Reconstruction de l'Hermione : après 18 ans de travaux, la frégate (re)prend la mer<!-- --> | Atlantico.fr
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La réplique de l'Hermione appareillera dans la soirée de l'île d'Aix.
La réplique de l'Hermione appareillera dans la soirée de l'île d'Aix.
©Commons.wikimedia.org

Un projet fou

Mis en service en 1779, ce navire de guerre français a conduit le marquis de La Fayette aux Amériques en 1780. Il y rejoint les insurgés américains dans leur quête d'indépendance. Après 18 ans de chantier sa réplique prend la même route ce samedi 18 avril.

"Du premier moment où j'ai entendu prononcer le nom de l'Amérique, je l'ai aimée ; dès l'instant où j'ai su qu'elle combattait pour la liberté, j'ai brûlé du désir de verser mon sang pour elle ; les jours où je pourrai la servir seront comptés par moi, dans tous les temps et dans tous les lieux, parmi les plus heureux de ma vie." L'amour de Gilbert du Motier, plus connu comme étant le marquis de La Fayette, pour l'Amérique fut immédiat. Il sera éternel. Et l'un des symboles de cette histoire est ni plus ni moins que L'Hermione, mythique navire de guerre français échoué le 20 septembre 1793 au large du Croisic.  Pour mieux ressortir de terre plus de deux siècles plus tard…

Car le 7 septembre 2014, l'Hermione reprenait la mer, mettant fin à un projet fou de 17 ans. "Le projet de “L’Hermione”, ce sont deux choses indissociables, la reconstruction la plus fidèle possible d’un élément du patrimoine et, le rêve, de le faire naviguer pour refaire le voyage de La Fayette" racontait alors aux Echos Benedict Donnelly, président de l’association Hermione-La Fayette. 

Concrètement, comme le rappelle le site de l'association, tout débute en juillet 1997, lorsqu'une poignée de passionnés (dont les écrivains Paul Guimard et Erik Orsenna) se sont lancés dans la formidable aventure de faire renaître ce joyau de la marine nationale construit en 1778, dans l'arsenal de Rochefort. Autant dire qu'il s'agissait "d'un véritable défi technique". D'autant plus que les caractéristiques de ce bateau sont assez incroyables : plus de 65 mètres de long, trois mâts (dont un de plus de 54 mètres au-dessus de la quille) et 2 200 m2 de voilure, le tout équipé de 26 canons tirant des boulets de 12 livres, d'où son nom de "frégate de 12". Autre particularité du navire, et pas des moindres, la coque a été entièrement réalisée en chêne. 

Si en 1778, la construction de l’original avait duré six mois, cette fois-ci elle aura donc duré 17 ans. Isabelle Georget, chargée de communication de l'Association Hermione-La-Fayette, revient sur ce chantier colossal et explique pourquoi cela a pris autant de temps. "Retrouver les différents corps de métier a été un challenge très compliqué" indique-t-elle tout d'abord. Puis elle précise que pour ce chantier l'association s'est appuyée sur des artisans travaillant selon les méthodes ancestrales : "Les voiles ont par exemple été assemblées à la main par une maître voilier. Elle a notamment fait  des voiles traditionnelles avec les contours en cordage, les "ralingues". Pour le forgeron c'est pareil. On leur a fourni à tous les plans d'époque et ils ont fait ça avec la plus grande minutie". Objectif : se rapprocher le plus possible de l'original.

Autre originalité des travaux, ils ont eu lieu à Rochefort, au cœur de l'ancien arsenal de Colbert où fût érigé la première version de L'Hermione, avec pour volonté de faire partager au public cette aventure afin qu'il puisse découvrir les grandes étapes de cette reconstruction. Pour un formidable succès populaire comme le soulignait le site de France 3 Poitou-Charentes. Ainsi, dès 1999 le chantier attire des dizaines de milliers de visiteurs. Ou encore, lorsque la coque a été mise à l'eau, en juillet 2012, et s’offre sa première sortie sur la Charente, ce sont près de 65 000 personnes qui se massent pour suivre ce baptême de l'eau. "Au total, sur toute la période des travaux, on a reçu la visite de plus de quatre millions de personnes sur le chantier" assure Isabelle Georget.  

Nul doute que ce samedi, ils seront encore très nombreux à suivre le départ atendu de la frégate pour la côte est des Etats-Unis. Sur les traces de La Fayette afin de boucler la boucle. Après avoir effectué deux mois d'essais en mer au large avec son équipage, le navire a eu droit à une séance d'ajustements à Rochefort afin de régler les derniers détails. De nouveaux essais ont été menés en mars, et aujourd'hui le bâtiment est fin prêt pour la grande traversée de l'Atlantique, qui devrait durer 26 jours.

Isabelle Georget détaille ainsi l'itinéraire : "Rochefort, les Canaries, Yorktown, Mount Vernon près de Washington, Alexandria, Anápolis, Baltimore, Philadelphie, New York, Greenport, New Port, Boston, Castine, Halifax et un retour par Brest en août". Rien que ça. Si lors du voyage du marquis de La Fayette, 300 personnes (en majorité des soldats) étaient à bord de la frégate, cette fois-ci la traversée se fera avec 76 membres d'équipage.

Un voyage de plus de cinq mois avec des conditions de vie difficiles. "Il faut supporter le rythme, la rudesse, la promiscuité, l'espace de vie compact. Il faut être en mesure de répondre aux ordres donnés par les encadrants et les chefs d'équipages d'autant plus que les manœuvres se font avec les moyens de l'époque, à savoir la barre à roue" souligne Isabelle Georget.  Mais de concéder néanmoins : "On a été obligé de faire des compromis pour avoir les autorisations de naviguer. C'est pourquoi il y a un moteur, des cuves de récupération des eaux ou encore l'électricité. Si la coque et les deux ponts extérieurs sont de style XVIIIe, il y a tout de même du matériel moderne caché en fond de cale". Il n'y a plus qu'à larguer les amarres.

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