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Florence Arthaud : une passion quasi-mystique pour la mer
©Arthaud éditions

Atlanticulture

Le dernier et superbe livre de la navigatrice montre à quel point la "Fiancée de l'Atlantique" était à la hauteur de sa réputation.

Jacqueline Le Bris

Jacqueline Le Bris

Jacqueline Le Bris est chroniqueuse pour le site Culture-Tops.
 
Culture-Tops est un site de chroniques couvrant l'ensemble de l'activité culturelle (théâtre, One Man Shows, opéras, ballets, spectacles divers, cinéma, expos, livres, etc.).
 
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L'AUTEUR

Florence Arthaud, décédée le 9 mars 2015 (10 jours avant la sortie de ce livre) dans un accident d'hélicoptère en Argentine, était née en 1957. Son père, éditeur (Ed Arthaud), publiait des auteurs relatant des exploits sportifs de haut niveau. Très jeune, Florence Arthaud est passionnée par la mer et la navigation de compétition. A 18 ans, elle trouve un embarquement sur le bateau de Jean Claude Parisis et traverse ainsi l'Atlantique pour la première fois. En 1978, elle prend part à la première Route du Rhum où elle se classe 11é. En août 1990, elle gagne la traversée de l'Atlantique nord en solitaire (dépassant la performance de Bruno Peyron); en novembre de la même année, elle remporte la Route du Rhum. Elle n'a cessé de naviguer, en dehors même de ces courses prestigieuses. Elle est l'auteur de trois livres: "La Fiancée de l'Atlantique" (1982), "Océane" (2008), "Un vent de liberté" (2009).

THEME

Le 29 octobre 2011, Florence Arthaud rentrant d'Algérie à bord de "Largade", tombe à la mer au large de Bastia. En pleine nuit, alors qu'elle était sur le pont arrière de son bateau, elle a été éjectée, vraisemblablement, dit-elle, du fait de remous importants liés au passage d'un très gros bateau. Elle est en tenue de mer (cirés, bottes), elle a sa lampe frontale.  Ce n'est pas la première fois qu'elle vit ce type d'accident mais cette fois c'est différent car elle n'est pas en course, donc a priori sa trajectoire n'est pas suivie. Elle n'a pas de gilet de sauvetage. Elle évalue la situation et réalise qu'elle a peu de chance de s'en sortir. Après s'être débarrassée de ses bottes, de son pantalon de ciré, elle veut enlever sa veste et là, miraculeusement, elle trouve dans sa poche son téléphone étanche; elle a du réseau  et peut joindre sa mère qui contactera son frère afin d'alerter le Corsen-Med, en charge des secours en mer dans cette zone. Le livre relate cette extraordinaire et terrible histoire mettant en parallèle des périodes de vie intense de la navigatrice.

POINTS FORTS

-la construction du livre: l'alternance de chapitres courts relatant de manière minutieuse et maitrisée le sang froid avec lequel la navigatrice expérimentée vit les conséquences progressives du naufrage et son évolution vers le drame final, supposé inévitable; en contrepoint, la manière très alerte de raconter des tranches de vie où elle exprime sa passion pour la mer, sa volonté absolue d'aller jusqu'au bout de cette passion, son acceptation des difficultés physiques et matérielles de la navigation à ce niveau de compétition, ou relate des périodes de sa vie familiale, amicale, amoureuse.
-la transcription du quasi mysticisme de Florence Arthaud vis à vis de la mer qui la fascine, car c'est un écrin dont le couvercle est le ciel, c'est un espace de liberté où on peut rêver et  qui permet aussi de mesurer ses capacités à "tenir".
-le récit de vie permet de retrouver avec émotion le nom des grands navigateurs partis sur des "machines gigantesques" balayées au fil des courses, et disparus en mer.

POINTS FAIBLES

Je n'en vois pas. Mais certains seront peut-être gênés de lire cet ouvrage si vite après la disparition de Florence Arthaud, car il relate la détresse maîtrisée d'une femme exceptionnelle qui a accompli pleinement  sa destinée.

EN DEUX MOTS...

 " La fiancée de l'Atlantique" était comme une mystique totalement habitée par son dieu et ne pouvait vivre pleinement que dans son culte. Sauvée de la noyade, alors qu'elle craignait que cette mer tant aimée fut son tombeau, elle écrit : "Je vais donc rejoindre le ciel"...Tabarly (cf le film qui lui est consacré) chante lors d'une soirée de copains, peu de temps avant sa disparition en mer : " ce n'est pas l'homme qui prend la mer, c'est la mer qui prend l'homme"...  prémonition  de mort annoncée ? En tous cas deux destinées de navigateurs de légende.

UNE PHRASE

Ou plutôt deux:

- "Je n'arrive pas à employer le mot "mort" s'agissant de marins...". 

- "Je voulais être seule sur mon bateau, profitant de cette intimité entre les vagues et l'infini du cosmos".

RECOMMANDATION

EXCELLENT Excellent

LIVRE

Cette nuit la mer est noire

de Florence Arthaud

en collaboration avec Jean louis Bachelet  

Ed. Arthaud

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