-- --> | Atlantico.fr
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Manuel Valls veut que le gouvernement s'intéresse plus à l'Europe.
Manuel Valls veut que le gouvernement s'intéresse plus à l'Europe.
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Abandon de poste

Manuel Valls a demandé à son équipe d'être plus assidue au Parlement européen. Cela ne réparera pas le manque de réaction de François Hollande à chaque poste perdu par la France au niveau européen depuis son élection.

Éric Verhaeghe

Éric Verhaeghe

Éric Verhaeghe est le fondateur du cabinet Parménide et président de Triapalio. Il est l'auteur de Faut-il quitter la France ? (Jacob-Duvernet, avril 2012). Son site : www.eric-verhaeghe.fr Il vient de créer un nouveau site : www.lecourrierdesstrateges.fr
 

Diplômé de l'Ena (promotion Copernic) et titulaire d'une maîtrise de philosophie et d'un Dea d'histoire à l'université Paris-I, il est né à Liège en 1968.

 

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Article publié initialement sur le blog d'Eric Verhaeghe

Valls a profité du conseil des Ministres pour recadrer son équipe, trop absente de Bruxelles. Ce rappel à l’ordre a au moins le mérite de montrer que quelqu’un prend enfin conscience du problème général de l’effacement progressif de la France sur la scène européenne.

    Le manque d’assiduité des députés français à Strasbourg mais aussi des ministres de la République aux nombreuses réunions avec leurs homologues de l’UE est souvent épinglée.

    « Je demande donc à chaque membre du gouvernement de participer systématiquement aux Conseils de l’UE, d’assurer une présence plus soutenue au Parlement européen (…) et de se déplacer plus régulièrement dans les pays européens », a dit Manuel Valls selon le texte de sa communication sur « le projet européen de la France » en conseil des ministres. « Une présence plus forte dans les médias étrangers est également nécessaire. »

Enfin un moment de lucidité à la tête de l’Etat!

Les technocrates au pouvoir ont en effet décrété il y a quelques années que la France était une « puissance moyenne » qui ne pouvait plus peser que par l’Europe… mais qui ont dans le même temps décidé – à rebours des Britanniques et des Allemands – de déserter les couloirs des institutions européennes. Celles-ci, il est vrai, ne produisent que 80% de la réglementation applicable en France. Pas de quoi fouetter un chat!

Il serait intéressant de montrer que ce dédain pour l’Europe ne touche pas que les politiques. Il imprègne l’ensemble de la haute administration française qui considère qu’un passage à Bruxelles équivaut à un placard dans la carrière.

Je rappellerai ici les excellents papiers de Jean Quatremer, dont cette citation:

La Commission européenne présidée par le Luxembourgeois Jean-Claude Juncker offre un raccourci saisissant de ce que pèse la France dans l’Union. Sur 28 commissaires (un par État membre), un seul a choisi un chef de cabinet (directeur de cabinet) français : Pierre Moscovici, le commissaire français chargé des affaires économiques et financières. En revanche, quatre ont choisi un chef cab’ allemand, dont Jean-Claude Juncker, le président de la Commission. Si l’on additionne les chefs cab’ et les chefs cab’ adjoints, on découvre qu’il n’y a que trois Français, mais neuf Allemands, un déséquilibre sans précédent. Même les Britanniques font mieux (six postes), mais aussi les Belges (six). Les Français se retrouvent au niveau des Finlandais, c’est dire…

L’élite française veut faire croire que le déclin international de la France est inexorable. C’est une façon commode de se dédouaner. Il tient d’abord à une paresse patriotique qui consiste à ne plus faire le « job » de présence pour lequel on est payé, ou à ne pas s’y adapter. Tout cela n’est qu’affaire de volonté et de stratégie, et n’a rien à voir avec le destin.

Sur ce point, une vraie question porte sur l’aggravation du phénomène depuis l’arrivée de François Hollande au pouvoir. Comme l’a souligné Valéry Giscard d’Estaing, le président élu en 2012 n’a obtenu, en trois ans de mandat, qu’un maigre poste de commissaire aux affaires économiques, pour Pierre Moscovici, son ancien directeur de campagne. Pour le reste, la France a perdu ses postes un à un sans réaction présidentielle.

L’incapacité de François Hollande à obtenir un véritable plan de relance au niveau européen est la conséquence la plus flagrante de nos positions continentales, prix à payer pour notre absence de réforme ambitieuse sur le plan intérieur.

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