Docteur socialiste, Mister social-libéral : ce que l’épreuve du pouvoir a fait de la pensée “keynésienne pragmatique” de François Hollande <!-- --> | Atlantico.fr
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Ce que l’épreuve du pouvoir a fait de la pensée “keynésienne pragmatique” de François Hollande.
Ce que l’épreuve du pouvoir a fait de la pensée “keynésienne pragmatique” de François Hollande.
©comicvine.com

Double face

François Hollande se déplace dans le Nord-Isère ce jeudi 12 mars pour visiter deux entreprises. L'occasion de défendre sa ligne économique à un peu plus d'une semaine des élections départementales. Héritier de Jacques Delors, le chef de l'Etat pratique aujourd'hui un socialisme de l'offre qui n'a pas manqué de faire des déçus même au sein de son parti.

Nicolas Goetzmann

Nicolas Goetzmann

 

Nicolas Goetzmann est journaliste économique senior chez Atlantico.

Il est l'auteur chez Atlantico Editions de l'ouvrage :

 

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Christophe Bouillaud

Christophe Bouillaud

Christophe Bouillaud est professeur de sciences politiques à l’Institut d’études politiques de Grenoble depuis 1999. Il est spécialiste à la fois de la vie politique italienne, et de la vie politique européenne, en particulier sous l’angle des partis.

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Jean-Marc Daniel

Jean-Marc Daniel

Jean-Marc Daniel est professeur à l'ESCP-Europe, et responsable de l’enseignement de l'économie aux élèves-ingénieurs du Corps des mines. Il est également directeur de la revue Sociétal, la revue de l’Institut de l’entreprise, et auteur de plusieurs ouvrages sur l'économie, en particulier américaine.

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  • Héritier du Parti socialiste de 1983, proche de Jacques Delors, François Hollande s'est aujourd'hui converti à un social-libéralisme "européen pragmatique".
  • S'il tient un discours à gauche en souhaitant lutter contre les inégalités sociales par la redistribution, cette traduction politique demeure marginale.
  • Une traduction qui reflète l'écart entre élaboration d'un programme électoral, avec l'annonce de la fameuse taxe à 75% sur les revenus, et la réalité pragmatique du pouvoir.
  • Rejettant l'intensité des réformes de structures demandées par Bruxelles, François Hollande a préféré instaurer de nouveaux impôts, à hauteur de 70 milliards d'euros, en baissant de 40 milliards les charges des entreprises : le "socialisme de l'offre"
  • Après avoir largement consulté des économistes de gauche à l'image de Thomas Piketty, mais aussi Philippe Aghion, Elie Cohen ou Gilbert Cette, le désormais président Hollande a porté ses choix en faveur d'économistes néo-libéraux à l'image d'Emmanuel Macron.

Formation et influence économique avant l'exercice du pouvoir

Jean-Marc Daniel : Quand on regarde les cours d'économie qu'il a donnés à Sciences po, François Hollande a toujours considéré qu'on ne pouvait pas s'endetter à l'infini... Au sein du Parti socialiste à la fin des années 1970, au début des années 1980, il était proche de Jacques Delors, plus proche de la "deuxième gauche". Il était de ces Rocardiens qui ne voulaient pas s'assumer parce qu'ils voyaient bien que c'était Mitterrand qui gagnait. Sur le plan humain et pratique, il voyait bien que Rocard avait raison mais que Mitterrand gagnait. Aujourd'hui sa pratique consiste à faire le programme de Rocard avec des discours de Mitterrand. Il fait cela assez bien mais comme physiquement et personnellement il manque un peu d'autorité, il y a des gens qui lui contestent le droit de le faire en considérant que s'il tient le discours de Mitterrand il doit en faire le programme, même si Mitterrand faisait à la fin le programme de Rocard. François Mitterrand tenait un discours marxiste, mettait en oeuvre un programme keynésien et une gestion à la Thatcher comme tout le monde. Hollande évite le discours marxiste au profit d'un discours sur la justice sociale, la lutte contre les inégalités, sur l'économie et la finance, et il a une pratique comparable à celles de Thatcher, ou de Merkel.

