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Jean-Marie humilié, Jean-Marie martyrisé, Jean-Marie (enfin) libéré
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The show must go on

Le Pen père a retrouvé sa liberté de parole. Toute sa liberté. Et il va s'en servir…

Benoît Rayski

Benoît Rayski

Benoît Rayski est historien, écrivain et journaliste. Il vient de publier Le gauchisme, maladie sénile du communisme avec Atlantico Editions et Eyrolles E-books.

Il est également l'auteur de Là où vont les cigognes (Ramsay), L'affiche rouge (Denoël), ou encore de L'homme que vous aimez haïr (Grasset) qui dénonce l' "anti-sarkozysme primaire" ambiant.

Il a travaillé comme journaliste pour France Soir, L'Événement du jeudi, Le Matin de Paris ou Globe.

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Depuis hier, Jean-Marie le Pen est un homme libre. Ce qu'il n'était pas tout à fait en tant que Président d'honneur du Front National. Ses responsabilités et les colères de sa fille l'entravaient dans ses exercices déclamatoires. L'homme était bridé. Et seuls des journalistes pugnaces parvenaient à lui arracher des cris du cœur considérés par Marine le Pen comme des "provocations". Alors que lui – reconnaissons-lui cette honnêteté  ne faisait que dire tout haut ce qu'il pensait tout bas.

Auparavant ce qui sortait de sa bouche était estampillé FN. Dorénavant ce sera juste une "opinion personnelle". Ca évitera à sa fille, à Aliot, à Philippot et à Collard de balancer des communiqués ronronnants et routiniers : "ce qu'a dit Jean-Marie le Pen ne représente pas l'opinion du parti". Mais on aurait tort pour autant de penser que le souverain déchu ne continuera pas à pourrir la vie de sa fille et du parti qu'il a fondé. Il a déjà commencé très fort, en suggérant à Marine le Pen d'épouser Aliot ou Philippot (c'est supposé être drôle) pour qu'elle ne salisse plus son nom.

Les médias aiment Jean-Marie le Pen. C'est depuis des dizaines d'années un bon client. On le traîne dans la boue certes. Mais les micros se tendent vers lui et les caméras le fixent. Car il fait de l'audience et du buzz le bougre ! Mais enfin il est âgé, très âgé… Pas du tout. Aznavour (quelques années de plus) et Hugues Aufray chantent toujours. De même que Johnny Hallyday (quelques années de moins quand même).

Le nouveau Jean-Marie vient donc d'arriver. Libre, vengeur et requinqué. Maintenant il pourra y aller franco comme dans les années 50, quand, tout jeune député poujadiste, il vomissait le "juif Mendès". Avec sa fougue retrouvée – merci Marine !  il n'aura plus besoin de se retenir, ce qui est mauvais pour l'équilibre psychique. Si il a encore envie de parler de "fournée" il ne se contentera plus de citer seulement Patrick Bruel. Frédéric Haziza, Jean-Jacques Goldman, Ruth Elkrief et tant d'autres verront leurs noms invoqués. Ca, ce sera de la "fournée", de la vraie !

Supposons qu'il soit saisi de nouveaux élans amoureux pour Pétain. Il sera libre alors d'expliciter son propos avec tous les points de détail nécessaires. Et on le verra féliciter le Maréchal d'avoir débarrassé la terre de France de sa racaille cosmopolite. Juifs, métèques, escortés par les gendarmes de Vichy jusqu'aux trains en partance pour Auschwitz. Et quand il voudra s'en prendre à l'entourage de sa fille, rien ne pourra le priver des mots qu'il affectionne : pédés, tapettes, tantouzes.

Mais sa vigueur et sa verve trouveront d'autres champs d'applications oratoires. Car la France a changée. Et Jean-Marie le Pen, homme moderne, a évolué avec elle. Quand il sera question d'un Noir ou d'une Noire qui pourrait l'empêcher de le (la) traiter de "bamboula" ? Et il ferait beau voir qu'on lui interdise de parler des Arabes en utilisant les doux noms de "melons", "bicots", "norafs"…

Il est comme ça le Jean-Marie. Le dernier des monstres sacrés enfantés par la quatrième République. Tant qu'il était en cage il rugissait seulement un petit peu. Mais le dompteur (une dompteuse en l'occurrence) a abandonné la partie. Et un fauve lâché dans la nature… On dit d'ailleurs qu'après la décision du bureau politique du FN il a éclaté de rire. Puis il est allé se bourrer la gueule avec ses potes Soral et Dieudonné. Et les trois joyeux compères, un peu avinés, ont chanté en chœur "La noce à Rebecca", une bonne vieille chanson anti-juive d'avant guerre.

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