Légère baisse du nombre de sympathisants UMP favorables à des alliances locales avec le FN<!-- --> | Atlantico.fr
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49 % des sympathisants UMP et 71 % de ceux du FN sont favorables à des alliances locales aux départementales.
49 % des sympathisants UMP et 71 % de ceux du FN sont favorables à des alliances locales aux départementales.
©Reuters

Départementales

D'après un sondage exclusif CSA pour Atlantico, 49 % des sympathisants UMP et 71 % de ceux du FN sont favorables à des alliances locales entre les deux partis aux départementales. Par rapport à mars 2014, on peut constater une baisse du côté de l'UMP, et une augmentation du côté du FN.

Yves-Marie Cann

Yves-Marie Cann

Yves-Marie Cann est Directeur en charge des études d'opinion de l'Institut CSA.
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En mars 2013 un sondage CSA pour Atlantico montrait que51% des sympathisants de l’UMP et 66% des sympathisants du FN étaient favorables aux alliances locales UMP/FN.

En mars 2014, un sondage similaire mené par l'Ifop établissait la tendance à 55 % chez les sympathisants UMP et 62% chez ceux du FN.

D'après ce nouveau sondage CSA pour Atlantico, datant de mars 2015, ils sont 49 % à l'UMP, et 71 % au FN

>>> Lire le sondage Ifop de mars 2014 : Une majorité de sympathisants UMP et FN en faveur d'accords locaux

Atlantico : Votre enquête fait ressortir que, face à la montée du Front National, 8 % des sondés se disent enthousiastes, et 17 % confiants. En face 56 % des Français sont partagés entre colère et inquiétude. L'alarmisme des socialistes, au premier rang desquels Manuels Valls, qui a déclaré avoir peur que le pays se "fracasse sur le FN", est-il exagéré ?

Yves-Marie Cann : Les propos du Premier ministre à l'encontre du Front national ont suscité un flot de réactions contradictoires. Les résultats de notre sondage pour Atlantico démontrent toutefois que son indignation s'avère en phase avec une nette majorité de personnes interrogées, lesquelles expriment dans notre enquête leur inquiétude (42%) voire leur colère (14%). Ces résultats illustrent, toutefois, combien le FN n'a plus l'effet repoussoir qu'il pouvait avoir par le passé. À cet égard, il est intéressant de constater que près d'un cinquième des personnes interrogées (19%) expriment ici leur indifférence, les autres allant jusqu'à se dire confiantes voire enthousiastes.

Plus précisément, l'analyse des résultats par familles politiques, en fonction de la préférence partisane exprimée par les répondants, fait apparaitre des différences de perceptions particulièrement marquées. Le Premier ministre se voit surtout conforté à gauche : 85% des sympathisants socialistes expriment leur inquiétude ou leur colère, de même que 82% de ceux du Front de gauche et 71% des écologistes. Les résultats s’avèrent en revanche plus contrastés à droite, notamment parmi les sympathisants de l’UMP : si 56% expriment leur inquiétude ou leur colère, 26% se disent indifférents, 15% confiants et 3% enthousiastes.

Derrière les 17 % de confiants et les 19 % d'indifférents, qui trouve-t-on ? Qu'est-ce que cela signifie être "confiant" et "indifférent" face à la montée du FN ?

La confiance exprimée face à la montée du Front national recèle deux dimensions. Pour certains, notamment à gauche et en gardant à l’esprit qu’ils sont très minoritaires (7%), il s’agit avant tout d’exprimer sa sérénité face à la menace décriée par certains. Pour les autres, il s’agit d’exprimer leur soutien à la formation présidée par Marine Le Pen. Ainsi, 50% des sympathisants frontistes expriment leur confiance, auxquels il faut ajouter 44% faisant part  de leur enthousiasme. Relevons d’ailleurs que cet enthousiasme est quasi exclusivement porté par les sympathisants du Front national au sein de la population, l’inquiétude et la colère dominant dans toutes les autres familles politiques.

Quant aux indifférents, ils se retrouvent au sein de toutes les familles politiques, à l’exception du FN où ce sentiment s’avère marginal. Des nuances notables se font toutefois remarquées puisque c’est au sein des catégories de population les plus tentées par un vote FN aujourd’hui que l’on retrouve les plus fortes proportions d’indifférents, lesquels sont souvent dans une posture de défiance très forte à l’égard des partis de gouvernements. Il s’agit notamment des personnes âgées de 35 à 49 ans (25% d’indifférents) et des ouvriers (24%). Remarquons enfin que la proportion d’indifférents est nettement plus élevée à droite qu’à gauche : 11% contre 26%. Sans doute faut-il y voir ici un raisonnement plus stratégique de la part des sympathisants de droite, pour lesquels la montée du FN est davantage perçue comme une menace pour la gauche plutôt que pour leur camp, notamment aux prochaines élections départementales.

