Michel Sapin voit une baisse du chômage à partir de 2016 : pourquoi il pourrait enfin avoir raison<!-- --> | Atlantico.fr
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Michel Sapin voit une baisse du chômage à partir de 2016.
Michel Sapin voit une baisse du chômage à partir de 2016.
©Reuters

Merci Mario !

Après 3 années de ratés concernant l’inversion de la courbe du chômage, les dernières prévisions de notre ministre des Finances, indiquant un retournement favorable de l’emploi dès 2016, pourraient enfin s’avérer correctes… Grâce à l’action de la Banque centrale européenne.

Nicolas Goetzmann

Nicolas Goetzmann

 

Nicolas Goetzmann est journaliste économique senior chez Atlantico.

Il est l'auteur chez Atlantico Editions de l'ouvrage :

 

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Cette fois-ci, cela pourrait bien être la bonne. Après avoir annoncé à plusieurs reprises, mais en vain, que l’inversion de la courbe du chômage était pour bientôt (alors qu’il était encore ministre de l’emploi), Michel Sapin, (désormais ministre des finances), pourrait enfin retrouver un semblant de crédibilité dans ses prévisions.

Dans une interview donnée au quotidien Les Echos ce 8 avril, Michel Sapin déclare "Notre scénario macroéconomique se veut prudent et réaliste : nous maintenons notre prévision de croissance à 1 % cette année, et nous anticipons ensuite 1,5 % en 2016 puis 2017". Après des niveaux de croissance anémiques depuis le début du quinquennat, c’est à dire 0.3% aussi bien en 2012, 2013 qu’en 2014, l’économie française démarre sur des bases un peu plus solides en ce début d’année 2015.

Une situation qui se reflète notamment à la lecture de la dernière Note de conjoncture de l’INSEE :

"Au total, le PIB accélérerait à +0,4 % au premier trimestre 2015, (…) puis progresserait au deuxième trimestre de 0,3 %. Sur un an, la hausse de l’activité atteindrait +1,1 % mi-2015, le rythme le plus haut depuis fin 2011."

Une accélération peu impressionnante mais qui pourrait s’avérer suffisante pour permettre une baisse du taux de chômage à partir de 2016, selon les termes annoncés par Michel Sapin :

"Si la croissance prévue est au rendez-vous, l’économie devrait recréer des emplois de manière significative à partir de 2016. Dès lors, après une stabilisation fin 2015, le chômage devrait baisser en 2016 et en 2017"

Et en effet, l’économie française est sur la bonne voie pour retrouver un niveau de croissance suffisant pour renouer avec la baisse du taux de chômage. Si cela n’a pas de caractère prédictif, il suffit de constater qu’au cours des quinze dernières années, il était nécessaire de connaître une croissance de 1.68% (pour être précis) en termes annuels pour permettre la baisse du chômage en France. Soit un rythme trimestriel légèrement supérieur à 0.4%.

Et l’activité économique actuelle au sein du pays semble proche de ce seuil, comme le révèle également les indicateurs PMI concernant la France, et publiés par l’institut Markit :

"L’emploi progresse pour la première fois depuis 17 mois en mars, le taux de croissance n’affichant cependant qu’un niveau marginal. Les effectifs enregistrent une légère hausse dans le secteur des services, compensant ainsi les faibles suppressions de postes dans le secteur manufacturier."

De plus, cette légère amélioration de la conjoncture du secteur privé vient accompagner la poursuite des créations de postes réalisées au sein du secteur public, majoritairement par le biais des contrats aidés, comme l’indique l’INSEE :

 "En 2014, l’emploi dans le secteur non marchand a nettement progressé (+65 000), en grande partie du fait des contrats aidés (+49 000(…). Il en serait de même au premier semestre 2015 : l’emploi non marchand augmenterait de 23 000, dont 20 000 contrats aidés"

Cependant, et comme l’anticipe Michel Sapin, cette légère amélioration ne pourra pas se traduire par une baisse de chômage avant le second semestre 2015, voire plutôt le premier semestre 2016. Une configuration qui avait également mise en avant par les prévisionnistes de l’INSEE :

"Au premier semestre 2015, la légère hausse attendue de l’emploi ne suffirait pas à absorber la progression de la population active et le nombre de chômeurs croîtrait légèrement. Le taux de chômage augmenterait de nouveau et pourrait atteindre 10,6 % mi-2015"

Si Michel Sapin peut se réjouir de cette embellie économique, il ne pourra malheureusement pas en revendiquer la paternité. En effet, la France ne fait que profiter de l’amélioration du climat européen, et ce malgré le bonnet d’âne réservé à l’économie française, comme le précise Markit :

"Bien que les taux d’expansion enregistrés en France et en Italie soient modestes par rapport à ceux observés dans les autres pays étudiés (malgré un renforcement de la croissance à un plus haut de 8 mois en Italie), on observe toutefois une croissance simultanée de l’activité globale dans les quatre principales économies de la zone euro pour le deuxième mois consécutif en mars".

Car pour le mois de mars 2015, la hiérarchie des indices PMI de la zone euro est cruelle pour l’exécutif français : Irlande 59.8, Espagne 56.9, Allemagne 55.4, Italie 52.4, France 51.5. (Etant considéré qu’un niveau supérieur à 50 est le signe d’une expansion économique). Un classement qui permet de mettre en évidence l’origine de ce regain d’activité, c’est-à-dire l’accélération de la croissance européenne, conséquence de la mise en place du plan de relance monétaire mis en place par la Banque centrale européenne le 22 janvier dernier.

Car de fait, l’objet de ce plan de relance, dont le montant est fixé à plus de 1000 milliards d’euros pour les 18 prochains mois, est de soutenir la demande, c’est-à-dire l’activité économique au sein de la zone euro. Et comme l’indiquait Mario Draghi :

"Tous nos efforts pour soutenir la demande seraient plus efficaces s’ils étaient soutenus par des politiques qui soutiennent l’offre". Si Michel Sapin se félicite de l’action de Mario Draghi, la réciproque n’est pas certaine.

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