Nicolas Goetzmann : La campagne électorale de 2012 a été orientée bien plus à gauche que la politique menée depuis lors. La taxe à 75%, "mon ennemi c’est la finance", le bréviaire de gauche du candidat Hollande ne correspondait pas beaucoup aux convictions sociales libérales du Président. François Hollande est le plein héritier du parti socialiste de mars 1983, c’est-à-dire du parti socialiste du tournant de la rigueur. Qui est en réalité une machine plutôt libérale qui s’est rapidement exportée au niveau européen avec l’arrivée de Jacques Delors et de Pascal Lamy à la Commission européenne. Selon Rawi Abdelal, professeur de politique économique à Harvard, les socialistes français ont été très influents au niveau mondial pour appuyer la financiarisation et la dérégulation de l’économie. A travers la banque mondiale, la commission européenne, le FMI. Il existe donc une approche double pour François Hollande, entre le "je n’aime pas les riches" lancé sur un plateau de télévision, et la réalité d’un homme ancré dans ce social-libéralisme européen.

Christophe Bouillaud : François Hollande dispose d’une formation économique acquise à Science-Po Paris, HEC et l’ENA. Il intègre d’ailleurs la Cour des comptes à la suite de ce parcours. Surtout, il est réputé proche de la pensée de Jacques Delors, le père du tournant de la rigueur en France en 1983-1984, et aussi bien sûr, un fervent européiste.

Il est le Premier Secrétaire du Parti socialiste au moment où Lionel Jospin gouverne avec la "gauche plurielle" et met en place les 35 heures. Il est possible que l’élimination de ce dernier lors de la présidentielle de 2002 explique l’absence totale de la réduction du temps de travail dans la doctrine économique affichée de F. Hollande.

La stratégie économique pendant l'exercice du pouvoir

Jean-Marc Daniel : François Hollande n'est pas attaché à des mouvements. Il y a trois éléments qui caractérisent la politique économique de François Hollande. La première c'est qu'il ne veut pas porter la responsabilité d'une façon ou d'une autre de l'explosion de l'euro. Donc il est obligé de jouer avec Bruxelles et ses partenaires européens. Dans cette situation, il est obligé de réduire le déficit structurel. Or, il existe deux manières de le faire: soit baisser la dépense structurelle, soit augmenter les impôts. François Hollande a donc fait le choix d'augmenter les impôts.

L'impôt sert soit à financer l'Etat soit à modifier la répartition des revenus. François Hollande a essayé de jouer sur les deux éléments : augmenter les impôts pour réduire le déficit et faire une politique fiscale dans un but de justice. La conséquence, c'est qu'il a créé à la marge l'impôt bizarre des 75% qui est très marginal, mais est resté surtout très politique. La troisième caractéristique, c'est qu'après avoir fait cette première phase de sa politique économique, François Hollande attend les effets bénéfiques du cycle économique et du retournement conjoncturel. Il a géré le temps de façon à tirer profit au mieux du retournement conjoncturel. La pensée de François Hollande, ce sont donc ces trois éléments : 1. il ne peut pas se brouiller avec l'Europe, donc il donne des gages, vote le traité européen et applique une tentative de redressement des finances publiques par l'augmentation des impôts et non des dépenses. 2. Dans l'interprétation de l'impôt, François Hollande a mis dans son discours une dose de justice sociale et met donc en place quelques actions symboliques qui consistent à taper sur les riches. 3. François Hollande attend le retournement du cycle conjoncturel et en attendant fait des mesures à la marge comme les emplois d'avenir pour lisser les conséquences économiques de la faible croissance.

Nicolas Goetzmann : Le paradoxe de François Hollande, c’est l’écart qui existe entre ses certitudes et ses résultats. Depuis son arrivée au pouvoir, depuis le deuxième trimestre 2012, le PIB a crû de 1.05% au total. Si l’on considère ses résultats en termes annuels, Il est "Monsieur 0.3% de croissance". C’est ce qui est à l’origine d’une situation désastreuse concernant l’emploi, c’est à dire 550 000 chômeurs supplémentaires inscrits depuis mai 2012. L’exemple le plus évident de ses erreurs de jugement, c’est l’inversion de la courbe du chômage, qui était une promesse datant de son début de mandat, en prévision de l’année 2013. Et les chiffres n’ont cessé de donner tort au Président ; à son analyse et à ses "croyances", et ce, mois après mois. De plus, même en performance relative, son bilan est négatif, et le contexte macroéconomique n’explique pas tout. Parce que depuis son arrivée au pouvoir, le pays produit des performances économiques inférieures à la moyenne de la zone euro alors qu’il en générait de meilleures avant son élection. Malgré cette réalité plutôt accablante, qui l’entoure de façon intégrale, la certitude du Président semble, non pas s’effriter, mais se renforcer.

