Steven Spielberg sauvera-t-il le soldat Hergé ?<!-- --> | Atlantico.fr
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Hergé, papa de Tintin et personnage controversé...
Hergé, papa de Tintin et personnage controversé...
©Reuters

Tintinologie

L'adaptation cinématographique de Tintin par Steven Spielberg sort ce mercredi. L'occasion de revenir sur l'univers du célèbre héros belge. C'est notre feuilleton de la semaine. 5ème épisode : Hergé, papa de Tintin et personnage controversé.

Hergé incarnait-il ostensiblement le côté obscur de Tintin, à l’âme aussi pure que celle d’Hergé était équivoque ? En tout cas, il n’est pas excessif d’imaginer qu’Hergé ait pu inconsciemment créer le preux et vaillant Tintin pour en faire une sorte de bon génie veillant sur sa propre âme. Sans pour autant réussir à devenir, comme lui, un type bien.

Hergé : le côté obscur de Tintin

Tous les biographes de Georges Rémi (Hergé) ont dû se poser la question, pour ceux qui ont bien voulu instruire à charge et à décharge le passé trouble du génie belge pendant la seconde guerre mondiale. Hergé admirait-t-il le nazisme ? Non : il faisait en réalité partie de cette génération traumatisée par la Première Guerre mondiale et dont le pacifisme outrancier empêchait de voir venir la menace allemande. Hergé était en fait plus attiré par un « ordre nouveau » à une époque – la fin des années trente – fort teintée comme celle que nous vivons de décadence et d’imminence d’une chute.

Les contempteurs du créateur de Tintin observent qu’en publiant des dessins de ses héros dans la presse collaborationniste à côté d’articles sur la déportation des Juifs, Hergé devait savoir ce qu’il faisait. Et sa dépression d’après-guerre (longue de près de trois ans), ils la rangent dans la catégorie "nostalgie d’un monde nouveau à jamais disparu" alors qu’il traversait en même temps des problèmes affectifs. A la recherche d’honneurs, il n’eut à cette époque que déshonneurs. Ce qui n’empêche que, toujours selon les tintinophobes, Hergé aurait bénéficié plus tard dans son pays d’origine de l’impunité due aux mythes vivants et aux artistes, la même qui protégea Georges Simenon d’accusations un peu similaires.

L'évolution politique de Hergé

Les tintinophiles, en revanche ont peine à imaginer un monstre (Hergé) enfantant d’un héros (Tintin) aussi positif, combattant le racisme, défendant le faible, la veuve et l’orphelin de par le monde, notamment dans Tintin et le Temple du Soleil.

Car Hergé a beaucoup évolué depuis ses erreurs de jeunesse. Son intérêt pour «l’étranger » sous toutes ses formes, son amitié interrompue mais indissoluble avec le jeune Chinois Tchang (qui apparaît en personnage dans Le Lotus bleu), son pessimisme radical face aux dictatures de droite sud-américaines (Tintin et les Picaros) nuancent fortement les accusations qui ont plané sur lui durant les années noires.

Ainsi, Hergé reconnaissait a posteriori le regard outrageusement colonialiste de Tintin au Congo, l’anticommunisme primaire animant Tintin chez les Soviets ou l’antiaméricanisme très années ’30 de Tintin en Amérique. Il a également retouché certains albums, notamment L’Etoile mystérieuse en rebaptisant le « méchant » de l’histoire, Blumenstein, au nom trop ostensiblement juif.

Par une de ces pirouettes historiques, c’est aujourd’hui Steven Spielberg, Juif américain, qui, propulsant Tintin dans le cinéma mondialisé, achève de réconcilier Hergé avec ses vieux démons.

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