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"Le Labyrinthe du silence" : une page d’histoire sur le nazisme, le meilleur film de ces dernières semaines
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Le long métrage de Giulio Ricciarelli constitue un réquisitoire impressionnant qui relance, une nouvelle fois, le débat sur la dénazification.

François Quenin pour Culture-Tops

François Quenin pour Culture-Tops

François Quenin est chroniqueur pour Culture-Tops.

Culture-Tops est un site de chroniques couvrant l'ensemble de l'activité culturelle (théâtre, One Man Shows, opéras, ballets, spectacles divers, cinéma, expos, livres, etc.).
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LE REALISATEUR

Né à Milan en 1965, Giulio Ricciarelli a mené une carrière d’acteur de théâtre en Allemagne. Il a fondé sa société de production de films en 2000 et réalisé plusieurs courts métrages. "Le labyrinthe du silence", dont il a écrit le scénario et assuré la mise en scène, est son premier long-métrage.

THÈME

Dans les années 1950, un jeune procureur allemand de la cour de Francfort, Johann Radmann (interprété par le charismatique Alexander Fehling), entend parler pour la première fois d’Auschwitz, aussi étonnant que cela puisse paraître. Son supérieur hiérarchique, le procureur général Fritz Bauer (joué par Gert Voss), le soutient dès lors que Radmann décide de poursuivre les SS ayant travaillé dans ce camp. Radmann lance donc une vaste recherche. Au final, vingt-deux prévenus seront jugés à Francfort en 1963, dans ce premier procès organisé par des Allemands (Nuremberg avait été mené par les Alliés).

POINTS FORTS

- Ce formidable film de fiction est une leçon et une page d’histoire. Le procureur général Fritz Bauer, responsable de cette première chasse aux nazis effectuée par des Allemands, fut arrêté par la Gestapo en 1933. Il réussit à se réfugier au Danemark puis en Suède. Il rentre en Allemagne en 1949 et participe à la refondation du système judiciaire de la RFA (République Fédérale Allemagne ou Allemagne de l’Ouest). Nommé procureur général à la cour de Francfort en 1956, il occupera cette fonction jusqu’à sa mort en 1968.

- L’enjeu est le suivant : faut-il recouvrir d’un voile de silence des faits innommables afin de protéger les anciens nazis qui sont revenus aux affaires et font redémarrer l’économie du pays ? Comme le demande un magistrat : « Voulez-vous que tous les jeunes allemands se demandent si leur père est un meurtrier ? » Le procès de Nuremberg n'aurait-il pas dû mettre un point final à la dénazification ?

- L’acteur qui interprète Radmann est un concentré de plusieurs personnages de l’époque. Ce choix scénaristique permet au spectateur de s’attacher à ce justicier qui ne se décourage jamais.

- La mise en scène est claire, didactique et efficace (vive le cinéma allemand !); elle accompagne admirablement le spectateur dans cette Allemagne d’après guerre, tellement traumatisée qu’elle a opté pour un silence de plomb.  

POINTS FAIBLES

- Les esprits chagrins et critiques patentés, dont je fais partie..., parleront sans doute à juste titre d’académisme car tout est vissé vers un dénouement pressenti et attendu.

- On aurait aimé assister au procès après avoir suivi cette longue traque : les procureurs vont appréhender des chefs d’entreprise, des artisans, des professeurs… Mais le film dure déjà deux heures… Il s’arrête donc à la veille du procès.

EN DEUX MOTS...

En fait, « Le labyrinthe du silence » met au jour le système concentrationnaire nazi. Pour les jeunes générations, c’est une dure et bonne approche pédagogique. "Le procès de Francfort fut décisif dans l’histoire de la mémoire du nazisme en Allemagne", déclare l’historien Guillaume Mouralis.

A mon avis, c'est le meilleur film de ces dernières semaines.

RECOMMANDATION

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Un remarquable film à charge.

CINEMA

Le labyrinthe du silence

de Giulio Ricciarelli

Avec Alexander Fehling (Johann Radmann), André Szymanski (Thomas Gnielka), Frederike Becht (Marlene Wondrak), Gert Voss (Fritz Bauer).

Sortie le 29 avril

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