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"Les caprices de Marianne" d'Alfred de Musset : une jeunesse déboussolée, déjà
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Atlanticulture

La remarquable version proposée par Stéphane Peyran, montre un Alfred de Musset ancêtre très audacieux du féminisme.

Catherine Bonte de Cuniac pour Culture-Tops

Catherine Bonte de Cuniac pour Culture-Tops

Catherine Bonte de Cuniac est chroniqueuse pour le site Culture-Tops.

Culture-Tops est un site de chroniques couvrant l'ensemble de l'activité culturelle (théâtre, One Man Shows, opéras, ballets, spectacles divers, cinéma, expos, livres, etc.).

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L'AUTEUR

Le théâtre et la poésie d'Alfred de Musset, poète et dramaturge de la période romantique, souvent représenté essentiellement comme un dandy, à  la vie tumultueuse et à la sensibilité exacerbée, font l'objet depuis le XX° siècle d'une mise en avant très actuelle, montrant cette interrogation entre la pureté et la débauche. 

Un peu d’histoire :   à ses débuts, dépité par l’échec de sa première comédie, « La nuit Vénitienne », en décembre 1830, Musset décide de renoncer au théâtre. Mais deux ans plus tard, il entreprend  «  Un spectacle dans un fauteuil », ne tenant plus compte des contraintes théâtrale;  et, en mai 1833,  il publie dans la Revue des Deux mondes une série de pièces, dont  « les Caprices de Marianne », qui ne sera montée qu’en juin 1851, dans une version remaniée, avec des passages censurées. Un siècle plus tard, Gaston Baty jouera l’oeuvre authentique. La Comédie Française ne fera pas ce choix et continuera à jouer la pièce dans sa version censurée. C’est la version inédite et authentique que Stéphane Peyran met ici en scène.

THEME

Une comédie tragique traitée d’une façon classique. Intrigue simple:  dans un Naples en plein carnaval, un jeune poète idéaliste, Coelio, tombe amoureux de Marianne, jeune épouse du vieux juge Claudio,, et prend comme intermédiaire son meilleur ami Octave plutôt débauché, pour lui déclarer son amour. Il se croit trahi par lui car Marianne reste insensible à cet amour. Elle  s’affranchit, au contraire, en se déclarant à Octave, l’ami entremetteur.

POINTS FORTS

. Un décor sombre,  fantasmé : un Naples carnavalesque presque burlesque, une atmosphère anxiogène. Les cloches qui rythment l’action. On est immédiatement plongé dans la dualité : comédie ou drame, débauche ou pureté ?

. Des costumes inspirés de la commedia dell  arte campent parfaitement  les personnages : l’élégant et romantique Coelio en noir, Octavio coloré, en rebelle, le juge tout de rouge sang, et Marianne dans un bleu céleste.

. La censure étant bannie dans cette version inédite, la scénographie très esthétique permet des éléments comiques osés sous prétexte de carnaval et de scènes de débauche qui font partie intégrante de cette mise en scène réaliste mais comme patinée ou un brin irréelle.

. Une mise en avant de la modernité du thème sur les interrogations de la jeunesse déboussolée entre l’idéaliste Coelio, romantique à la gracieuse et mortifère mélancolie, Octave, le jouisseur qui s’étourdit dans les plaisirs faciles, et la pure, sincère et téméraire Marianne qui ose tout !

Une féminisme d’avant garde. Un trio parfaitement interprété dont Octave, finalement,  est le centre.

. Un grand moment d’intimité, où la communication est biaisée et  qui est le noeud déclencheur du drame: le dîner de Coelio avec sa mère, Hermia (remarquable Colette Teissedre), qui pense soulager son fils en lui faisant des confidences sur son amour malheureux. Un poignant quiproquo, une non réciprocité, l’un se soulage et croit faire du bien , l’autre trouve nourriture à son malheur, son destin.

. La dernière scène volontairement très dépouillée, ou Octave et Marianne sont finalement seuls, comme nus avec leur vérité, leur sincérité : elle, libérée mais qui voit son amour refusé, et lui ayant perdu son ami, le meilleur de lui-même, et ne pouvant ouvrir les yeux sur l’amour offert.

POINTS FAIBLES

Je n’en ai pas vu ou peut être cette dernière scène qui peut surprendre certains par le manque d’artifice... 

EN DEUX MOTS...

 Une liberté de ton, une pièce non conventionnelle, traitée dans un décor d’époque mais qui nous interpelle avec violence. Une exaltation de l’amour, aux accents raciniens.  Si on tient compte du fait que Alfred de Musset a été l’amant éconduit de George Sand, cette pièce prend encore plus de force romantique !

UNE PHRASE

« Que tu es heureux d’être fou, et fou de ne pas être heureux »

THEATRE

Les Caprices de Marianne

D’ALFRED DE MUSSET

( version inédite )

Mise en scène de Stéphane Peyran

avec Margaux Van den Plas

Stéphane Peyran

Guillaume Bienvenu

RECOMMANDATION

EXCELLENT Excellent

INFORMATIONS

Vingtième théâtre : Théâtre des Affranchis

7 rue des Plâtrières

PARIS 20°

Réservation: SRC Spectacles 0148 65 97 90

jusqu’au 19 avril

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