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L’Etat tue notre économie, mais la commande publique peut sauver nos PME
©Reuters

Les entrepreneurs parlent aux Français

Alors que l'Etat étouffe la société française et saigne les PME, un remède miracle existe et pourrait sauver l'entreprise de la conjoncture moribonde : la commande publique.

Denis Jacquet

Denis Jacquet

Denis Jacquet est fondateur du Day One Movement. Il a publié Covid: le début de la peur, la fin d'une démocratie aux éditions Eyrolles.  

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L’Etat étouffe le société française. Il est trop prédominant, trop présent, décide de chacun des pas que nous faisons quotidiennement, nous bride par des normes absurdes, du fait d’une volonté permanente de tout réguler, aidé en cela par ses compagnons de crime européens, qui pensent que la liberté n’existe que lorsque chaque citoyen se déplace, paré d’une armure. Une armure contre tout et n’importe quoi, qui dénote surtout d’une envie de justifier sa présence, par une complexité illisible, qui lui assure sa pérennité. Car il est alors le seul à comprendre cette jungle qu’il a édifié.

Une armure, c’est bien lourd à l’heure de la légèreté digitale et de la (re)montée en puissance de l’individu et des entreprises innovantes. Mais l’entêtement et l’orgueil ne manquent pas à nos gouvernants, qui pensent pouvoir suivre le rythme infernal du changement et de la mondialisation, avec des mesures collectives d’ordre petitement individuel, en permanence en retard d’une guerre face au changement qu’ils ne comprennent pas.

Dans ce monde que le politique a construit pour se rendre indispensable, une partie de nos dettes futures et de nos ennuis présents, reposent sur le poids du public, dans chaque maillon de l’activité économique. Ce qui permet, pour certains économistes armés de politiques dogmatiques, de donner l’illusion que l’Etat peut relancer la croissance, à lui seul, par moult grands travaux, routes et grands chantiers notamment. Oubliant au passage, qu’il aurait été plus profitable de ne pas saigner les entreprises et particuliers à la base, par l’impôt, afin de les laisser créer des activités profitables, plutôt que d’inventer, avec cet argent devenu public, des activités dont le seul but et d’alimenter, à certains moments clés, une économie moribonde par des investissements rarement pérennes.

On pourrait continuer à s’en plaindre et geindre. Dans les colonnes des journaux, en s’attachant à l’Assemblée nationale ou au Parlement européen. En s’immolant sur la place publique avec un carburant bio compatible, pour ne pas mourir en polluant. En faisant une grève de l’impôt et en garnissant nos bas de laines, à contention économique, avec l’économie ainsi faite. Mais je préfère, en attendant une révolution, qui n’est pas en marche malgré nos déficits abyssaux, changer la fatalité en opportunité, et voir comment faire de cette plaie, une médecine. Cette médecine porte un nom, non pas Zorro, mais l’arrivée, sur cheval blanc, de la commande publique pour sauver les PME de notre pays.

Oui, la commande publique pourrait sauver nos PME. Sauver le soldat entreprise, qu’il s’appelle ou non Ryan ! Elle pourrait panser les plaies suivantes, et faire d’un malade un conquérant.

La centralisation des achats. La mode est à la concentration. Les sièges rêvent, souvent à juste titre, d’un achat plus massif, plus structuré, moins couteux.  Pour améliorer leurs marges ou les restaurer. Problème ? Cette concentration laisse sur le bord de la route toutes les PME et TPE. Interdite d’appel d’offre. Maigres s’abstenir, seuls les « gros » ont un droit dans ce monde concentré. Vous pouvez être meilleur, innovant, souple et plus efficace, tout passe après la sécurité des achats. Un gros ne meurt pas ou rarement. Une PME, on se sait jamais.

Le principe de précaution, là aussi, fait des ravages, et tue aussi surement que l’Ebola, soutenu par une vitesse de contagion d’autant plus rapide que la France est un des rares pays composé d’autant de grands groupes. Fin du spectacle. PME, passez votre chemin. Et pourtant ces grands groupes, viennent au final, nous sous-traiter, à vil prix, sans valeur ajoutée, une partie de ces marchés!

