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Des Paroles et Des Actes : Emmanuel Macron, l'homme que l'absence de résultats n'inquiétait pas
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Paroles et paroles

Sur France 2, lors de son premier grand rendez vous face aux français, le ministre de l'économie a affiché un degré d'assurance en décalage avec ses résultats économiques.​ Le père de la hausse des impôts et du pacte de responsabilité ne doute jamais.

Nicolas Goetzmann

Nicolas Goetzmann

 

Nicolas Goetzmann est journaliste économique senior chez Atlantico.

Il est l'auteur chez Atlantico Editions de l'ouvrage :

 

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Inconnu il y a encore trois ans, le ministre de l’économie Emmanuel Macron essuyait les plâtres de sa carrière télévisuelle « grand format » ce jeudi 12 mars lors de l’émission de David Pujadas, Des Paroles et des Actes, sur France 2. Trois heures durant, celui qui est présenté comme l’un des symboles du renouveau de la politique française, aura répondu, débattu, aux questions et critiques de ses contradicteurs. Souvent cassant, le ministre s’est surtout singularisé par son absence de doutes. Une détermination sourde, revigorante pour ceux qui partagent ses idées, une attitude pouvant être effrayante pour les autres.

Mais rapidement, Emmanuel Macron s’est retrouvé renvoyé à son passé de banquier d’affaires et à l’argent gagné, une situation personnelle qui l’empêcherait par nature, et selon certains de ses détracteurs, "d’être de gauche". Une attaque finalement vide et inutile, puisque l’"être de gauche" évoqué dans cette interrogation n’est pas sa gauche à lui. Lorsque David Pujadas pose la question de l’origine des convictions de son invité, la gêne s’installe, et la première réponse apportée est "je suis né à gauche", une notion « d’héritage », c’est-à-dire une anti-conviction. Un véritable fardeau. Et c’est ce fardeau que le ministre va traîner tout au long de son émission.

Un premier échange difficile l’oppose alors au nouveau secrétaire général de la CGT, Philippe Martinez, que le ministre ne parviendra pas à dominer. Un débat qui va révéler un réel manque d’empathie de la part d’Emmanuel Macron. La chaîne du froid s’installe progressivement. Une chaîne qui va se dérouler au long de l’émission, notamment lorsque les futures réformes à mettre en œuvre sont évoquées.

Dégressivité des allocations chômage et aménagement des 35 heures sont au menu. La poursuite d’un réformisme de l’offre, c’est-à-dire d’une « libéralisation » de l’économie est en marche. La logique est implacable et la machine est belle. Mais la conviction est forte, sans doute trop forte. Toute alternative est méprisée, et ne mérite aucune perte de temps inutile. Lorsque vient le moment du débat l’opposant à l’UMP Benoist Apparu, ce dernier paraissait regretter ne pas avoir son opposant à ses côtés. Cet échange entre les deux hommes n’aura pas permis de créer une tension, il ne s’est agifinalement que d’une aimable discussion. La nature des reformes de la « Loi Macron » n’est pas discutée, seul le degré d’intensité dans la réforme permet d’établir une divergence.

Tout l’inverse de la dernière opposition politique entre le Front national Florian Philippot et le ministre de l’économie. L’ennemi est alors désigné clairement et l’affrontement est rugueux. En s’attaquant d’une façon aussi virulente à son adversaire, Emmanuel Macron joue la carte du rassemblement de la gauche. Les élections sont proches, et le meilleur ciment d’une gauche plurielle inexistante reste encore le parti de Marine Le Pen. Retombant dans ses travers, Emmanuel Macron ne parvient pas à incarner la réalité de ce que vivent les français, notamment lorsque son opposant évoque les dégâts de la mondialisation. Mais le responsable du Front national s’épuise rapidement, de slogans en slogans, pour sombrer finalement en brandissant une curieuse fiole de calmants, que l’intéressé va conseiller à son contradicteur. Une sorte de point de rappel d’une émission du siècle dernier, voyant le journaliste Paul Amar proposer des gants de boxe à ses invités, Bernard Tapie et Jean Marie Le Pen. L’effet produit relève de la fête foraine.

Emmanuel Macron est trop sûr de lui. Ses certitudes, comme celles de François Hollande d’ailleurs, en sont inquiétantes. Après s’être trompé sur les effets des hausses d’impôts, sur l’inversion de la courbe du chômage, sur la réduction des déficits, les convictions présidentielles, partagées par le ministre, feraient bien d’être remises à plat. Parce que malgré la détermination affichée, et qui peut paradoxalement être créditée au ministre de l’économie, il faut bien avouer que les résultats sont très clairement en sa défaveur.

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