Bureau politique de l'UMP : Sarkozy lâche sa garde mais verrouille le parti au nez et à la barbe de ses concurrents<!-- --> | Atlantico.fr
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Sarkozy lâche sa garde mais verrouille le parti.
Sarkozy lâche sa garde mais verrouille le parti.
©Reuters

Nico la manœuvre

Si la réunion du mardi 5 mai avait pour objet de valider le nom de la prochaine formation de droite, elle devait surtout se positionner sur le principe d'une liste unique pour la composition du futur bureau politique. Une idée qui fait l'objet d'intenses tractations entre les différents candidats à la primaire.

Christelle Bertrand

Christelle Bertrand

Christelle Bertrand, journaliste politique à Atlantico, suit la vie politique française depuis 1999 pour le quotidien France-Soir, puis pour le magazine VSD, participant à de nombreux déplacements avec Nicolas Sarkozy, Alain Juppé, François Hollande, François Bayrou ou encore Ségolène Royal.

Son dernier livre, Chronique d'une revanche annoncéeraconte de quelle manière Nicolas Sarkozy prépare son retour depuis 2012 (Editions Du Moment, 2014).

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Pour la xième fois, ce mardi 5 mai, Frédérique Péchenard envoie un mail aux membres du Bureau politique de l’UMP. Il indique un nouveau changement d’horaire : ce ne sera pas 18h comme  prévu initialement, ni 17h comme Nicolas Sarkozy l’avait finalement demandé, mais 17h30. Et le directeur général de l’UMP d’insister pour que chacun confirme sa présence. "Nicolas Sarkozy veut toujours savoir qui sera présent au bureau politique, sur qui il peut compter, mais cette fois plus encore que d’habitude", explique un cadre du parti. Il faut dire que l’enjeu est de taille. Le bureau politique devait hier soir valider le nouveau nom de l’UMP, les statuts et surtout, surtout, le principe d’une liste unique pour la composition du futur bureau politique, du futur gouvernement de l’UMP.

Depuis plusieurs jours, les tractations vont bon train. Bruno Le Maire, le 9 avril, lors d’un déjeuner avec Nicolas Sarkozy, a tapé du poing sur la table : "je veux 20 représentants !". Puis Alain Juppé et François Fillon ont fait de même. Chacun voulant autant que l’autre et surtout que le premier et le premier défendant l’idée que le bureau politique doit être à l’image des dernières élections internes : 20 pour lui 80 pour Sarko. Le week-end dernier, Nicolas Sarkozy aurait accepté les désideratas de Le Maire, restait à satisfaire Juppé et Fillon. L’idéal aurait été d’accorder 20 représentants à chacun mais ne restait que 20 postes pour les proches de Nicolas Sarkozy sans compter ceux de Xavier Bertrand ou encore de Hervé Mariton lui aussi candidat à la primaire. "Si les équilibres ne sont pas respectés, nous irons au clash, nous ne voterons pas le principe d’une liste commune", clamaient encore la veille des proches de Juppé. Il n'y a finalement pas eu de vote mais une approbation générale.

Pour arriver à cet accord, l’ancien chef de l’Etat a sans doute dû réviser ses prétentions et rogner sur le nombre de ses propres représentants. "Sa stratégie de rassemblement est prioritaire, il est prêt à sacrifier beaucoup pour ça", explique un membre actuel du bureau politique. Rassemblement vraiment ? Certes, accepter des Le Mairistes, des fillonistes et des juppéistes en nombre au bureau politique cela n’a rien de mauvais pour l’image d’un homme considéré, jusque-là, comme un peu sectaire d’autant qu’il n’a pas grand-chose à y perdre.

Tout d’abord parce qu’il a déjà les pleins pouvoir à l’UMP. En tenant, par exemple, les rênes de la commission d’investiture dont le président est Christian Estrosi et les vice-présidents Roger Karoutchi, Alain Marleix et Nadine Morano, Nicolas Sarkozy tient, en quelque sorte, les futurs jobs des uns et des autres. "Ils ne sont plus très nombreux, aujourd’hui, à lui tenir tête car leur avenir dépend de lui", témoigne un membre du bureau politique.

De plus, en élargissant le bureau politique à 80 membres, Nicolas Sarkozy dilue le pouvoir, "on ne va plus servir à rien", sourit l’un des membres actuels. D’ailleurs Edouard Philippe, un proche d’Alain Juppé, a tenté de s’y opposer. "80, ça fait beaucoup, pourquoi ne restons-nous pas en petit comité ? A-t-il demandé à Nicolas Sarkozy, insistant même : "Aujourd’hui le bureau politique suit toujours la ligne". "Ca, c’est pour le moment", lui a répondu le président de l’UMP, conscient que lorsque la campagne des primaires sera lancée chacun défendra son candidat.

Mais surtout, Nicolas Sarkozy sait bien que sans accord, les 28 et 29 mai prochains plusieurs listes seront amenées à s’affronter. Des listes sur lesquelles, cette fois, Nicolas Sarkozy n’aura aucun droit de regard. Or la liste unique sera composée par lui seul de personnalités sarko-compatibles. "Dans les noms que nous lui avons proposé, il n’y a personne avec qui il ne s’entend pas, nous ne sommes pas idiots, expliquait-on d’ailleurs chez Bruno Le Maire". D’où l’intérêt de sacrifier, même beaucoup, afin d’obtenir l’accord de toutes les parties. D’où l’intérêt de sacrifier… Même ses proches.

Une vieille pratique inaugurée en 2007 lorsque, tout juste élu, Nicolas Sarkozy s’adonne à l’ouverture et nomme des ministres de gauche au détriment de ses fidèles. La polémique enfle, à nouveau, lorsque l’ex président de la République constitue son équipe de campagne en décembre dernier. Nadine Morano fulmine : "Il sait que je lui porte de l'affection mais quand je le vois aller chercher des gens qui lui crachent à la figure je ne vois pas l'intérêt". Le ton monte encore quelques jours après la victoire de Nicolas Sarkozy alors qu’il fait entrer Fillonistes, Le Mairistes et Juppéiste dans les instances dirigeantes du parti. "Sacrifier ses proches pour réussir la synthèse c’est  son habitude, en ça c’est un anti Hollande. Mais ensuite il corrige toujours le tire", explique un proche. D’ailleurs Nadine Morano a été depuis nommé vice-présidente de la très stratégique… commission d’investiture.

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