Le quinquennat de François Hollande se divise en deux parties; les deux premières années se résument à des hausses d’impôts de 70 milliards d’euros, soit plus de 3 points de PIB, c’est l’austérité à la française. Puis, depuis 2014, baisser les charges des entreprises pour 40 milliards d’euros et les faire financer par les ménages. C’est le fameux concept du "socialisme de l’offre", qui est assez déroutant finalement. Pourquoi pas l’austérité de la relance ?

Christophe Bouillaud : Même s’il avait laissé entendre lors de sa campagne électorale qu’il ne ferait pas ratifier tel quel par la France le nouveau traité européen (le TSCG) négocié par Nicolas Sarkozy, les premières semaines de la Présidence Hollande ont bien montré que le respect des engagements européens de la France prévaudrait sur toute autre considération. Le TSCG a été finalement ratifié tel qu’il avait été signé par son prédécesseur. Surtout, de manière cohérente avec la ratification de ce traité, F. Hollande a continué sur la lancée de la stratégie d’austérité, menée par N. Sarkozy depuis 2012-11, avec beaucoup de hausses d’impôts à la clé. Celle-ci a été accompagnée dès le départ (en 2012) par le "socialisme de l’offre". Ce dernier consiste à alléger les charges des entreprises en baissant le coût du travail pour leur permettre de gagner ou de conserver des parts de marché en Europe. C’est là une stratégie de "dévaluation interne" tout à fait similaire à celle appliquée dans les autres pays d’Europe du sud (Portugal, Grèce, Espagne), dans une version moins radicale néanmoins. Par exemple, les retraites et les traitements des fonctionnaires ne sont pas baissés pour équilibrer les comptes publics, ils sont seulement gelés. Cette "dévaluation interne" ressemble étrangement à la "désinflation compétitive" des années 1980 menée par les socialistes après 1983, qui avait bien réussi à la France à l’époque et qui avait d’ailleurs plutôt déplu à l’Allemagne d’alors.

Cette stratégie peut surtout être vue comme l’application du "consensus de Bruxelles" des dernières années. En dehors de l’austérité et des "réformes structurelles" visant à faire baisser le coût du travail,  il n’y aurait pas de salut économique pour les pays du sud de l’Europe. F. Hollande a respecté cet agenda bruxellois, d’essence néo-libérale ou ordo-libérale si l’on veut, mais il l’a fait avec prudence ou pragmatisme jusqu’ici en évitant d’appliquer trop brutalement cette politique pour ne pas provoquer de troubles sociaux. Il l’a d’ailleurs revendiqué : la France fera des réformes, mais elle décidera lesquelles et à quel rythme. Il semble être partisan du gradualisme, plutôt que de la "thérapie de choc".

Par ailleurs, il n’a cessé de réclamer au niveau de l’Union toute entière la mise en œuvre d’une vaste politique de relance par l’investissement. Il avait obtenu un faux-semblant en juin 2012, il est possible que le Plan Juncker annoncé à l’automne 2014 soit plus consistant de ce point de vue.

Les deux lignes – austérité et socialisme de l’offre en France et relance au niveau de l’Union -  ne sont pas complètement incohérentes si l’on suppose que l’économie française doit être tirée exclusivement par ses exportations. C’est vouloir en fait copier le modèle allemand, mais cela suppose que quelqu’un d’autre que les consommateurs français soit en mesure d’acheter les produits et services "made in France".

