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Des écolos à l'UMP, les opposants au gouvernement n'ont pas de meilleures politiques à proposer
©Flickr/danielmoyle

L'Edito de Jean-Marc Sylvestre

Manuel Valls et François Hollande sont complètement coincés. Le gouvernement n’a plus de majorité pour conduire la politique qui est la sienne et personne n’est capable de définir une ligne alternative.

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre a été en charge de l'information économique sur TF1 et LCI jusqu'en 2010 puis sur i>TÉLÉ.

Aujourd'hui éditorialiste sur Atlantico.fr, il présente également une émission sur la chaîne BFM Business.

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En dépit du résultat calamiteux des élections, François Hollande et Manuel Valls  ont hier répété qu’ils ne changeraient pas de politique. La seule politique de remplacement possible ne pourrait être qu'une politique franchement libérale, plus pro-européenne et franchement pro-business. Ce que, même la droite, en plein chantier dereconstruction n’ose pas encore proposer.

Ce qui est surréaliste dans le débat qui agite la gauche, c’est que tous ceux qui réclament une autre politique que celle conduite par Manuel Valls ne réussissent pas à en définir le contenu et à convaincre l’opinion de sa pertinence.

Aurélie Filippetti réclame autre chose mais elle ne dit pas quoi. C’est pathétique. Elle semble regretter que les promesses faites pendant la campagne présidentielle ne soient pas délivrées. Elle a raison, les électeurs de François Hollande ont été trahis, mais c’est parce que les promesses étaient irréalisables.

Quand François Hollande s’est aperçu qu'il fonçait dans le mur de la dette, que la France se marginalisait dans le concert des grandes nations, quand il s’est aperçu que son programme ne passait pas le mur des réalités, il a changé de logiciel pour emprunter celui que défendait Manuel Valls lors des primaires.

Cécile Duflot écrit hier dans Le Monde que le logiciel Valls est dépassé. Mais que propose-t-elle comme alternative ?  Rien de cohérent. Rien de financé. Changer, oui, mais pour faire quoi et aller où ? Le plus grave, c’est que les autres écologistes sont sur une autre ligne aussi floue que la sienne. On a compris que sa survie politique passait par l’élimination de ses rivaux et par la défaite de François Hollande.   

Les frondeurs n’ont, eux-mêmes, aucune proposition alternative. Mais depuis qu’ils frondent, ils n’ont pas réussi à préciser leurs projets. Les propositions de Benoit Hamon sont ridicules et infantiles.

Martine Aubry a réuni une centaine de députés frondeurs lundi soir à Paris après les explications du Premier ministre à l’Assemblée. Elle aussi réclame une autre politique. Et que propose-t-elle d’y mettre ? Du social, du social et encore du social. Pour combien d’euros ? Et qui paiera ? 

Martine Aubry  a un programme alternatif qui se résume au maintien des 35 heures et à une activation des investissements publics dans les collectivités locales. Quels investissements, pour quels projets, quelles infrastructures... En fait, les seules éléments alternatifs qui circulent semblent puiser leurs outils et leurs concepts dans la trousse à outils de ce vieux Keynes.

Et cela, au lendemain de la décision de la BCE de lancer le plus grand programme de distribution de liquidités depuis la guerre. On rêve de tant d’erreurs d’analyse et de réactions. Pour le monde des affaires, cela n’a strictement aucun intérêt. Sauf si ces gens-là réussissent à s’approcher du pouvoir.

La réalité dans cette affaire est double. Les opposants à Manuel Valls sont dans un scénario de rupture. Leurs propositions ne peuvent fonctionner que si la France rompait avec l’euro, avec l’Europe et même avec le système de concurrence mondiale par le protectionnisme. Ils proposent ce que le gouvernement grec ne réussit pas à défendre. La rupture présente tellement de risques qu’ils n’osent pas l’assumer complètement.

La deuxième vérité, c’est qu’ils ne croient pas eux-mêmes à une autre politique possible. Donc ils sont dans la posture pour une conquête du pouvoir à gauche. D’où le piège pour Manuel Valls.

L’autre politique possible, car il en existe une autre, serait de mettre en place les ressorts de la modernité : la compétitivité, la simplification et  la dérégulation.  

D’abord, négocier une intégration européenne vers plus de fédéralisme, ce que personne n’ose faire parce que cela représente de tels abandons de souveraineté que beaucoup en France pensent que l’opinion publique ne l’accepterait pas. Cela nécessiterait aussi de suivre un règlement de copropriété qui serait peut-être au départ plus douloureux à supporter que le laxisme administratif actuel.

Ensuite, se mettre en position d’assumer la concurrence internationale. C’est-à-dire d’adopter une culture d’exportateur ce que nous n’avons pas. Ca passerait évidemment par plus de compétitivité du secteur productif.

Enfin, tout faire pour réduire les frais générauxdu système étatique français afin de dégager des marges d’investissement et de recherche.

Quand on voit le mal que Manuel Valls se donne pour faire passer la loi Macron on ne le voit pas aller dans ce sens.

Ce qui est plus inquiétant, c’est que l’opposition de droite confortée n’est pas pour l’heure plus cohérente sur un programme de redressement de ce type. Il n’est pas sûr que l’opposition à François Hollande ait un programme alternatif responsable. Ça viendra peut-être, mais pour l’instant il n'y a rien. Entre Alain Juppé et François Fillon, entre Laurent Wauquiez et NKM, c’est le grand écart idéologique et conceptuel.

Aujourd’hui il n'y a ni à droite, ni à gauche, des propositions compatibles avec les contraintes qui sont les nôtres depuis la crise. La crise doit rendre intelligent, dit-on. Pour l’instant, l’intelligence serait d’écouter la réalité avant de se fracasser dessus. 

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