Mesures gouvernementales sur l'investissement : de bonnes mesures d'urgence mais qui ne régleront pas les problèmes de fond <!-- --> | Atlantico.fr
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Le Premier ministre a annoncé mercredi matin une série de mesures pour soutenir l'activité économique.
Le Premier ministre a annoncé mercredi matin une série de mesures pour soutenir l'activité économique.
©Reuters

Coup d'épée dans l'eau

Le Premier ministre a annoncé mercredi matin une série de mesures pour soutenir l'activité économique. Si celles-ci s'avèrent judicieuses, leur application demeurent très limitées dans le temps.

Alexandre Montay

Alexandre Montay

Alexandre Montay est le délégué général d'ASMEP-ETI, syndicat des entreprises de taille intermédiaires.

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Atlantico : A l’issue d’un Conseil des ministres extraordinaire, le Premier ministre a annoncé qu’il mettrait en place une série de mesures en faveur de l’investissement. Quelles ont été les annonces marquantes, et quelle efficacité peut-on en attendre ?

Alexandre Montay : La principale mesure pour les entreprises, notamment de taille intermédiaire est celle qui permet sur-amortir les nouveaux investissements industriels. D’un coût estimé à 2.5 milliards d’euros sur 5 ans, cette mesure va leur permettre d’amortir plus que l’investissement réalisé, et donc de faire baisser les résultats imposables. Il s’agit d’un mécanisme fiscal très incitatif visant à améliorer la rentabilité de l’investissement.

Celles-ci vous semblent-elles satisfaisantes ?

Tout-à-fait. Avec quelques interrogations. Premièrement, le délai bref donné aux entreprises. Pour des entreprises de taille intermédiaire qui font des investissements structurés, importants, quel sera le fait générateur qui déclenchera le dispositif fiscal? Pour des gros investissements,  entre le moment où l’on élabore le cahier des charges, où l’on passe la commande et que l’investissement est effectivement réalisé, il peut se passer de nombreux mois voire plus d’un an. Ce serait dommage que les entreprises passent à côté du dispositif pour une question de temps. Deuxième interrogation : quid des entreprises qui ne génèrent justement pas de résultats ? Celles qui n’en font pas actuellement mériteraient peut-être également de bénéficier d’une incitation à investir.

Est-ce que cela répond à un besoin de renouvellement du parc industriel des entreprises ? En quoi exactement ?

De nombreux économistes, le rapport Gallois également, ont effectivement pointé que l’âge moyen des machines en France était de 17 ans contre 9 en Allemagne par exemple. Mais surtout, les investissements qui sont réalisés à l’heure actuelle en France s’inscrivent davantage dans un objectif de renouvellement, moins de montée en gamme. Il s’agit là d’un enjeu central. Cette montée en gamme,  on ne l’obtiendra pas uniquement avec des mesures conjoncturelles, il faut s’engager durablement dans cette voie, par le biais de réformes structurelles. Avec les mesures présentées ce matin, on a desserré le frein, il faut maintenant appuyer sur l’accélérateur des réformes de fond, celles qui permettront de redonner des marges aux entreprises, et garantiront des investissements de long terme.

Dans quel contexte économique ces mesures s’inscrivent-elles ?

Il ne faut bien entendu pas oublier l’écosystème de compétitivité dans lequel évoluent nos entreprises. Depuis 15 ans, l’environnement de compétitivité du site France décroche des moyennes européennes. La fiscalité sur les entreprises est plus importante que celle de nos voisins. Sa structure est également atypique avec une ponction très forte sur production (3.2% du PIB des charges sur la production, contre 1.8% dans le reste de l’Europe). Avec  les mesures présentées ce matin, on améliore certes la rentabilité de l’investissement mais il ne faut pas perdre de vue que l’entreprise ne déclenche l’investissement que si elle voit des perspectives de rentabilité globale. Nous sommes donc dans un dispositif conjoncturel, bien pensé, à effet immédiat. Nul doute qu’il portera ses fruits. Mais pour dynamiser durablement l’investissement des entreprises il faut poursuivre les réformes pour remettre le site France dans la course.

A quoi est-ce que ces mesures ne répondent-elles pas ?

On ne peut naturellement pas attendre des pouvoirs publics qu’ils remplissent les carnets de commande ! Pour les entreprises de taille intermédiaire, l’investissement est le nerf de la guerre, et c’est ce qui permettra d’améliorer la compétitivité de leur entreprise, de conquérir des marchés, et donc de créer des emplois.

Le dispositif fiscal présenté ce matin à l’issue du Conseil des ministres y répond de manière simple, concrète et visible, sans effet de seuil… Et avec un point très important : le calendrier de sa mise en œuvre est immédiat (dès le 15 avril ndlr).

Mais si l’on veut s’engager dans une croissance robuste, durable, il faudra bien  accélérer la mise en place du CICE, du Pacte de responsabilité. La baisse des taux de marge dont souffrent les entreprises françaises depuis une quinzaine d’année ne se rattrapera pas pas uniquement avec des réformes ponctuelles.

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