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Quelle offre pour l'UMP ? Ce qu'en dit l'analyse concurrentielle du marché politique français
©Reuters

Le buzz du biz

Le premier tour des élections départementales, qui vient de se dérouler, a donné lieu à de multiples analyses et commentaires. Parmi eux, la question du rôle de Nicolas Sarkozy dans la victoire de la droite, s’est retrouvée au centre des débats. En filigrane, c’est la stratégie de l’UMP qui est interrogée : que faire face au FN ? L’analyse concurrentielle du marché politique peut apporter quelques clés.

Erwan Le Noan

Erwan Le Noan

Erwan Le Noan est consultant en stratégie et président d’une association qui prépare les lycéens de ZEP aux concours des grandes écoles et à l’entrée dans l’enseignement supérieur.

Avocat de formation, spécialisé en droit de la concurrence, il a été rapporteur de groupes de travail économiques et collabore à plusieurs think tanks. Il enseigne le droit et la macro-économie à Sciences Po (IEP Paris).

Il écrit sur www.toujourspluslibre.com

Twitter : @erwanlenoan

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L’activité politique est un marché, sur lequel une offre (programmatique) se confronte à une demande ; les travaux du Public Choice, trop méconnus, l’ont bien montré. En France, ce marché est enfermé par de très nombreuses barrières qui le contraignent et entretiennent les rentes : tout est fait pour assurer la sérénité des acteurs installés (les partis, du PC au FN) et ralentir la progression des potentiels nouveaux entrants (qu’il s’agisse des initiatives civiques qui échouent systématiquement, ou des jeunes). Ce marché est en outre structuré par des institutions qui portent nécessairement au monopole ; il n’y a qu’une place de Président de la République et qu’un seul Gouvernement.

Clairement, le secteur est aujourd’hui structuré par un opérateur à la croissance particulièrement dynamique : le Front National. Les autres acteurs, subissant son offensive, ajustent leurs stratégies en réaction à ses initiatives ; l’UMP pourrait d’ailleurs bien être rapidement prise en étau.

Dans ce jeu concurrentiel, le FN, a choisi d’être l’offre « lowcost », qui lui permet de gagner des parts de marché. Ses responsables ont adopté une stratégie de « banalisation » qui se retrouve jusque dans leur communication quotidienne et leur discours. Le cœur de cette stratégie à moindre coût repose sur un programme au rabais : les propositions sont au mieux approximatives (appliquer les propositions du FN sur la laïcité reviendrait à annihilerla spécificité alsacienne) au pire périlleuses (on n’entend assez peu Madame Le Pen expliquer ce qu’il adviendrait de l’épargne des Français si notre pays sortait de l’euro), rarement très approfondies ni alimentées par des études sérieuses.

La stratégie du PS pour affronter la concurrence est de faire croire qu’il a renouvelé son offre : son PDG « normal » a donc tenté de changer le responsable opérationnel, mais Manuel Valls ne pourra faire repartir du jour au lendemain une machine vieillie qui n’est plus compétitive et date d’un siècle révolu. Les électeurs n’étant pas plus dupes que les consommateurs, ils se détournent de ce produit usé.

Le centre adopte résolument, pour sa part, une stratégie "haut de gamme" : comme sur tout marché, face à ceux qui cassent les prix, il faut produire de la qualitépour justifier sa valeur ajoutée. L’UDI privilégie donc les idées (mêmes si elles sont rares) plutôt que le marketing. Pour une stratégie de ce type, la cible est nécessairement étroite : quelques élites locales, des étudiants savants et tous ceux qui sont en quête d’investitures électorales.

La position de l’UMP est plus complexe ; elle est classiquement celle de l’acteur de « milieu de gamme », pris en étau entre les concurrents « lowcost » et « haut de gamme ». Les entreprises sur ce positionnement ont généralement du mal à se situer : elles ne peuvent chercher à conquérir la masse sans écorner leur image de marque, mais ne peuvent pas non plus choisir la voie restreinte du haut de gamme sous peine de faire chuter leur base de clients ; surtout, d’un côté comme de l’autre, la place est déjà prise. L’hésitation reste la solution la plus communément choisie ; c’est aussi celle qui assure la banqueroute.

Une piste stratégique que pourrait adopter l’UMP pour sortir de l’impasse serait de prendre la voie de l’innovation : en créant sa propre demande, l’offre disruptive s’assure une position de monopole, non par des rentes, mais par sa nouveauté et le caractère unique de sa proposition. L’acteur innovant, tel un créateur, façonne le marché à son image : il ne court pas après les consommateurs sans bien savoir ce qu’ils recherchent, il leur propose une vision radicalement différente. L’UMP ne trouvera pas sa voie en courant après le FN, ou l’UDI (et encore moins après le PS !), elle la trouvera en créant une offre alternative. On en est encore loin !

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