Vers la possibilité de désactiver le sentiment de la faim : la découverte qui pourrait tout changer aux régimes<!-- --> | Atlantico.fr
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Des scientifiques anglais et américains auraient découvert la cellule du cerveau responsable de la sensation de faim.
Des scientifiques anglais et américains auraient découvert la cellule du cerveau responsable de la sensation de faim.
©Pixabay

Objectif minceur

Faire un régime sera-t-il bientôt obsolète? Peut-être, car des chercheurs anglo-saxons affirment avoir trouvé la cellule du cerveau responsable de la sensation de faim.

Arnaud Cocaul

Arnaud Cocaul

Arnaud Cocaul est médecin nutritionniste. Il est membre du Think Tank ObésitéSIl a dernièrement écrit Le S.A.V. des régimes aux éditions Marabout.

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Atlantico : Des scientifiques anglais et américains (University of Edinburgh, Harvard Medical School) auraient découvert la cellule du cerveau responsable de la sensation de faim. Jusqu'à aujourd'hui, nous ne savions-nous pas ce qui causait la sensation de faim. Qu'en pensez-vous ?

Arnaud Cocaul : Nous connaissons des hormones périphériques capables de stimuler l’appétit comme la ghreline fabriquée par l’estomac  et  nous savons que le signal de la faim est étroitement dépendant du métabolisme du glucose avec intervention de récepteurs centraux au glucose.

Nous savons également que l’hypothalamus (structure du système nerveux) contrôle l’appétit et la satiété. Dire qu’une cellule est responsable de la sensation de faim est un excès de langage et ne renvoie pas à la complexité du message alimentaire, de sa perception par le cerveau, de son analyse et de l’adaptation de notre comportement alimentaire en fonction de la situation. 

L'expérience donnant lieu à la découverte a été réalisée sur des souris. Activer les cellules responsables de la sensation de faim chez l'homme aurait-il le même effet?

L’homme est un animal doué de déraison et qui échappe souvent au formatage attendu. On ne peut espérer reproduire des comportements alimentaires stéréotypés car chaque être est unique et l’éducation, la mémoire, la génétique  font également partie des sollicitateurs de la prise alimentaire.

Comment utiliser cette découverte afin de venir en aide aux personnes qui cherchent à perdre du poids ? 

Je doute que cette découverte serve directement les personnes en surpoids ou obèses.  Tout le monde cherche la méthode pour perdre le plus rapidement possible du poids sans concevoir que cette face immergée de l’iceberg cache une multitude de mécanismes biochimiques et moléculaires contribuant au contrôle de la prise alimentaire en étroite collaboration avec l’hypothalamus.  

Un médicament stimulant cette cellule du cerveau pourrait-il être conceptualisé ?  

Je n’y crois absolument pas. Permettre aux individus de maitriser leur prise alimentaire passe par le rassasiement conditionné qui permet à notre organisme d’anticiper les effets post ingestifs des aliments ingérés. On doit bénéficier d’un apprentissage alimentaire qui se passe très tôt et  même probablement  in utéro et qui permet d’établir un lien entre l’image sensorielle d’un aliment et les effets post absorptifs attendus et observés lors de présentations antérieures. Pour un aliment donné, l’unité centrale qu’est notre cerveau identifie l’image sensorielle attribuée à cet aliment et détermine ainsi la quantité à consommer et donc les effets attendus en se référant à une mémorisation des aliments. Le cerveau nous indique la quantité à absorber et nous permet d’arrêter la prise alimentaire dès que les besoins sont couverts. Il peut exister  des perturbations à cette maîtrise parfaite et à cet ajustement adéquat entre les apports et les besoins. Ce sont les troubles du comportement alimentaire et une pilule ne permet pas de corriger cette dérive mais peut éventuellement aider.  

Permettrait-il aux individus en surpoids ou soucieux de perdre de poids de mincir plus facilement et plus rapidement ? Les rechutes après régimes s'en retrouveront-elles diminuées ? 

La nutrition est complexe et cette étude apporte une pierre supplémentaire à cette vérité première. Les mécanismes de contrôle physiologique de la prise alimentaire sont encore en grande partie non élucidés.

La complexité s’explique par le caractère primordial de l’acte de manger.  Une multitude de boucles de contrôle redondantes sont en jeu. Une structure cérébrale n’est donc pas le centre unique du contrôle de la faim ou de la satiété.

Les rechutes seront toujours aussi nombreuses dès lors que l’on tente de simplifier à l’extrême cette réalité humaine essentielle qui fait que l’acte de manger permet la survie de l’espèce et que l’être humain sait parfaitement s’adapter aux contraintes environnementales. Je pense que les obésités et les surpoids ont encore un grand avenir devant eux. Newton écrivait "ce que je sais est une goutte, ce que je ne connais pas est un océan".

Quels pourraient être les risques d'un tel procédé ?  

Les risques sont de dresser un boulevard aux amaigrisseurs de tout poil qui pensent détenir une vérité qui a échappé aux vrais scientifiques et de donner libre cours à des régimes miracles, miroirs aux alouettes de patients crédules et désespérés.  

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