Bienvenue dans une nouvelle ère de la mondialisation : ce que cachent les chiffres du ralentissement du commerce mondial<!-- --> | Atlantico.fr
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Bienvenue dans une nouvelle ère de la mondialisation.
Bienvenue dans une nouvelle ère de la mondialisation.
©Pixabay

A pas de loup

Selon les prévisions de l’OMC, le commerce mondial ne retrouvera pas ses niveaux de croissance passés. Pour le FMI, la cause de ce ralentissement n’est pas que conjoncturelle, car la maturation de l’économie chinoise y joue également un rôle prépondérant.

Nicolas Goetzmann

Nicolas Goetzmann

 

Nicolas Goetzmann est journaliste économique senior chez Atlantico.

Il est l'auteur chez Atlantico Editions de l'ouvrage :

 

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Ce 14 avril, l’organisation mondiale du commerce (OMC) dévoilait ses dernières prévisions relatives au développement des échanges mondiaux, c’est-à-dire de la progression de la fameuse mondialisation.

Le ralentissement de la mondialisation

"La croissance en volume du commerce mondial des marchandises ne s'accélérera que légèrement au cours des deux prochaines années, passant de 2,8% en 2014 à 3,3% en 2015, puis à 4,0% en 2016. "

Malgré ces prévisions positives de la croissance des échanges, les chiffres marquent en réalité un déclin relatif, mais significatif du processus. En effet, lors des années qui précédaient la grande récession de 2008, la croissance des échanges internationaux était deux fois supérieure aux chiffres de la croissance mondiale. Signe d’une très lourde tendance d’imbrication des différentes économies à travers la planète au cours des dernières décennies.

Désormais, à 2.8% pour l’année 2014, la croissance des échanges internationaux est inférieure à la croissance mondiale, et bien inférieure à sa moyenne annuelle depuis 1990, qui s’établit à 5.1%. "Le rapport d'environ 2 pour 1 observé pendant de nombreuses années entre la croissance du commerce mondial et la croissance du PIB mondial semble révolu"

Croissance du commerce mondial des marchandises en volume et PIB réel, 2007- 2016 (prévisions)
(Variation annuelle en %). Source OMC

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Un changement de régime que l’OMC explique par plusieurs facteurs :

"Le ralentissement récent de leur croissance peut s'expliquer, entre autres, par des conditions macroéconomiques défavorables, par la maturation des chaînes d'approvisionnement mondiales et par l'accumulation des mesures protectionnistes après la crise."

Les causes du changement de régime

Si la première cause du ralentissement du commerce mondial repose clairement sur la faible croissance économique elle-même, elle ne suffit pas à expliquer l’intégralité de cette nouvelle tendance. Ce que confirme une étude menée par trois économistes du FMI et de la Banque mondiale Cristina Constantinescu, Aaditya Mattoo, et Michele Ruta, dans une étude publiée en décembre dernier.

"Les composants cycliques, comme la crise en Europe, ne sont qu’une partie du puzzle. L’observation de la part des importations par rapport au PIB, au cours des dix dernières années, suggère qu’il existe des composantes de long terme au ralentissement du commerce mondial "

Les économistes vont alors observer que ce déclin pourrait avoir été amorcé avant même la survenance de la grande crise de 2008. Des signes précurseurs qui vont prendre place aussi bien aux Etats-Unis qu’en Chine, et dont le principal symptôme est le découplage entre progression des échanges internationaux et la hausse des revenus.

"Nos résultats indiquent que depuis la crise financière, le commerce croît plus doucement, pas seulement en raison d’une plus faible croissance des revenus, mais également en raison d’une moindre sensibilité du commerce à la croissance des revenus ".

Ce qui signifie que la hausse des revenus ne suffit plus à entraîner une progression des échanges internationaux dans les mêmes proportions que par le passé. Reste à en trouver les causes. Pour les économistes du FMI, ce sont les évolutions structurelles de l’économie chinoise qui ont produit cette nouvelle donne.

"Certains signes prouvent que la chaînes d'approvisionnement chinoise pourrait avoir mûri au début des années 2000, (…). Cette évolution se traduit par une baisse de la part des importations chinoises de pièces et composants dans les exportations totales, en baisse par rapport au sommet de 60 pour cent au milieu des années 1990 à la part actuelle d'environ 35 pour cent "

En d’autres termes, la Chine devient un pays économiquement mature et l’importance de son marché intérieur prend progressivement le dessus sur les échanges internationaux. Le pays serait ainsi parvenu à se bâtir un outil de production plus complet, lui permettant d’être plus indépendant. La frénésie de la mondialisation des années 90 et 2000, portée par le développement chinois montre ainsi des signes d’apaisement. De la même façon, et en tant que premier partenaire, les Etats Unis subissent un effet miroir. Les délocalisations ont déjà eu lieu, et si le rythme des échanges reste positif, il diminue.

A l’inverse du couple sino-américain, la situation européenne traduit encore une forte corrélation entre la hausse des revenus et le niveau d’échanges "ce qui pourrait être le résultat de l’expansion continue de la chaîne de production de pays comme l’Allemagne vers l’Europe centrale et l’Europe de l’Est ".

Par contre, pour les économistes  Constantinescu, Mattoo, et Ruta, les mesures protectionnistes qui ont été déployés  par certains pays après la grande récession n’ont pas provoqué de ralentissement du commerce mondial. Celles-ci n’ayant été que marginales.

Désormais, le développement du commerce mondial devra passer par de nouvelles zones géographiques s’il veut pouvoir retrouver ses taux de croissances passés.

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