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"Les affaires DSK et Tron ont fait surgir du néant une kyrielle d’organisations féministes."
"Les affaires DSK et Tron ont fait surgir du néant une kyrielle d’organisations féministes."
©Reuters

Femmes des années 2010

Les affaires DSK et Tron ont fait surgir du néant une kyrielle d’organisations féministes. Et, hélas, elles ont aussi leurs Torquemada et leurs ayatollahs.

Benoît Rayski

Benoît Rayski

Benoît Rayski est historien, écrivain et journaliste. Il vient de publier Le gauchisme, maladie sénile du communisme avec Atlantico Editions et Eyrolles E-books.

Il est également l'auteur de Là où vont les cigognes (Ramsay), L'affiche rouge (Denoël), ou encore de L'homme que vous aimez haïr (Grasset) qui dénonce l' "anti-sarkozysme primaire" ambiant.

Il a travaillé comme journaliste pour France Soir, L'Événement du jeudi, Le Matin de Paris ou Globe.

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Dans les années 1930, Mae West était la bombe sexuelle incontestée du cinéma américain. Provocante, séduisante, aguichante, allumeuse… Enfin tout ce qu’on aime ! Un jour qu’on lui demandait ce que c’était pour elle d’être une star, elle répondit : « C’est d’avoir la certitude en rentrant dans une salle remplie d’hommes que tous b*** pour vous ! » Et elle ajouta, pour préciser sa pensée (au demeurant, assez limpide), que quand un homme entrait dans sa chambre elle ne pouvait lui poser qu’une seule question : « Avez-vous un revolver dans votre poche ou, plutôt, êtes-vous bien disposé à mon égard ? » Mae West n’avait pas sa langue dans sa poche. Et on aura compris qu’en matière de féminisme décontracté, c’est celui-là que je préfère.

L’autre jour, plusieurs dizaines de Mae West ont défilé au cours d’une marche qu’elles ont appelée « La Marche des salopes ». Une franchise qui se rapproche sympathiquement de celle de l’actrice américaine. Un ami qui est allé voir (car il y avait à voir) m’a dit que la plupart des manifestantes étaient fort jolies, peu, très peu habillées, provocantes, aguichantes, etc. Leur objectif était de montrer qu’elles avaient parfaitement le droit de séduire, même au prix d’une très stricte économie vestimentaire sans que pour autant n’importe quel mâle imbécile se croie autorisé à porter ses mains pleines de doigts sur leur corps. Comme l’a fort bien résumé une des participantes : « Je veux bien qu’on me mette la main au c**, mais je veux savoir qui c’est. » Comment ne pas souscrire à cette élémentaire déclaration de la liberté féminine…

Mais les « salopes » ne sont pas seules, il y a du monde dans la bergerie féministe. La plus médiatisée, ces derniers jours, de ces organisations s’appelle « Paroles de femmes ». Quelques dizaines de ces militantes sont allées place des Vosges hurler sous les fenêtres de DSK et dans les médias ça a fait du bruit comme si elles étaient des milliers. Moins connues, mais tout aussi tenaces sont les « Marianne de la diversité ». Leur programme est un catalogue de bons et généreux sentiments. Antiracisme, citoyenneté partagée (je ne sais pas bien ce que ça veut dire), rapprochement des cultures, lutte contre les violences faites aux femmes et contre la xénophobie. Le mariage d’une Arabe et d’un Européen (ou l’inverse) leur paraît – si j’ai bien compris – l’aboutissement nirvanesque de leur combat.

Ont également donné de la voix contre DSK en particulier et le sexisme masculin en général les femmes et les filles d’« Osez le féminisme », dont la radicalité sectaire et agressive n’a rien à voir avec la douceur supposée qu’on prête aux femmes (mais peut-être que je cède ici à un très ordinaire cliché machiste ?). Et enfin la plus en vue, la plus bruyante : « Les Chiennes de garde ». Et c’est inévitable qu’on en parle plus que des autres : elles aboient et, de leur propre aveu, « chassent en meute ». Elles se sont fait une spécialité de lutter contre l’exploitation du corps féminin – dénudé – dans la pub et les médias. Si on en juge par ce qu’on voit dans la presse féminine où les tests genre « Êtes-vous un bon coup ? » alternent avec les dossiers « Comment lui faire plaisir ! », elles ont du pain sur la planche. Et en bonne logique, « Les Chiennes de garde » devraient affronter en un combat singulier les « salopes », qui défilaient l’autre jour en exhibant leurs charmes. Et que les plus jolies gagnent…

Toutes ces organisations sont parfaitement groupusculaires et on se demande pourquoi tant de micros se sont complaisamment tendus vers leurs représentantes. Bien sûr, elles avaient toutes quelque chose à dire sur Nafissatou Diallo, Tristane Banon, DSK, les viols et les agressions sexuelles. Quelque chose à dire ? Oui, mais avec tous les excès d’un fanatisme inquisitorial. La connerie masculine s’agissant des femmes atteint – c’est évident – des profondeurs abyssales. Si l’égalité entre les sexes consiste pour les militantes féministes à rivaliser avec ça…

Pour passer à des choses sérieuses, il est patent que ce sont les hommes qui oppriment, violent et harcèlent les femmes. Pas l’inverse. En silence, sans micros ni caméras, un mouvement s’en occupe : « Ni putes ni soumises ». Elles interviennent dans les cités. Contre les mariages forcés, contre l’enfermement des filles par leurs parents ou leurs grands frères, contre le port forcé du voile et pour que la jupe ne soit pas synonyme d’appel au viol. Elles sont courageuses et humbles. Quant aux autres… juste des petites bourgeoises au bord de la crise de nerfs.

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