La commande publique, qui représente des dizaine de milliards par an, peut régler ce problème. Elle peut, à contrario du marché, de grands groupes, qui n’aiment les PME que lorsqu’elles leurs servent d’outil de variabilisation, de fusible ou de variable d’ajustement, servir à leur survie, puis vie, puis développement. Comme le fait notamment l’UGAP, la centrale d’achat publique. L’UGAP fait entrer des entreprises innovantes, qui parfois n’ont même pas leur premier bilan, leur ouvre les bras de leurs appels d’offres, en ne se basant que sur la qualité de leurs services ou produits, et les met face à un marché colossal, en évitant aux acheteurs publics, de faire des appels d’offre. Le remède parfait pour le soldat PME, blessé par la sociologie économique française.

Les délais de paiement. Le fléau français, ce sont les délais de paiement. Souffrance ultime imposée par les joueurs vicieux d’un marché qui demanderait pour le coup, un peu d’intervention contentieuse et étatique, les PME sont non seulement les fusibles des grands groupes, mais également les shérif de Nottingham d’une fiscalité qui ne porte pas son nom.

Une partie des résultats financiers des grands groupes se font par le saignement des PME, sous forme de délais de paiement, quasi unique en Europe. Nous sommes depuis toujours, nous entrepreneurs, ceux que les groupes punissent pour avoir l’affront, contrairement à eux, de créer de l’emploi net dans ce pays depuis plus de 10 ans. Face à eux, qui le détruisent. A l’exception de certains. Mais une majorité, grande distribution en tête, qui est l’équivalent de Guantanamo pour le monde économique, car elle torture, puis tue ceux qui osent se lever pour contester, et pratiquent cela avec une sorte de délectation.

La commande publique pourrait régler ce problème. Là aussi, des exemples comme l’UGAP, qui propose actuellement un paiement à 30 jours (vous ne rêvez pas, donc nul besoin de vous pincer en lisant cet article) et bientôt, des paiements quasi immédiats. Un miracle de vertu.  L’un des patrons de la SNCF, mais aussi son ancien adjoint, patron des achats de la SNCF, devenu médiateur interentreprises, Pierre Pelouzet, nous assure d’ailleurs, que la dématérialisation généralisée, des entreprises à capital étatique, si elle était coordonnée, permettrait de payer la plupart des PME à 30 jours. Pourquoi ne pas les écouter ?

L’accès au marché. Le rêve d’une PME, d’une start-up, surtout innovante, c’est d’avoir un premier client, dans un pays qui donne peu de primes aux innovants, surtout quand ils sont en début de vie. La commande publique peut là aussi apporter la solution.

En référençant la start-up ou PME, elle lui donne l’accès au marché. C’est le bonheur. Mieux que le Club Med ! Ainsi protégée du risque perçu, par la commande UGAP, la collectivité publique, l’hôpital, l’agence étatique, peut se payer un service enfin innovant, performant, qui peut changer la vie des usagers, clients, bénéficiaires, et même de la vie en collectivité. Certainement plus surement que la multiplication des musées en zone rurale ou aéroports distants sans client ou gares pharaoniques en rase campagne, dénoncées avec une belle constance par la Cour des Comptes chaque année. Avec un impact bien maigre d’ailleurs.

En clair, en attendant que l’Etat entame sa cure de minceur à l’approche de l’hiver économique, la commande publique, focalisée sur le développement des PME pourrait changer la donne dans un pays qui a besoin d’une création massive d’ETI pour assurer un rebond et un booster à l’emploi et donner à nos entreprises les premiers clients qui assureront sa capacité de développement d’investissements et rapidement, de leader de leur marché, ce qui garantira également leur accès aux marchés à l’international.

Alors tous derrière le modèle UGAP, allons vite discuter avec Emmanuel Macron, le Premier ministre et la Présidence, d’un « new deal » pour nos PME. Sauver nos soldats Ryan sauvera notre pays.

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