François Hollande, président préféré des pétromonarchies du Golfe : qu’y gagne vraiment la France ?<!-- --> | Atlantico.fr
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C'est la première fois qu'un dirigeant occidental est invité à participer au Conseil de coopération des pays du Golfe.
C'est la première fois qu'un dirigeant occidental est invité à participer au Conseil de coopération des pays du Golfe.
©Reuters

Chou chou

François Hollande était l'invité d'honneur du Conseil de coopération des pays du Golfe où il s'est rendu ce lundi 4 mai. Une première pour un dirigeant occidental.

Frédéric Encel

Frédéric Encel

Frédéric Encel est Docteur HDR en géopolitique, maître de conférences à Sciences-Po Paris, Grand prix de la Société de Géographie et membre du Comité de rédaction d'Hérodote. Il a fondé et anime chaque année les Rencontres internationales géopolitiques de Trouville-sur-Mer. Frédéric Encel est l'auteur des Voies de la puissance chez Odile Jacob pour lequel il reçoit le prix du livre géopolitique 2022 et le Prix Histoire-Géographie de l’Académie des Sciences morales et politiques en 2023.

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Atlantico : C'est la première fois qu'un dirigeant occidental est invité à participer au Conseil de coopération des pays du Golfe, invitation qui aurait été motivée par le fait que "la France a une approche rationnelle de la région", selon des propos recueillis par le JDD. Comment expliquer cette soudaine proximité avec les pays du Golfe ?

Frédéric Encel : Cette proximité est rationnelle, oui, si l'on s'attache à deux réalités concrètes et immédiates, l'une politique, l'autre économique. La politique d'abord : les régimes sunnites sont bien plus nombreux que les régimes chiites (au pouvoir à Téhéran, Bagdad et Damas seulement) dans le monde arabo-musulman. L'économique ensuite : on la voit à l'œuvre en ce moment ; les pétromonarchies du Golfe disposent de ressources financières extrêmement importantes, ce qui les rend bien entendu solvables. D'où l'espoir pour la France de leur vendre des matériels civils et militaires à haute valeur ajoutée, a commencer par nos Rafale.

Mais attention à la rationalité à courte vue ; ne perdons pas de vue que le Qatar et l'Arabie saoudite sont dirigés par des pouvoir ultra conservateurs sinon clairement théocratique, l'idéologie wahhabite incarnant la branche la plus rigoriste des interprétations théologiques de l'islam. Pire : le Qatar (qui exploite des centaines de milliers de travailleurs dans des conditions pitoyables) est fortement soupçonné d'avoir financé des groupes islamistes radicaux, y compris en Syrie et... au Mali.

Concrètement, la France pourrait-elle en retirer des avantages ? Qu'a-t-elle à gagner de cette relation plus que cordiale ?

De substantielles rentrées d'argent frais ! A cet égard, on ne peut pas reprocher au président de chercher à renflouer les caisses de l'Etat tout en faisant fonctionner l'une des rares parties de notre industrie encore debout.

D'un point de vue plus diplomatique, on y gagne aussi en influence dans une région qui était jusqu'alors dominée par les Britanniques et surtout les Américains. Mais là encore, prudence ; les États bédouins du Golfe sont très fragiles car intégralement dépendants des cours et de l'écoulement du brut. Par ailleurs, cette grande proximité avec eux nous vaudra d'une façon ou une autre l'inimitié du camp chiite, un ensemble disparate mais depuis une décennie au moins en pleine montée en puissance.

Qu'attendent les dirigeants des pétro-monarchies en retour ?

Un nouveau fournisseur d'armements de pointe. Ce qui leur permet de ne plus mettre tous leurs œufs dans le même panier, au regard du rééquilibrage américain en faveur de l'Iran, l'adversaire commun.

C'est aussi un moyen pour eux d'exprimer leur colère vis-à-vis d'Obama sur ce dossier. Et au pire, en cas de montée aux extrêmes avec Téhéran, un soutien militaire direct ; après tout, la France a déjà une base militaire et une douzaine de Rafale positionnés aux Émirats arabes unis...

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