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Laisser monter les voyageurs par toutes les portes du bus, ça marche
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Prière de monter par l'avant

A San Francisco, il est possible depuis 2013 de monter dans les bus par toutes les portes. Les véhicules restent ainsi moins longtemps à l'arrêt.

Frédérique Prédali

Frédérique Prédali

Frédérique Prédali est chargée d’études à l’Institut d’aménagement et d’urbanisme d’Ile-de-France.

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La régie des transports de la ville de San Francisco a autorisé en 2013 les passagers de bus à monter par toutes les portes. Loin d'être banale, cette démarche a montré son efficacité comme l'explique le site d'information The Atlantic.  Les temps de trajets ont été fortement réduits notamment dans les sites touristiques de la ville américaine. Ainsi, quand le bus attendait en moyenne 6,8 secondes avant de repartir, ce délai est passé à 3,5 secondes. Sur l'ensemble du réseau, le délai est descendu à 2,7 secondes contre auparavant 4,3 secondes.  Plus surprenant, la fraude n'a pas augmenté. Au contraire même : de 9.3% celle-ci a baissé à 8%. 13 contrôleurs en plus ont tout de même été recrutés et la régie des transports de San Francisco a mis en place un système de lecteur de carte de bus sur les portes arrière.

Atlantico : Pourquoi, en France, ne peut-on pas monter dans un bus par toutes les portes? La  crainte d'une augmentation de la fraude est-elle l'unique raison à cette impossibilité ?

Frédérique Prédali : Monter par l’arrière des bus a longtemps été possible en France. La pratique a peu à peu disparue de la plupart des réseaux  de transport urbain pour discipliner les voyageurs et les obliger à valider. L'intérêt de la validation est d'éviter la fraude mais aussi, de comptabiliser les voyages. Ce décompte permet à l'opérateur d'être rémunéré à hauteur des services rendus. Vérifier que le voyageur possède un titre et le valide fait donc aussi partie du travail du chauffeur.

Temps d'arrêt réduit, trajet plus court et une moindre émission de CO2 pour des bus à l'arrêt sont autant de raisons favorables à l'ouverture de toutes les portes de bus. Quelles raisons s'opposent à la mise en place de ce système?

Cela tient à l'évolution du métier de chauffeur. Cette dernière a longtemps été dictée par la nécessité de s'assurer les recettes tarifaires, et par la culture des grands groupes de transporteurs. La validation du titre a aussi une valeur juridique, c'est le contrat entre le transporteur et le voyageur. Rien ne s'oppose au retour de ces pratiques, les montées par toutes les portes du bus optimisent le temps d'arrêt et a des avantages qu'il convient de réexaminer dans le contexte actuel.

Quels enseignements doit-on tirer de cette expérience californienne ? Serait-elle applicable pour une ville française ?

Les bonnes pratiques ne sont pas nécessairement transposables et généralisables. L'intérêt du cas californien est de mettre en exergue que le renfort du contrôle a fait baisser la fraude, et de montrer que faciliter l'acte de validation par la mise en place de plusieurs valideurs à l'intérieur des bus a porté ses fruits. Une partie de la fraude est aussi due au manque de commodités pour acheter un ticket, ou le bon titre, ou le valider, on peut frauder "de bonne foi".

Outre la montée ou la descente, quels changements pratiques pour les voyageurs impliqueraient la mise en place d’une ouverture totale des bus ?

La tarification et la billettique sont  à prendre en compte. A San Francisco, une partie des voyageurs paient avec une carte qui débite un solde à chaque trajet, ce qui incite à valider en entrée/sortie pour les modes ferrés. La correspondance est incluse dans une durée de 90 minutes mais il faut valider. Si la décision d'ouvrir toutes les devait être prise, il ne peut s'agir que de décision au cas par cas.

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