Observe-t-on des disparités géographiques ?

Les Français enthousiastes face à la montée du FN sont plus nombreux dans les zones de force du parti. 13 % des habitants des régions de l'est se disent enthousiastes, et 12% se prononcent de la même manière sur le pourtour méditerranéen. A contrario, c'est dans le quart sud-ouest de tradition radicale socialiste, que l'on trouve la plus forte proportion de personnes qui se disent inquiètes ou en colère (68 %). Cela se retrouve aussi sur la façade ouest en général, de tradition démocrate chrétienne. L'ouest résiste donc plus aux sirènes du FN que l'est.

Pour ce qui est des alliances locales, on constate aussi que c'est dans les zones de force du FN qu'elles sont les plus soutenues : 41 % dans l'est, 35 % sur le pourtour méditerranéen, contre 23 % dans le sud-ouest. Cela montre bien qu'il y a une tension, principalement au sein de la droite, sur la possibilité d'alliances. De manière générale, on sait que dans le grand est ce n'est pas une question taboue. A ce titre, ces zones seront intéressantes à suivre lors des départementales.

Il est à noter que le clivage se fait entre régions, et non entre zones rurales et zones urbaines. 58 % des habitants des zones rurales sont inquiets ou en colère, et ils sont autant en région parisienne.

3 Français sur 10 se disent favorables à des alliances locales entre l'UMP et le FN pour les départementales. A l'UMP, ils sont 47 %, et au FN, 71 %. Que faut-il en déduire sur la représentation que les Français ont du FN dans le cadre d'un enjeu local ?

La proportion de Français se disant favorables à des alliances locales entre l’UMP et le FN évolue peu depuis la précédente mesure que nous avions réalisée en mars 2013, à un an des élections municipales : 31% se prononcent en faveur d’une telle option, une large majorité (62%) exprimant son opposition. De mon point de vue, ces résultats sont dans la continuité de ceux observés à la question précédente : si le Front national s’est "banalisé" ces dernières années, au sens où il ne fait plus aussi peur que par le passé, le rejet qu’il suscite reste majoritaire au sein de la population. Ce résultat illustre aussi, d’une certaine façon, le fameux "plafond de verre" auquel est confronté le FN dans les duels de second tour l’opposant à la gauche ou à la droite : faute d’alliance avec d’autres formations politiques il lui est particulièrement difficile de rassembler une majorité absolue de suffrages. Rappelons à cet égard que les deux députés frontistes à l’Assemblée nationale ont été élus dans le cadre d’une triangulaire, n’ayant obtenu qu’une majorité relative de suffrages exprimés.

Qu'apprend-on sur la position des sympathisants UMP vis-à-vis du FN ? Quels enseignements la droite doit-elle en retirer dans la perspective de 2017 ?

Les sympathisants UMP apparaissent particulièrement divisés quant à l’attitude à tenir face au Front national : 47% se prononcent en faveur d’alliances locales au cas par cas, 50% s’y opposant (dont 29% se disant même "tout à fait opposé"). Notons, d’ailleurs, que la proportion de sympathisants UMP favorables à ces alliances décroît légèrement en deux ans (51% de favorables en mars 2013). Un tel résultat illustre toutefois la difficulté pour la direction nationale de l’UMP à maintenir les digues, celle-ci ayant affirmé à maintes reprises, il faut le rappeler, son refus de toute alliance avec le Front national.

De plus, lorsqu’on leur demande si l’UMP a plus de valeurs communes avec le Front national ou le Parti socialiste, une majorité d’entre eux nous répond "ni l’un, ni l’autre" (62%). Cette proportion s’avère toutefois en nette baisse par rapport à une précédente enquête CSA réalisée en juin 2013, puisque les sympathisants UMP étaient alors 73% à donner cette réponse (soit -12 points), ceux répondant que l’UMP a plus de valeurs communes avec le FN qu’avec le PS sont désormais 30% (contre 19% en juin 2013). De tels résultats démontrent ainsi combien le Front national peut être une source de tensions pour l’UMP. Tensions qu’illustrent d’ailleurs l’opposition entre des personnalités comme Nathalie Kosciusko-Morizet et Laurent Wauquiez. Toute la difficulté pour la droite, d’ici à 2017, sera donc de trouver un point d’équilibre entre des visions et des aspirations parfois opposées, au risque sinon de provoquer une scission entre une frange modérée, proche du centre droit, et une seconde plus dure, pouvant partager un socle de valeurs communes avec le Front national.

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