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Avec ou sans Spielberg, 
Tintin a toujours été américain
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Tintinologie

L'adaptation cinématographique de Tintin par Steven Spielberg sort ce mercredi. L'occasion de revenir sur l'univers du célèbre héros belge. C'est notre feuilleton de la semaine. 2ème épisode : les sources d'inspiration américaines de Hergé.

Bob Garcia

Bob Garcia

Ingénieur, diplômé de l'Ecole Centrale de Lyon (promo 79), Bob Garcia est un passionné de Tintin, auteur de nombreux ouvrages de vulgarisation ou de décryptage de l'oeuvre d'Hergé.

Son dernier livre :  Tintin le rêve américain, Editions du Rocher (24 octobre 2011).

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Atlantico : Dans votre dernier ouvrage "Tintin, le rêve américain" vous revenez sur l'influence qu'ont eu les films américains sur Hergé ? Les racines de Tintin seraient-elles donc à chercher non en Belgique, mais outre-atlantique ?

Bob Garcia : Complétement ! C’est une évidence lorsque l’on regarde les images des bandes-dessinées de Tintin : tout comme Walt Disney s’est inspiré du cinéma allemand, Hergé s’est inspiré du cinéma américain. Des œuvres entières ont été transposées au détail près.

Par exemple, la fameuse rencontre entre le Capitaine Haddock  et Tintin dans Le Crabe aux pinces d’ors est  tirée d’un film des Marx Brothers. Autre exemple, dans le même album, on observe le capitaine Haddock déboucher une bouteille de champagne : le bouchon représente la tête de Tintin, comme dans une adaptation américaine cinématographique de Docteur Jekyll et Mister Hyde. Le Trésor de Rackham le rouge et le Secret de la Licorne  sont eux tirés d'un film de Cécile B. De Mille, sorti en 1942, intitulé Les naufrageurs de la mer du sud : on y retrouve ainsi la même chasse aux trésors et le même scaphandrier.

Vous pensez donc que Hergé aurait été heureux que Steven Spielberg adapte l'une de ses bandes-dessinées ?

Bien-sûr. Hergé l'avait même déclaré de son vivant en indiquant que si quelqu'un devait l'adapter ce serait Spielberg. Il connaissait déjà ses premiers films, Les dents de la mer, ou même Duel. Pour tout vous dire, il avait même initié une rencontre : un rendez-vous entre Spielberg et lui avait été fixé. Mais Hergé décéda avant que la rencontre n'ait lieu...

Malgré tout, ceux qui ont vu l'adaptation cinématographique de Spielberg en avant-première sont mitigés : celle-ci serait déshumanisée. La technique a apparemment pris le pas sur le rêve, une surenchère qui tuerait un peu la spontanéité et l’originalité des bandes dessinés de Tintin.

Mais vous savez, le dernier Indiana Jones réalisé par Steven Spielberg comporte des similitudes avec Tintin. L'influence est visible. Ce qui est amusant c'est l’effet boomerang entre Hergé influencé par le cinéma américain et Spielberg qui adapte finalement son œuvre sur grand écran.

Cette influence des États-Unis sur Hergé est la raison pour laquelle il a publié "Tintin en Amérique" ?

Cette bande dessinée est même la première pour laquelle Hergé disposa d'une réelle liberté ! Les deux premiers épisodes des aventures de Tintin - Tintin au pays des Soviets et Tintin au Congo - étaient en réalité des oeuvres de commande qu'avait demandé à Hergé Norbert Wallez, son patron de l’époque, un abbé très conservateur qui demandait des BDs prosélytes correspondant à ses idées. Grâce au succès de ses deux albums, Hergé a pu obtenir une certaine autonomie. Et son premier projet fut alors de concevoir Tintin en Amérique., troisième épisode de la série des Tintin, mais par conséquent premier ouvrage où Hergé était libre. Bien évidemment, dans cette bande dessinée, les références aux États-Unis sont nombreuses...

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