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Embrouilles familiales de l'histoire de France : quand Blanche de Castille surgissait dans la chambre de son fils pour l'empêcher de convoler avec son épouse
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Bonnes feuilles

Qu’est-ce que l’histoire de France sinon une longue, très longue, très embrouillée et très sanglante histoire de famille ? Des Mérovingiens aux Carolingiens, des Armagnacs aux Bourguignons, des Bourbons aux Orléans… Extrait de "Embrouilles familiales de l'histoire de France", de Clémentine Portier-Kaltenbach, publié aux éditions JC Lattès (1/2).

Clémentine Portier-Kaltenbach

Clémentine Portier-Kaltenbach

Clémentine Portier-Kaltenbach s’est imposée depuis quelques années à la radio – sur RTL – et à la télévision, en particulier dans les émissions de Franck Ferrand, comme une historienne journaliste dont la vivacité égale l’humour. Elle est aussi l’auteur de plusieurs livres à succès dont les Grands Zhéros de l’Histoire de France, 40 000 exemplaires chez Lattès + poche paru en avril 2010.

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Les années passent avec leur cortège de dangers et de médisances. Le pouvoir de Blanche est constamment mis en cause par les barons qui l’accusent de retarder délibérément le mariage de Louis, alors que celui-ci a quatorze ans, pour rester maîtresse du pouvoir. Les barons auraient bien voulu renvoyer Blanche et son entourage, et prendre eux-mêmes en main le gouvernement du royaume, sous l’autorité nominale du jeune roi qu’on aurait déclaré majeur du fait de son mariage. N’avait-elle pas déjà interdit à son fils de faire valoir ses droits sur la Castille ? Quand à son mariage, il est vrai qu’elle avait trop longtemps laissé traîner les choses.

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Blanche choisit elle-même la future femme de son fils. Bien que roi, il était encore mineur à ce moment-là, donc il était normal que ce choix revienne à sa mère et au conseil royal et non à lui. Ce sera Marguerite de Provence, aînée des quatre filles de Bérenger IV, comte de Provence.

L’écrivain Guy Breton, spécialiste des histoires d’alcôves de l’histoire de France, qui se plaît à épouser pleinement la thèse d’une Blanche de Castille mère abusive pour ne pas dire « castratrice », prétend que Blanche ne voulait pas d’une femme trop jolie afin que son fils ne tombât pas dans « les pièges de l’amour sensuel ». Elle craignait aussi que sa belle-fille ne prît trop d’ascendant sur le roi, alors qu’elle même « voulait continuer à régner sur le coeur et l’esprit de son fils, comme par le passé ». Il semble pourtant que Marguerite ait été fort jolie et très désirable puisque Louis IX s’accusera souvent en confession d’un manque de contrôle sur ses pulsions sexuelles qu’il refrénait, notamment en période de Carême, en marchant pieds nus sur le carrelage. Mais revenons au mariage des jeunes gens.

Le 27 mai 1234, Marguerite de Provence, âgée de treize ans, épouse en la cathédrale de Sens Louis, qui vient tout juste d’en avoir vingt. Sur leur anneau nuptial est écrit : « H ors Dieu et cet anel, n’aie point autre amour. »

Même si c’est elle qui a choisi Marguerite, l’arrivée de cette jeune femme à la cour est un moment difficile à vivre pour Blanche. Il va bien lui falloir partager son fils chéri avec sa belle-fille. Ensuite, il y aura désormais deux reines à la cour. Or, Blanche est loin d’être une vieille femme : elle n’a que quarante- six ans et n’est pas disposée du tout à lâcher les rênes du pouvoir. Ce pouvoir qui s’est imposé à elle, elle y a pris goût « comme une charge et un deuil », et elle entend bien qu’autour d’elle, à la cour, chacun considère cet exercice « comme le premier des devoirs, celui qui ne souffre ni médiocrité, ni retard, ni amusement, ni excuse » ! Pas facile pour la petite Marguerite d’avoir Blanche pour belle-mère. Comme on aurait pu s’y attendre, Blanche va la traiter durement.

Les premières années du mariage de Louis et la cohabitation belle-mère belle-fille sont riches en anecdotes rapportées avec force détails par les chroniqueurs du temps, à commencer par le confesseur de Marguerite. À l’entendre, Louis tint à ce que la consommation du mariage fût précédée d’une veillée de prière de trois nuits. Revisité par Guy Breton, cet épisode de la vie de Saint Louis est agrémenté d’un détail amusant : Louis aurait attendu l’autorisation de sa maman pour pouvoir aller convoler en justes noces. « A llez-y, dit-elle d’un ton aigre, et songez à votre descendance ! Puis, elle se plaça dans le couloir et attendit en faisant les cent pas. Quand les choses lui semblèrent terminées, elle entra dans la chambre nuptiale. En voilà assez pour ce soir ! Maintenant Louis, relevezvous. Et sans un mot pour Marguerite, elle ordonna au roi d’aller finir sa nuit tout seul dans une pièce voisine. »

Extrait de "Embrouilles familiales de l'histoire de France", de Clémentine Portier-Kaltenbach, publié aux éditions JC Lattès, 2015. Pour acheter ce livre, cliquez ici.

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