Les influences passées et actuelles

Jean-Marc Daniel : Il y trois types de personnes qui entourent François Hollande : le bloc administratif traditionnel du Trésor qui est un ensemble du "cercle de la raison" comme disait Alain Minc, qui a une vision assez organisée de la pensée économique et assez pratique. Ensuite ceux qui produisent et essayent de changer de modèle, comme l'indique le livre de Philippe Aghion, Gilbert Cette et Elie Cohen, qui résume assez bien la façon qu'a François Hollande d'appréhender la politique économique. Troisièmes et derniers acteurs, les contraintes des grandes institutions internationales comme le FMI, l'OCDE, etc. et les grands coups de projecteurs qu'ils mettent sur la France. Lesquels ne sont d'ailleurs pas les mêmes que celles du Trésor, mais ne sont pas forcément très loin. Mais François Hollande n'a besoin de personne pour former son opinion !

Sur le cas particulier de Thomas Piketty, celui-ci était plus proche de Ségolène Royal que de François Hollande. Ce qu'il lui reproche fondamentalement, c'est de ne pas avoir fait de réforme fiscale en profondeur. Thomas Piketty a deux niveaux d'approche: le premier est de fusionner l'impôt sur le revenu et la CSG et il est persuadé qu'un des problèmes de la société française réside dans son niveau d'inégalités. Or François Hollande n'est pas d'accord sur ce point, mais c'est de l'analyse extra-économique. Le point de vue de Piketty est qu'une société trop inégalitaire et une société injuste qui provoque des tensions sociales. Hollande de son côté considère que ce n'est pas cela l'enjeu d'une société. Effectivement, il considère qu'il ne faut pas qu'il y ait trop d'inégalités, raison pour laquelle François Hollande a pu dire "je déteste les riches", mais simultanément Emmanuel Macron estime qu'il faut que les jeunes aient envie d'être riches parce que c'est ce qui fait la dynamique économique.

Nicolas Goetzmann : Plusieurs économistes ont été crédités d’avoir apporté des idées au candidat François Hollande. Daniel Cohen, Karine Berger, ou même Thomas Piketty qui est souvent cité pour la mise en place de la taxe à 75%. Mais il s’agissait alors de mettre un programme sur pied, et non de diriger le pays. Ce qui est une différence non négligeable. Le projet a été bâti à gauche, mais la réalité de l’action politique s’est inscrite progressivement dans un certain "pragmatisme" si l’on souhaite parler positivement, ou dans une politique sans vision, à courte vue, si l’on est un peu plus réservé.

Parce que si l’on retrace les 3 années de quinquennat, ce qui frappe, c’est le manque de cohérence de l’ensemble. L’absence de diagnostic de départ, le volteface du pacte de responsabilité après la terrible désillusion de 2013, une politique à tâtons. Malgré tout, François Hollande semble croire à sa bonne étoile, et comme il l'a dit récemment dans Challenges ; il ne "changera pas de politique". Ce qui est remarquable finalement, c’est cette incapacité à douter de sa propre action. L’absence flagrante de tout résultat positif est perçue comme un signe d’encouragement. Le réel ne semble pas avoir de prise sur l’homme. Et de la même façon, aucun gourou, aucune doctrine, aucune conviction ayant un sens économique ne paraît diriger le Président. L’action est dirigée en fonction du cadre imparti. Entre sa faible majorité politique et les contraintes de Maastricht. Mais il s’agit alors d’une politique de gestionnaire. Et c’est le programme prévu jusqu’en 2017.

Christophe Bouillaud : Pendant sa campagne électorale, pour les primaires socialistes, puis pour l’élection présidentielle,  F. Hollande avait consulté largement les économistes réputés de gauche : des orthodoxes néo-libéraux comme Philippe Aghion, Elie Cohen, Gilbert Cette, mais aussi un hétérodoxe modéré comme Thomas Piketty. Ce dernier avait même cru avoir vendu à F. Hollande le principe d’une réforme de la fiscalité des ménages en France.

A partir de son arrivée à la Présidence, les choix ont été beaucoup plus clairement en faveur d’économistes néo-libéraux. Emmanuel Macron, énarque, un ancien de la Commission Attali de 2007, devient, après un passage à la banque  Rothschild, secrétaire général adjoint de l’Elysée en charge des questions économiques. Ce dernier est promu en août 2014 Ministre de l’économie et des finances. Il avait été remplacé à son poste en juin 2014 par une économiste, plus universitaire que E. Macron, mais elle aussi passée par le monde bancaire, Laurence Boone. La divulgation par Mediapart des notes confidentielles envoyées par Arnaud Montebourg à la Présidence pour plaider pour un changement de politique économique en un sens plus keynésien permet de bien mesurer la constance de l’orientation néo-libérale de F. Hollande. La vindicte de T. Piketty à son égard montre aussi à quel point il a trahi certaines attentes.

