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Consommation : souriez, vous êtes notés
©H3D - HOTT3D/Flickr

Economie collaborative

L'économie collaborative rend du pouvoir aux consommateurs, mais elle leur donne aussi des devoirs nouveaux. Les crados, les malpolis et les négligents vont devoir se réformer.

Hugues Serraf pour Drivy

Hugues Serraf est journaliste et directeur de la communication de Drivy, la plateforme Internet de location de voitures entre particuliers.

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Aux hôteliers et restaurateurs qui se plaignent d'être notés, généralement, anonymement et surtout négativement, sur des sites d'information touristique type TripAdvisor, on pourrait suggérer de se venger en adoptant l'une des innovations les plus frappantes de l'économie collaborative : la notation des clients eux-mêmes.

Si vous avez déjà fait l'expérience d'un site de location d'appartements ou de voitures entre particuliers, vous avez évidemment remarqué que l'on vous proposait, après coup, de commenter la qualité de la prestation et de la gratifier d'un certain nombres de petites étoiles façon guide Michelin. C'est parfois inutilement méchant, voire carrément cruel puisque la mauvaise note que vous accorderez à votre chauffeur Uber parce que vous n'aimez pas sa coupe de cheveux (ça s'est vu) est susceptible de lui faire perdre son boulot...

C'est parfois cruel donc, mais c'est sans doute le meilleur indicateur possible de la qualité d'un service en même tant qu'une vraie incitation à son amélioration (coupe de cheveux exceptée, c'est un tondu qui le dit). Car enfin, pourquoi louer ce studio à Barcelone dont la chasse d'eau ne fonctionne pas à un propriétaire irascible (dixit 250 touristes faisant les mêmes remarques sous leur vrai nom), quand celui d'à-côté est au poil (dixit 250 autres voyageurs) ?

Ce que l'on sait moins, c'est que ça marche dans l'autre sens et que les gens qui vous accueillent chez eux, vous filent les clés de leur auto ou vous conduisent à l'aéroport jugent également la manière dont vous vous comportez et que ça a des conséquences.

Une appli agrégeant toutes vos notations ?

Que votre note d'utilisateur Uber dégringole parce que vous parlez au chauffeur comme à un chien et plus personne ne viendra vous chercher. Que l'appartement de bord de mer où vous avez passé le weekend ressemble désormais à une chambre du Chelsea Hotel après un séjour de Sid Vicious et adieu les RTT au soleil. Que la voiture de particulier louée pour aller au mariage de votre petite cousine soit rendue en retard et parfumée à la Gauloise et vous n'aurez plus qu'à redécouvrir le train (ou le stop à l'ancienne si vous avez aussi été blacklisté chez BlaBlaCar).

Ça n'est pas toujours agréable, cette idée que l'on sera désormais noté comme « bon citoyen » tous azimuts. On voit même venir les dérives le jour où un petit malin californien lèvera 20 millions de dollars pour créer une appli agrégeant toutes vos notations disponibles sur le Web, et que la banque s'en servira pour décider de vous prêter du pognon ou pas pour acheter le studio que vous comptiez justement mettre en location saisonnière. Ou que la cadre marketing en tailleur Saint-Laurent draguée sur Attractive World refusera de répondre à vos avances à cause des mauvais résultats civiques de votre bulletin du deuxième trimestre. De l'encouragement à dire « bonjour, s'il vous plaît, merci » au flicage généralisé, il n'y a sans doute qu'un tout petit pas.

Mais dans l'intervalle, on perçoit surtout la vertu civilisatrice du système. Hoteliers et restaurateurs de la vieille économie, vous savez ce qu'il vous reste à faire...

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