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Alerte à la pollution sur Paris : mais qu’ont fait les Verts dans la majorité parisienne depuis 15 ans ?
©Reuters

A l'épreuve des faits

Paris a connu des pics de pollution considérables ces derniers jours. Un résultat guère flatteur pour une ville où une partie de la majorité municipale est fortement teintée d'écologie et a multiplié les mesures – impopulaires – pour juguler le fléau.

Pierre Souvet

Pierre Souvet

Le Dr Pierre Souvet, cardiologue, est le président de l'Association santé environnement France (ASEF). Il travaille en collaboration avec l'observatoire atmosphérique du Ballon de Paris.

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Atlantico : Les écologiste, depuis 2001, influencent la gestion de la ville de Paris. Les différentes équipes municipales ont initié de nombreux projets pour rendre la capitale française plus "verte", en gênant notamment la circulation des voitures. Pourtant, rien ne semble avoir vraiment marché, comme en témoignent les performances exécrables en matière de qualité de l'air parisien. Pourquoi ?

Pierre Souvet : La principale pollution issue des voitures aujourd'hui provient de la priorité donnée, via des mesures fiscales, au développement du parc automobile diesel (65 % du parc français, ndlr), mais sur des véhicules qui n'étaient pas équipés de filtres à particules. Cela n'a pas encore été pleinement résolu par les filtres que l'on impose actuellement. Donc les émissions de dioxyde d'azote ont augmenté. Et les réponses qui ont été apportées par la Ville de Paris ont été très insuffisantes. Ce n'est pas d'avoir rendu certains secteurs de Paris piétonniers ou d'avoir modérément diminué la vitesse autorisée qui a pu enrayer la hausse issue de l'augmentation du parc automobile. Bien sûr, il y a moins de pollution là où de telles mesures ont été prises, mais cela n'impacte pas la totalité de la ville. Cela la rend juste hétérogène, avec des quartiers peu pollués, et d'autres qui le sont beaucoup plus.

Progression de la part d'émissions de dioxyde d'azote

Source : Airparif

Atlantico : Dans une interview accordée en 2012 à Atlantico Karine Léger, adjointe au directeur de l'association Airparif, indiquait à propos du passage de la limitation de la vitesse de 80 à 70 km/h sur le périphérique que "les courbes d'émission de polluants en fonction de la vitesse montrent que l'optimum est entre 40 et 80 km/h. En baissant de 70 à 80km/h la vitesse maximum, on ne change pas grand-chose."

Lire également : 70 km/h sur le périph' : la fausse bonne idée qui coûte cher sans sauver l'environnement

On a souvent ramené le problème de la pollution à Paris à une question de circulation. N'a-t-on pas eu une vision trop réductrice de la réalité de la question ?

Au niveau national, on pourrait en effet se poser la question, car les rejets automobiles ne représentent que 20% de la pollution. Mais ce chiffre est beaucoup plus élevé en milieu urbain. A Paris, il tourne en effet plutôt autour de 50%. Donc s'attaquer à la question de la pollution automobile est un enjeu prioritaire. Le problème n'est donc pas ce sur quoi on s'est concentré, c'est la faiblesse de la réponse qui a été apportée.

Quelles solutions aisées à mettre en place et politiquement réalisables pourrait-on instaurer pour inverser la tendance ?

Dans l'absolu, sur le long terme, ce que propose l'équipe d'Anne Hidalgo pour la Paris semble aller dans le bon sens. Mais encore faut-il proposer de vraies alternatives pour pouvoir se passer de la voiture, et que ces mesures ne soient pas perçues comme étant uniquement des contraintes. Sur le court terme, la mesure qui a réellement donné de bons résultat, c'est la circulation alternée. Elle a un impact massif et direct. 

Lire également : Circulation alternée : le faux-débat permanent

Pourtant les principaux responsables de la pollution sont les utilitaires et les pois lourds. Imposser la circulation alternée aux autres véhicules, est-ce vraiment s'attaquer au problème ?

En vérité il faudrait cibler les diesel et les véhicules les plus polluants, bien évidemment. Le plan qui a été mis en place par la mairie pour les années futures est censé s'attaquer à cette question-là. La circulation alteernée n'est aujourd'hui qu'un pansement ponctuel. Cette mesure limite malgré tout plus la pollution que la baisse de la vitesse ne le fait. Idéalement, il faudrait arrêter toute circulation, mais ce serait catastrophique au plan économique. Donc on peut difficilement, pour le moment, faire autre chose que limiter la circulation des véhicules des particuliers.

Ne met-on pas trop d'espoirs dans une résolution purement politique de la question environnementale à Paris ? Est-ce vraiment de là que peuvent venir les résultats les plus probants ?

Le politique, par définition, ne peut agir que là où il a du pouvoir. Quand on voit que les pics de pollution à Paris proviennent aussi d'un problème environnemental en provenance d'Europe du Nord, on ne pourra pas avoir de solution sans une résolution européenne sur cette problématique. Cependant, les problèmes de la qualité de l'air à Paris ont aussi une dimension purement parisienne évidemment, et dans cette configuration seule la volonté politique et une action efficace peut amener des résultats.

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