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L’Europe selon de Gaulle
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Bonnes feuilles

L'homme du 18 juin ne manquait pas d'esprit. Il maniait le sarcasme et utilisait son sens de la répartie à froid. La pensée et les actes du fondateur de la Ve République hantent toujours la vie publique française de la gauche et de la droite. Extraits de "De Gaulle au présent" présenté par Henri Guaino aux éditions du Cherche Midi 1/2

Charles de Gaulle sélectionné par Henri Guaino

Charles de Gaulle sélectionné par Henri Guaino

Henri Guaino présente les textes qui ont fait le gaullisme.

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EUROPE EUROPÉENNE

"Un but de la France c’est l’union de l’Europe tout entière par la pratique entre son occident, son centre et son orient de la détente, de l’entente et de la coopération où nous nous sommes franchement engagés ; par l’affermissement du Marché commun, pour qu’il tende à l’affranchissement, non pas à la subordination, de l’ouest de notre continent ; un jour peut-être par l’élargissement de cette communauté, dès lors que les candidats se seraient mis, politiquement, économiquement, monétairement, en mesure d’y entrer sans la détruire ni la dévoyer."

Allocution radiotélévisée, 31 décembre 1967, DM, V, p. 252-253

􀂙"Notre planète, telle qu’elle est aujourd’hui, présente deux masses énormes, toutes deux portées à l’expansion, mais entraînées par des dispositions essentiellement différentes et, du même coup, par des courants idéologiques opposés. L’Amérique et la Russie, si on a le droit d’espérer qu’elles ne deviendront pas ennemies, sont automatiquement rivales. D’autant plus que le rapetissement de la terre, par suite de l’évolution technique, les met partout en contact, c’est-à-dire partout en garde, et que l’invention de moyens de destruction terribles introduit dans leurs relations un élément acrimonieux d’inquiétude, sinon d’angoisse. Dans une pareille situation, placés là où nous sommes, le maintien de notre indépendance devient pour nous le problème brûlant et capital. (...) 

Il implique, en même temps, que nous nous appliquions à refaire l’Europe, afin qu’existe, à côté des deux mases d’aujourd’hui, l’élément d’équilibre sans lequel le monde de demain pourrait peut-être subsister sous le régime haletant des modus vivendi, mais non point respirer et fleurir dans la paix. Il implique encore, que nous contribuions, dans toute la mesure de notre influence et de nos possibilités, à faire vivre la coopération internationale et ses naissantes institutions, pour que toute cause éventuelle de conflit puisse être étudiée. (...) 

Il implique, enfin, que nous restions nous-mêmes, c’est-à-dire des Occidentaux, fidèle à une conception de l’homme, de la vie, du droit, des rapports entre les États, qui nous a faits tels que nous sommes, à laquelle ont toujours tenu notre influence et notre rayonnement et qu’il nous faut défendre et faire valoir dans le tumulte du monde, pour servir et pour survivre."

Discours, Strasbourg, 7 avril 1947, DM, II, p. 53-54

Beaucoup s’écrient : "Faisons l’Europe !" Mais quelle Europe ? C’est là le débat. En effet, les commodités établies, les renoncements consentis, les arrière-pensées tenaces, ne s’effacent pas aisément. Suivant nous, Français, il s’agit que l’Europe se fasse pour être européenne. Une Europe européenne signifie qu’elle existe par elle-même et pour elle-même, autrement dit qu’au milieu du monde elle ait sa propre politique. Or, justement, c’est cela que rejettent, consciemment ou inconsciemment, certains qui prétendent cependant vouloir qu’elle se réalise. Au fond, le fait que l’Europe, n’ayant pas de politique, resterait soumise à celle qui lui viendrait de l’autre bord de l’Atlantique leur paraît, aujourd’hui encore, normal et satisfaisant. 

On a donc vu nombre d’esprits, souvent d’ailleurs valables et sincères très souvent, préconiser pour l’Europe, non point une politique indépendante, qu’en vérité, ils n’imaginent pas, mais une organisation inapte à en avoir une, rattachée dans ce domaine, comme dans celui de la défense et celui de l’économie, à un système atlantique, c’est-à-dire américain, et subordonnée, par conséquent, à ce que les États-Unis appellent leur “leadership”. Cette organisation, qualifiée de fédérale, aurait eu comme fondements, d’une part un aéropage de compétences soustraites à l’appartenance des États et qu’on eût baptisé “Exécutif”, d’autre part un Parlement sans qualifications nationales et qu’on eût dit “Législatif”.

Sans doute, chacun des deux éléments aurait-il fourni ce à quoi il eut été approprié, savoir : des études pour l’aéropage et des débats pour le Parlement. Mais, à coup sûr, aucun des deux n’aurait fait ce qu’en somme on ne voulait pas qu’ilfasse, c’est-à-dire une politique. Car, si la politique doitévidemment tenir compte des débats et des études, elle est tout autre chose que des études et des débats. La politique est une action, c’est-à-dire un ensemble de décisions que l’on prend, de choses que l’on fait, de risques que l’on assume, le tout avec l’appui d’un peuple. Seuls peuvent en être capables et responsables les Gouvernements des nations. Il n’est certes pas interdit d’imaginer qu’un jour tous les peuples de notre continent vienne n’en feront qu’un et qu’alors il pourrait y avoir un Gouvernement de l’Europe, mais il serait dérisoire de faire comme si ce jour était venu."

Conférence de presse, palais de l’Élysée, 23 juillet 1964, DM, IV, p. 227-228

􀂙"Nous ferons donc, en 1961, ce que nous avons à faire. Aider à construire l’Europe, qui, en confédérant ses nations, peut et doit être pour le bien des hommes, la plus grande puissance politique, économique, militaire et culturelle qui ait jamais existé. Aider cette Europe rassemblée et l’Amérique, sa fille, à réorganiser leur alliance en vue de mieux défendre le monde libre et d’agir en commun sur toute la terre. Aider à acquérir la libre disposition d’eux-mêmes les peuples qui y aspirent, notamment ceux qui sont courbés sous le joug totalitaire. Aider à prendre leur part au progrès ceux qui en sont écartés. Aider l’Ouest et l’Est à en venir à la détente et au désarmement, pour peu que l’Empire soviétique cesse de manier des torches incendiaires tout en lançant, pour la montre, des vols de colombes épouvantées."

Allocution radiodiffusée, Paris, 31 décembre 1960, DM, III, p. 268

Extraits de "De Gaulle au présent" présenté par Henri Guaino aux éditions du Cherche Midi, 2015

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