Ceux qu'il aurait dû écouter

Nicolas Goetzmann : François Hollande est arrivé au pouvoir au mois de mai 2012. Au mois d’aout de cette même année, notamment lors du symposium de Jackson Hole, le milieu académique américain bouillonnait sur les causes de la crise, sur son diagnostic notamment. Et les plus grandes "pointures" du pays se sont accordées sur la dimension monétaire de cette crise de la demande. Dès lors, de fortes actions ont été menées pour en venir à bout, et aujourd’hui, en 2015, le plein emploi est de retour aux Etats Unis. Cette même réflexion a eu lieu au Royaume Uni, avec les mêmes effets. Malgré cette évidence, qui était visible de tous, dont les développements n’étaient pas tenus secrets, aucun effort de réflexion ne semble avoir été entrepris par le pouvoir exécutif de notre pays. Le niveau d’aveuglement à ce propos provoque la sidération. Parce que depuis cette année 212, ce sont mêmes les organismes les plus conservateurs qui ont changé leur fusil d’épaule, comme le FMI et l’OCDE qui se sont alignés sur l’approche américaine. L’aspect dramatique de cette situation est qu’en l’absence de diagnostic correct, la crise ne peut être jugulée en Europe. Finalement, la seule "bonne" nouvelle est que Mario Draghi, Président de la BCE, parvient à faire bouger les lignes. Mais de façon encore trop timorée.

Mais, fondamentalement, François Hollande disposait d’une opportunité de produire un véritable résultat, de "faire quelque chose", d’impacter positivement la vie des gens. Mais non. Et si la promesse de "ne pas changer de politique" est tenue, le résultat est connu, ce sera l’échec. Mais on peut compter sur Mario Draghi pour apporter un peu de soutien, ce qui est peut-être la dernière stratégie du Président : ne rien faire et voir venir.

Christophe Bouillaud : Il y a au moins deux groupes de déçus du "hollandisme parmi les économistes qui s’expriment.

Les néo-libéraux  les plus radicaux qui reprochent aux mesures de F. Hollande d’être toujours trop timides dans les réformes de structure. C’est un peu le cas de Jean Tirole, malgré le caractère académique de ses propos. C’est de manière plus radicale le cas de l’IFRAP, avec le récent livre de sa directrice, Agnès Verdier-Molinié.

Le néo-keynésiens, tout particulièrement ceux de l’OFCE, très dubitatifs sur la manière de réduire le déficit public en période de croissance atone, voire nulle. Ce sont eux qui ont inspiré les notes d’Arnaud Montebourg à la Présidence dévoilées par Mediapart. Le collectif des "Economistes atterrés" peut être considéré comme l’aile radicale de ces néo-keynésiens. Tous déplorent le biais austéritaire de la politique économique européenne depuis 2010-11, et critiquent plus ou moins vivement l’incapacité de F. Hollande à changer la donne européenne.

A ces deux tendances, il faut ajouter des critiques plus originales : celle de T. Piketty sur l’importance de revoir le système fiscal pour plus de justice sociale et d’efficacité économique ; ou celle de Philippe Askenazy qui souligne qu’il faudrait d’abord inventer une nouvelle spécialisation économique à la France avant de s’obséder à ce point sur le coût du travail.

Toutes tendances confondues, le principal reproche que les économistes semblent faire à F. Hollande, c’est d’avoir considéré que la crise économique était ordinaire, qu’on pouvait l’aborder par les instruments habituels mis en œuvre depuis les années 1980. Il faut souligner toutefois que la politique monétaire de la France dépend de la Banque centrale européenne, que celle-ci n’a plus rien d’ordinaire désormais, et que F. Hollande n’a jamais rien dit contre cette politique et qu’il semble même l’avoir soutenue auprès d’une Angela Merkel très réticente.

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