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Droite comme gauche : les programmes à l'épreuve de la crise
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Porte monnaie

Si le gouvernement songe sérieusement à augmenter la TVA, le PS pourrait lui aussi revenir sur certaines propositions du candidat François Hollande à la primaire, jugées désormais trop onéreuses au sein même de son propre camp.

Anita Hausser

Anita Hausser

Anita Hausser, journaliste, est éditorialiste à Atlantico, et offre à ses lecteurs un décryptage des coulisses de la politique française et internationale. Elle a notamment publié Sarkozy, itinéraire d'une ambition (Editions l'Archipel, 2003). Elle a également réalisé les documentaires Femme députée, un homme comme les autres ? (2014) et Bruno Le Maire, l'Affranchi (2015). 

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Ainsi, on l’a échappé belle, et conformément à la dramaturgie européenne un accord a été trouvé tard dans la nuit, après de longues heures de négociations, pour éviter la faillite de la Grèce, recapitaliser les banques et doter généreusement le fond européen de stabilité financière, le FESF. A 4h du matin ce jeudi, Nicolas Sarkozy a pu se réjouir que les négociateurs aient « trouvé les éléments d’une réponse ambitieuse, globale et crédible ». Il les explicitera ce soir à la télévision.

A vrai dire personne, dans le monde politique n’imaginait un scénario d’échec complet à Bruxelles : « Il y aura un accord, même partiel », se rassuraient les députés de tous bords dans les couloirs de l’Assemblée mercredi après-midi. Invité à donner son avis d’expert sur la crise à RTL, Valéry Giscard d’Estaing, en connaisseur à qui on ne la fait pas, avait minimisé la gravité de l’enjeu et même ironisé à propos des dirigeants européens : « Ils disent toujours que l’heure est grave parce que si ça va mal, ils l’auront annoncé, et si cela tourne bien, ils auront le mérite d’avoir résolu les problèmes ».

Ce sera chose faite ce jeudi soir sur TF1 et France 2 pour Nicolas Sarkozy. Mais si l’Europe a échappé au pire cette nuit, les déficits hexagonaux n’en ont pas été effacés pour autant. Et ce n’est pas tout : le chômage est en hausse, la croissance est révisée à la baisse, et la menace de dégradation de sa note impose des révisions déchirantes si l’on veut rester dans les clous. Alors, on avale son chapeau et avec lui les promesses de ne pas augmenter les impôts.

Augmenter ou non les impôts...

Le remède le plus simple et le plus supportable serait une hausse de la TVA. De combien, et à partir de quand ? Après 2012, comme l’espèrent certains ? Rapidement, à la faveur d’une loi de finances rectificative, comme l’envisagent d’autres ? Quand on sait qu’un point de TVA rapporte environ 9 milliards, cela ouvre quelques perspectives, et certains députés plaident carrément en faveur d’une augmentation unilatérale. Mais ce n’est pas l’hypothèse de travail de la Commission des Finances : autour du rapporteur général du Budget (UMP) Gilles Carrez, on plaide pour des hausses ciblées du taux de 5,5%, appliquées à la restauration et aux travaux à domicile, entre autres. Les adversaires de la mesure brandissent le spectre de ses effets négatifs sur la consommation, donc sur la croissance à cause de la hausse des prix qu’elle engendrerait.

Le PS n’est pas encore entré dans le débat, ce qui ne veut pas dire qu’on ne réfléchit pas à l’inévitable hausse des impôts rue de Solférino : hausse de la TVA ou de la CSG ? Pour l’heure ses experts s’en tiennent à la ligne défendue pendant le débat budgétaire : la solution, c’est le rabot, voire la suppression pure et simple de certaines niches fiscales. Dans un rapport ébruité au cours de l’été l’Inspection des Finances les avait passées au crible : un certain nombre de niches évaluées à dix milliards étaient qualifiées de « contreproductives » ; d’autres « dont l’efficacité n’est pas avérée », coûtent une trentaine de milliards. Pour le PS, il conviendrait de les supprimer.

Mais en ces périodes de disette budgétaire le PS doit lui aussi réviser ses promesses. La plus embarrassante ne figure pas dans le projet du Parti, mais émane du candidat : François Hollande ne s’est-il pas engagé à recruter 60 000 personnes dans l’enseignement en cinq ans s’il est élu ? Coût estimé : sept milliards et demi. C’est le fidèle Michel Sapin (secrétaire national à l’économie du PS), qui monte au créneau en expliquant que la mesure peut être étalée dans le temps, qu’elle pourrait ne pas engendrer de dépenses supplémentaires grâce à certains «redéploiements » de fonctionnaires.

Le propos est un peu flou mais quoiqu’il en soit, le PS devra s’adapter : « Le projet c’est l’engagement de tout le parti ; il définit les orientations. Ensuite il y a la plate forme programmatique : le candidat, lui, fixe les priorités, et le programme fait partie du débat actuel », plaide le député de l’Indre. François Hollande dispose de quelques semaines pour préciser ses priorités, quitte à se renier sur certains points pour apparaitre crédible aux yeux des marchés et de l’opinion internationale.La campagne électorale ne démarrera qu’au début de l’année prochaine. D’ici là Nicolas Sarkozy aura été contraint de prendre des mesures qu’il veut salutaires, mais qui seront forcément impopulaires. Drôle d’ambiance pour une future campagne présidentielle.

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