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Une politique-fiction visionnaire ? Le jour où François Hollande décide de quitter la présidence de la République
©Reuters

Bonnes feuilles

De Gaulle l'a fait, pourquoi pas lui ? Accablé de toutes parts et lessivé, François Hollande effectue le dernier choix qu'il lui reste, pour rester comme "un grand homme aux yeux de l'Histoire" : la démission. Extrait de "Hollande s'en va" de Philippulus, aux éditions Equateurs (1/2).

« Mais, enfin, François, conviens tout de même que tu aurais pu me prévenir… Quelle mouche t’a donc piqué ? Fuir, déserter, renoncer. » Jean-Pierre Jouyet était livide. Le secrétaire général de l’Élysée venait d’apprendre, comme le commun des mortels, la démission de son illustre patron.

– Oui, comme le général de Gaulle, Jean-Pierre. Avoue qu’il y a pire ! » répondit calmement le président démissionnaire.

Jean-Pierre Jouyet ferma les yeux et dit avec douceur : « François, bien sûr que ton geste rappelle celui du Général. Mais, de toi à moi, reconnais-le, tu as certes mille et une qualités mais tu n’es pas l’homme du 18 Juin…

– Je ne suis pas devenu fou au point de me comparer à lui, mais on retiendra de moi que j’ai eu comme lui le courage de partir, quand d’autres, Mitterrand, Chirac, ont préféré rester pour goûter jusqu’au bout l’ivresse du pouvoir. Et puis, tu te rends compte ? Moi, président normal, je quitte l’Élysée d’une manière qui ne l’est pas ! Avoue que ça donnera matière à écrire à tous ces littérateurs qui déversent leur fiel sur moi depuis que je suis entré dans cette maison ! »

Jean-Pierre Jouyet se leva et s’approcha de l’une des fenêtres donnant sur le parc de l’Élysée. L’ambiance était crépusculaire. Le soleil avait renoncé à percer le ciel bas de ce mois de décembre. Toutes les teintes du gris s’étaient donné rendez-vous pour faire de cette journée le symbole du quinquennat abrégé de François Hollande. Le secrétaire général, envahi par la mélancolie, se retourna vers le président démissionnaire

« Tu y pensais depuis longtemps ?

– Oui, répondit François Hollande.

– Depuis quand ?

 – Quasiment depuis le début. Le responsable de tout ça, c’est Fabius. Tu te souviens ? Pendant la campagne présidentielle, il avait dit : “Hollande président ? On croit rêver !” Celui-là, quelle vipère ! Mais sa phrase avait fait son œuvre. Elle s’est insinuée dans les esprits. Depuis le début, je passe pour un président illégitime parce que Fabius a dit tout haut ce que tout le monde au PS pensait tout bas. Tu y ajoutes Aubry, qui consciencieusement m’a éreinté tous les jours auprès de ses amis, et ça donne ce que tu vois. Des frondeurs partout, qui se poussent du col et me toisent, Valls qui me regarde avec commisération. Et Montebourg, ce hâbleur, qui depuis sa démission lève des armées entières contre moi… »

Comme on le sait, le pétaradant ministre de l’Économie avait démissionné en août 2014 après un bien peu charitable discours prononcé à Frangy-en-Bresse. Pour saisir cet événement à sa juste valeur, il n’est pas nécessaire d’être au fait des arcanes de la vie politique, il suffit de bien comprendre ce que produisent les effluves du vin sur les consciences. À Frangy, ce jour-là, on avait bu du vin de Bourgogne, comme on en boit chaque année depuis des lustres à la fête de la Rose, lorsque Arnaud Montebourg réunit ses amis. Le sang de François Hollande et de Manuel Valls n’avait fait qu’un tour lorsqu’ils avaient découvert sur leur écran de télévision Arnaud Montebourg proclamer, le regard imprécis et la voix hésitante : « J’vais envoyer au président une bonne bouteille de la cuvée du Redressement ! » Arnaud Montebourg, qui pariait sur la perpétuelle mansuétude du président, avait dépassé les bornes. Et le vin de Bourgogne avait fait le reste.

Le Premier ministre s’était aussitôt saisi de son téléphone pour réclamer au chef de l’État le départ immédiat du ministre du Redressement productif. François Hollande avait tenté de biaiser, suggéré une solution dilatoire, mais Manuel Valls s’était montré intransigeant. En substance, il lui avait lancé : « Tu comprends, François, tu dois absolument faire un acte d’autorité. Donc, Montebourg, Hamon et Filippetti, c’est dehors ! » Et il avait ajouté : « De toi à moi, ça laissera du temps à Montebourg et Filippetti pour s’occuper, comment dirais-je, de leur politique personnelle…

– Ah bon ? Arnaud et Aurélie ? Tu veux dire que…

– François, tu sais bien que je sais tout. » Et Manuel Valls avait raccroché.

Extrait de "Hollande s'en va" de Philippulus, aux éditions Equateurs, 2015

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