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Vous avez aimé la France black, blanc, beur ? Vous adorerez peut-être la France bleu et bleu marine
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Départementales en couleurs

Sombre dimanche pour la gauche. Elle a tout perdu. Y compris l’honneur.

Benoît Rayski

Benoît Rayski

Benoît Rayski est historien, écrivain et journaliste. Il vient de publier Le gauchisme, maladie sénile du communisme avec Atlantico Editions et Eyrolles E-books.

Il est également l'auteur de Là où vont les cigognes (Ramsay), L'affiche rouge (Denoël), ou encore de L'homme que vous aimez haïr (Grasset) qui dénonce l' "anti-sarkozysme primaire" ambiant.

Il a travaillé comme journaliste pour France Soir, L'Événement du jeudi, Le Matin de Paris ou Globe.

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Durant longtemps, la gauche a vendu du rêve. Ça avait le charme alléchant des mirages du désert. Même si aucune oasis réelle ne se profilait à l’horizon de lendemains supposés radieux. Puis, sans doute fatiguée de jouer sans cesse la partition des illusions promises, la gauche a vendu autre chose. De la camelote de bas étage.

Samaritaine où l’on trouvait tout, elle a jugé bon de diversifier son offre. On a eu la gauche caviar. La gauche grossière, vulgaire et gueularde (genre Mélenchon). La gauche niaise, bavarde et déclamatoire (Jack Lang et Cie). La gauche butée et sectaire (derniers en date : les frondeurs). Et pour finir, la gauche molle et plan-plan (Hollande).

C’est à la fin des années 1980 que la gauche a entamé son processus de décomposition. En cette période, la gauche est une fête. Gaie et gay. Elle a son panthéon qui s’appelle Le Palace. Là, dans cette célèbre boite de nuit, elle est magnifiquement incarnée par la figure d’un publicitaire efféminé, shooté à la coke, se déhanchant devant un mannequin androgyne noir (forcément noir) fraîchement issu de United Colors of Benetton. Le night-clubber est roi en cette demeure. Il est à la mode. Et la gauche, c’est la mode. Ou l’inverse. Et c’est Pierre Bergé (déjà lui) qui est le grand ordonnateur de ces réjouissances révolutionnaires.

Le monarque qui nous gouvernait alors, Tonton Ier, contemple le spectacle d’un œil paternel, condescendant et souvent méprisant. Le roi se fait vieux : il a bien le droit de s’amuser un peu… Autour de lui, les prétendants s’affrontent par spadassins interposés. Il faut tuer Jospin ? Bergé s’en charge en parlant de son « menton mussolinien ». Tous veulent le job, mais pour ça, il faut d’abord conquérir le parti. Alors, lors des congrès du PS, où les gladiateurs meurent, on bourre les urnes (n’est-ce pas Martine Aubry ?).

Le bon peuple, le peuple, en éprouve de la lassitude. Alors, on essaie de lui offrir un moment de bonheur. Ainsi, en 1998, après la victoire au Mondial, on invente une poupée multicolore black, blanc, beur. La gauche énamourée regarde Zinédine Zidane avec les yeux de Chimène pour le Cid. Toutes les racailles de banlieue deviennent des clones attendrissants de notre Zizou national. Et le coup de boule est hisséau rang de réflexe patriotique.

Mais la gauche est encore capable de mobiliser. Pour ? Quand même pas, car plus personne n’y croit. Contre ? Oui. Au lendemain du 21 avril 2002, ils sont des centaines de milliers à défiler contre Jean-Marie Le Pen. La gauche se rassemble, mais seulement pour un enterrement. Car il lui faudra – la pauvre – accorder ses suffrages à un homme qu’elle déteste, afin que le score d’un homme qu’elle déteste encore plus, soit le plus modeste possible.

Les péripéties qui suivront montrent une gauche en marche : à la façon des canards décapités capables de faire encore quelques pas. Un moment d’espoir suscité par un candidat potentiel assuré de la victoire car il aura aussi les voix du centre et d’une partie de la droite. Hélas, les ambitions présidentielles de l’ex-futur heureux élu viendront se fracasser sur la bouche pulpeuse de Nafissatou Diallo. La suite est encore plus tristounette avec Plan-Plan Ier qui recule quand il avance, ou qui avance quand il recule. Le symbole de son règne : un scooter.

Alors que reste-t-il de la gauche ? Même pas des miettes à ramasser. Des déchets non-recyclables. Et la gauche, c’est quoi aujourd’hui ? On le sait grâce à un journal, Libération, parfaitement qualifié pour le dire : une Une en gros caractères : « Cette droite anti-musulmans ». A contrario, et par opposition, on en déduira que la gauche est pro-musulmans. Du Palace aux mosquées de Roubaix, quel chemin parcouru !

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